oops. + Noah&Cèzanne&Louis&Bryn

oops

∞ la coloc

Le bruit du verre qui se brise en mille morceaux te fait sursauter, c'est l'bruit d'une bouteille qui a volé dans tout le salon pour finir sa trajectoire contre un mur. C'est que t'avais fini par te fondre dans cette ambiance, du silence troublé par les gémissements de tes colocs et des murs qui vibrent. Un abyme sans fin, sans mot, sans rien d'autre qui vient te déranger. Avec Cèzanne en même temps, vaux mieux pas espérer grand chose d'autre. Il est loin d'être ton ami et les seules fois où tu lui adressais la parole, c'était pour t'amuser à voir s'il allait craquer un jour. Tu joues, tu le pousses vers ses souvenirs les plus noirs, t'allumes les mèches et tu croises les bras, prête à admirer le spectacle. T'avais rapidement pigé que les grands discours c'était pas votre truc. D'ailleurs, t'étais persuadée que c'était lui qui s'envoyait en l'air avec Noah, dans sa chambre. Toi, ça t'avait pas dérangée, t'étais bien, enfermée dans ta chambre, dans ton monde, juste high. Partie quoi, à l’abri des tremblements, d'l'absence totale d'inspiration. C'est ce qu'il y a de pire pour vous, les artistes. Être vide devant la toile, derrière l'objectif, et plus savoir comment faire. Qu'le pinceau semble lourd, qu'la lumière t'éclaire pas et que les idées manquent. C'est affreux. Mais c'soir là, la pluie te donnait des idées, t'avais fouillé dans les affaires de Louis et tu traçais sur le papier, ces filaments humides multicolores, le paysage au dehors était devenu enchanteur, inspirant. Si bien que n'importe quel junkie en regardant ta toile aurait compris qu'le peintre était loin d'être net au moment de sa conception. Bref, tout ça pour expliquer que t'étais bien, très bien même jusqu'à ce que cette putain de bouteille vienne s'éclater à côté de ta porte. Comme ça, on venait troubler ton calme, on t'coupait en plein élan. Frustrée comme jamais, t'étais verte et tu soupirais, exaspérée en reposant ton pinceau.  Alors tu t'lèves en passant tes doigts peinturlurés dans tes cheveux, étalant tout un tas d'couleurs sur tes cheveux déjà colorés à la base. Tu sors de ta chambre qui te sert d'atelier et tu gueules déjà avant même d'apercevoir le spectacle qui s'ouvrait à toi. « Putain, vous pouvez pas la fermer un peu ?! Y'en a qui essayent de bosser ici. » Tu gueules sans aucun ménagement puis tu t'arrêtes soudainement, les bras ballants quand tu comprends que tu faisais fausse route depuis le début. C'est pas Cèz qui se tapait Noah mais plutôt Louis. Et tout ça, dans l'lit de Cèzanne après avoir taper dans sa réserve personnel. Un sourire mesquin se dessine automatiquement à la commissure de tes lèvres, moqueuse. Tu chopes l'un de tes tee-shirts en refermant ta porte, interdisant à quiconque d'apercevoir la moindre parcelle de ton jardin secret. Pendant que Cèzanne s'occupe de vouloir faire passer Louis par la fenêtre, t'écrases les bouts de verres avec tes bottines pour rejoindre Noah et lui enfiler ton haut. « T'as fait fort, Simpson. » D'un air qui se veut complice, tu lui fais un clin d’œil, la situation n'a l'air d'amuser que toi. Tu tournes le dos à ton amie pour t'approcher des garçons et d'éviter d'aller pêcher le corps inerte de Louis qui serait malencontreusement tombé de quelques étages pour s'écraser contre le bitume. « Fais pas l'con, il est bourré. » Tu lances à Cèzanne en plaquant ta main contre son torse pour le faire reculer. Le calmer de cette façon ? C'était comme attiser la colère du grand méchant loup.

