La motoneige !
ça c'est vraiment un truc de dingue. Et là on a le contrôle sur la bête (contrairement à l'attelage où on passe son temps à bouffer de la neige et à se faire trainer comme un sac de plomb par des chiens hystériques et pas très malins), on a le pouvoir. C'est une moto. Une moto montée sur des skis. Une machine nerveuse qui fait un bruit d'enfer. Une sorte de rêve pour un motard dans ton genre. Pour le coup t'as pas hésité trois secondes avant de t'embarquer dans cette aventure de casse-cou. Dans le camion qui vous mène en haut des pistes, tu peux pas effacer ce petit sourire gamin de tes lèvres. Pour la première fois depuis que t'es arrivé à la station, tu regrettes pas de t'être cassé le cul à venir.
Avec toi, il y a la p'tite Bryn, coupable de tentative d'homicide sur ta personne, et ce cher Cèzanne, qui est (faut bien l'admettre) vachement résistant quand on sait qu'un certain voyou ne rêve que de le transformer en descente de lit. Tes voisins (parce que c'est finalement ce qu'ils sont) ont l'air aussi excités que toi, et tu te demandes lequel va se ramasser en premier. Tu miserais bien sur Bryn, qui selon toi n'a aucun expérience que ce soit en deux roues (sur route ou sur neige), elle est donc, pour le moment la plus à même de se tauler lamentablement, et tu te promet de garder un oeil sur elle, des fois que la chute soit vraiment amusante
. A moins que ce ne soit Cèz, qui s'éclate dans la neige ? Emporter par un élan de confiance en lui dû à sa maitrise de la machine sur les routes peut être ? ça se pourrait bien, ton sourire s'agrandit mais tu gardes le silence.
Arrivé sur place tu regardes Bryn courir vers une des moto-neiges avec le même amour qu'une môme qui s'apprête à sauter sur une peluche de licorne. Tu pouffes de rire et va prendre place à côté d'elle (après avoir préalablement enfilé casque, lunette de soleil, et combinaison), écoutant d'une oreille distraite les conseils du moniteur à ta gauche. Tu as déjà pratiqué, tu sais à quoi t'attendre, tout ce qui t'intéresse dans ce qu'il te baragouine, c'est son estimation des sols. Pas de poudreuse, ni de verglas ? Parfait, alors que la fête commence. Tes voisins se chamaillent et tu ne t'emmêle pas, les mots ne comptent pas, c'est leur équilibre et leur habileté qui va primer, ou pas. la dernière phrase de Cèz te parvient tout de même et te tire un léger sourire. «
Je sens qu'on va bien s'amuser. »
ça, tu serais prêt à le parier toi aussi. Alors tu tournes la clé et tu joues avec l'accélérateur, doucement histoire qu'il ne patine pas, avant de t'élancer dans la descente en te penchant en arrière. Lorsque la pente se stabilise, tu te redresse en équilibre sur les marche-pieds, les genoux légèrement fléchit pour absorber les chocs. Tu tournes la tête sur la gauche pour essayer de repérer Bryn, au moment ou tu reposes les yeux sur la piste devant toi, c'est pour découvrir une petite bute, tes mains deviennent moites et tu pries très fort pour que ce que tu t'apprête à faire se passe sans accro. Tu modifie ta position : toujours en équilibre tu bascules le poids de ton corps en arrière, en accélérant franchement en même temps. L'instant d'après ta moto-neige bondit dans les airs, et tu accompagnes son mouvement.
« YAAAAAAHOUUUUUUUUU ! » t'exclame tu, le visage tourné vers le ciel. Tu attérit plus ou moins brutalement soulevant un nuage de poudreuse. Finalement tu parvient à t'arrêter dans un crissement de ski quelques mètres plus loin. Le souffle te manque, et tu ne rêves qu'à recommencer.