T'étais là, dans un lit qui te semblait être le tien. Noah à tes côtés, tu compris rapidement en voyant la mine décomposée de ton colocataire qui venait d'entrer, que quelque chose n'allait pas. Ah, ouais, t'avais raté la première porte, et vous n'étiez non pas dans ta chambre, mais dans celle de Cèzanne. Tu fermas les yeux et soupira, cette vision te fit l'effet d'une douche froide. Il se jeta quasiment sur toi, et tu te retrouvais à moitié à poil au milieu du salon. Tu levais les yeux au ciel, encore bourré, mais son arrivée t'avait fait comme un brutal retour à la réalité, assez peu agréable. Un rapide coup d’œil vers ta gauche te permit de voir Noah, qui se trouvait dans la même galère que toi. Qu'est-ce que ça pouvait lui foutre, que vous l'ayez fait dans son lit ? Ok, c'est peut-être pas super cool, mais ça fait pas se mettre dans des états pareils. Tes yeux s'agrandirent lorsque la bouteille vint s'écraser sur le mur, non loin de toi. Les bouts de verre s'éparpillèrent un peu partout dans la pièce, et l'un d'eux alla se planter directement dans ton pied. Une goutte de sang perla sur le parquet, et tu grommela quelques paroles incompréhensibles, avant de t'adresser un peu plus clairement à Cèzanne. Ecoute, j's.. j'suis désolé, mais t'emballe pas, c'est pas... . Tu t'arrêtais brutalement, remarquant le regard insistant de ton coloc qui passait lentement de toi à.. la fenêtre ? Non, il avait pas intérêt. T'étais en train d'essayer de pas trop t'inquiéter des allers-retours que ses yeux faisaient, quand Bryn débarqua. Elle tenta de se justifier pour toi, mais t'avais beau être bourré, même sobre, ça t'aurait pas plus dérangé que ça. Ouais, ta conscience atteignait parfois vite ses limites. Mais c'est vrai quoi, ça aurait été ta chambre, Cèz' et ta mère, t'aurait rien trouvé à y redire. Un lit c'était un lit, enfin bref, monsieur était sensible. Tout en essayant de zigzaguer entre les bouts de verre, laissant derrière toi quelques gouttelettes de sang, tu allas chercher ta toile à l'autre bout de la pièce, et l'amena vers Cèzanne en souriant. Si tu la veux... Je te l'offre. T'avais dit ça sans trop réfléchir, et c'était... peut-être pas la meilleure chose à faire. Il allait peut-être tout déchirer, jeter le tableau par le fenêtre juste après toi, le brûler, te péter le crâne avec. C'est pas un mec détendu, et même si il pouvait être sympa certains jours, c'était sa nature. Mais bon. Après tout, t'étais bourré, et l'alcool est la meilleure des excuses.

oops

∞ la coloc

T'aurais bien voulu clore la discussion avant qu'elle ne tourne au débat, avant que toutes vos rancunes prennent le dessus. T'aurais bien voulu mettre une droite à Cèzanne aussi mais c'est jamais aussi simple que ça. Le chaos règne dans cet appart, Noah te demande de calmer les choses mais elle n'a pas choisi la bonne personne, tu ne fais qu'envenimer les choses, tu sers juste d'étincelle au milieu de cette pièce remplie de gaz. Finalement, c'est bien Louis qui se prend un joli crochet du droit en pleine gueule, qui tombe par terre et qui se met à saigner pendant que Cèzanne ne se sent plus pisser. Il t'insulte, insulte Noah, insulte Louis. Et là, tu te sens comme muselée, et ça t'donnes des envies de meurtre, ça t'donne des lueurs d'hémoglobines dans l'regard.  Tu suffoques et ton agressivité, privée d'air, atteint des sommets. Tu t'étais penchée pour vérifier que Louis était toujours conscient mais Cèzanne jugeait bon de te pousser à bout toi aussi. « Putain, mais t'as complètement craqué. Recule. Recule j'te dis avant que je te refasse le portrait moi aussi. Enfoiré. » Bryn, t'as un mauvais sourire, tu sais celui de la gosse qui n'aime pas perdre. T'as plus trop l'air de la gamine ingénue, du petit ange à qui on ne peut rien reprocher. Cèzanne a le don de faire ressortir ton vrai visage, alors t'as le sourire un peu revanchard. Le sourire plein de promesses un peu froides, un peu sanglantes, les promesses qu'on ne veut pas entendre. Les insultes jaillissent alors, elles fusent dans tout les sens pour que chacun puisse calmer sa rage. Noah trouve autre chose à faire, elle explose tout simplement un vase contre un mur pour que tout le monde ferme sa gueule. Mauvaise idée. Très mauvaise idée. C'est à ce moment là que t'es persuadée que l'histoire est loin d'être terminée. Pour une fois, t'étais plutôt d'accord avec Cèzanne, rien de ce qu'il pouvait se passer dans ces pièces ne peut être catalogué de "normal". D'ailleurs, aucun de vous l'est. Tu te relèves alors après avoir demander à Noah de s'occuper de la lèvre fendue de Louis puis tu t'approches de Cèzanne, les sourcils froncés en lui collant ton doigt sur le torse à plusieurs reprises pour le faire reculer. « On n'a pas demandé à vivre avec toi, non plus. Le truc c'est qu'on a posé bagages ici, ok ? J'suis pas prête à repartir et va falloir t'y faire. » Tu te retournes ensuite vers tes deux autres colocs, attendant qu'ils donnent leur avis eux aussi. « Et comptez pas sur moi pour nettoyer tout ce bordel. »

Des paroles, des insultes qui fusent, mais que tu n'entends même plus. T'as juste l'impression d'avoir pris une brique dans la mâchoire, et c'est loin d'être une sensation agréable. Un vase explosé sur le mur, ta lèvre en sang, le parquet qui commence à prendre une légère teinte rougeâtre. C'est le bordel, comme d'habitude, mais ce n'est jamais allé aussi loin. Tu regardes Cèzanne un long moment, et tu sens la rage monter en toi. T'as envie de lui en foutre une, toi aussi, mais c'est pas tellement le moment d'aggraver la situation. Le sang coule dans ta bouche, et t'aurais presque envie de lui cracher dessus. Mais quelque chose t'en empêche, et ce n'est pas plus mal. Sous l'impact de son poing, tu avais reculé de quelques pas et tu t'étais assis dans le canapé un peu plus loin. La colère s'intensifiait à chaque fois qu'un de tes colocataires prenait la parole. Chaque intervention était plus inutile que la précédente, et tu secouas la tête lorsque Noah s'approcha pour t'aider. Tu te relevais lentement, et lança un grand sourire à Cèzanne. " Parfaitement d'accord. " Un filet de sang s'écoula sur le sol, tandis que la pression dans ta mâchoire se faisait de plus en plus forte. " Personnellement, j'sais pas ce que j'fous ici. Mais si j'avais autre part où aller, tu penses bien que c'est pas ici que je resterais. " Ton regard était glacial, et ce tout autant que les quelques mots que tu venais de prononcer. Tu te levais brusquement et alla te laver la bouche dans l'évier, la plaie s'étant agrandie. Tu ne voulais plus rien dire, t'avais juste envie qu'ils la ferment tous et que tout s'arrête là. Tu attrapais quelques serviettes et essayait tant bien que mal d'éponger tout le sang, mais il semblait que Cèzanne n'avait pas raté son coup, t'avais l'impression d'en avoir perdu deux litres. En grommelant quelques insultes, tu allas dans ta chambre, ne sachant plus comment réagir. Il fallait pas non plus les laisser s’entre-tuer dans le salon, mais t'en avais assez prit pour ton compte.