Live Fast Die Young (Bryn)

live fast, die young

∞ kill & bryn

C'était l'une de ces matinées banales, carrément trop tranquilles. Vous savez le genre de matinée où il ne fait ni trop chaud, ni trop froid, juste quelques nuages qui parsèment le ciel. Tu devais avoir à peu près les yeux en face des trous, et c'était presque étrange qu'aucune nouvelle catastrophe ne vienne perturber le cours de ta vie. Et c'est bien connu, c'est toujours dans ce genre de situation qu'une merde te tombe dessus. Si tu avais su ce qui t'attendait dehors ce jour-là, tu ne serais jamais sortie de ton pieu. Donc t'étais tranquillement installée au volant de ta caisse, tu sortais tout juste du cinéma où t'avais déchiré des tickets à l'entrée pendant toute l'après-midi et tu comptais passer ta soirée à faire joujou avec ton appareil photo, confortablement installé sur tes genoux. L'un de tes groupes préférés passait à la radio, tu tenais le volant d'une main et une clope dans l'autre, t'étais juste bien. Tu regardais le paysage qui défilait parfois en fredonnant quelques paroles, la circulation était plutôt fluide, tu faisais attention à pas trop appuyer sur le champignon histoire de pas attirer l'intention des flics qui trainaient dans le quartier. Puis il a fallu que ton portable sonne, ce fichu portable qui était posé sur le siège à côté de toi. Il a suffi d'un seul petit regard, juste pour vérifier l'identité de celui qui osait troubler la petite bulle que tu ne voulais pas quitter. L'un de tes colocs, sans aucun doute. T'avais pas voulu répondre, alors t'avais simplement reposer les yeux sur la route en face de toi, sur cette route calme et quasi déserte. Enfin, presque. Un abruti venait littéralement de se jeter sur la route au moment où le feu des piétons était rouge. Il court l'abruti pendant que tu toi tu freines comme une malade, t’appuies de plus en plus fort sur la pédale comme si ça allait y changer grand chose. Tu hurles aussi comme une hystérique alors qu'un énorme boom se fait entendre, tu percutes le gars et tu maudis intérieurement ce petit moment d’inattention qui t'a empêché de remarquer qu'un malade mental voulait mettre fin à ses jours. Aux frais de ta propre conscience, en plus de ça. « Putain, mais quel con, il pouvait pas regarder devant lui avant de traverser ?! » Tu lâches le volant auquel tu étais restée agripper puis tu sors hors de ta voiture en prenant le soin de claquer la portière pour vérifier quand même si le mec n'était pas mort. La suite de l'histoire, vous la connaissez déjà : les sirènes du camion de pompier, le brancard, les urgences et tout le bordel qui va avec.

Depuis plusieurs heures maintenant, tu te tenais debout devant la fenêtre de cette chambre d'hôpital et t'attends bêtement que le mec que t'as percuté se réveille. Faudrait qu'il décidé sérieusement à les ouvrir ses yeux, comme si t'avais que ça à faire, hein ? Tu soupires en pensant à ta voiture que tu avais du laisser sur place, d'ailleurs elle était bousillée. Voilà, quand tu disais qu'il aurait mieux fallu que tu restes à l'appart. Ton appareil autour du cou, tu t'dis que c'est le seul truc positif de ta journée. La luminosité est pas trop dégueulasse dans cette pièce et tu t'amuses à prendre quelques clichés. Puis t'entends des grognements alors tu tournes la tête et l'mec, il a enfin ouvert les yeux et il se met déjà à te fixer. « C'est pas trop tôt. »

J'cligne encore, et mon champs de vision se heurte tours à tours, aux murs blanchâtres en face, à la perf dans mon bras, j'tourne la tête et me cogne à la barre métallique qui borde le lit simple, où je suis allongé. Lit à peine assez large pour accueillir quelqu'un de ma stature. J'peux pas tellement bouger, ça coince vite au niveau des épaules.


J'me cogne à nouveau avant de réussir à y voir clair, et ce que je vois, me scie. Sérieux. c'est une blonde avec la gueule typique de la relou, la princesse dans toute sa splendeur, le genre de nana qu'à perdu le sens des réalités depuis longtemps, qui nage entre deux eaux, qui s'bat contre différentes noyades, devant moi c'est un aimant à emmerdement. J'en suis la preuve vivante.

Enfin presque vivante. Je la fusille du regard, elle ne peut pas le savoir mais ce n'est jamais que la troisième fois cette année que j'me retrouve en vrac à l'hôpital PARCE QU'UNE CONNASSE AVAIT MIEUX A FAIRE QUE DE REGARDER LA ROUTE. à ce moment, je crois que c'est le plus incroyable qui se produit, elle me regarde à son tours (avec cet air passablement agacée qui me donne envie de la gifler) et elle déclare comme ça, tranquillement, comme si c'est moi qui devait être ennuyé de l'avoir faite attendre : « C'est pas trop tôt. »

Les mots me manquent pour décrire les envies de meurtres qui me sont montées au crâne. « Pas trop tôt....? » je suis incrédule. et incapable de réagir physiquement. putain de toubib de merde, ils se sont pas ratés sur le dosage de calmants c'est le moins qu'on puisse dire. Puisque les calmants, s'ils ne calment pas vraiment la douleur ont au moins le "mérite" de me calmer-moi. J'me sens liquide. Sérieusement dans les vapes. Alors je me bat contre les médicaments pour garder les yeux ouverts, pas perdre de vue la minette hautaine qui me fait face. « Pas trop tôt....? Putain on nage en plein délire là. » marmonnais-je, sentant que mon état s'améliorait de minute en minute. « Tu t'fout d'ma gueule ou quoi ? tu m'écrases et tu prends des photos ? MAIS C'EST QUOI TON PUTAIN DE PROBLÈME ? TU VEUX PAS QUE J’ÉTEIGNE NAN ? LA LUMINOSITÉ SERA PEUT ÊTRE PLUS A TON GOUT !? » éructais-je en donnant un coup de poing dans les barreaux du lit. « Allez, puisque t'es là, autant qu'tu serves à quelque chose... » dis-je arrachant le scotch qui maintenait la perfusion dans ma veine. « Je veux que tu me sorte d'ici.. chut, nonnon, ferme là, j'te demande pas ton avis, c'est TA FAUTE, si je suis ici comme un con, alors c'est TOI qui va m'délivrer un billet de sortie. » la coupais-je alors qu'elle tentait vainement de protester. J'arrachais sèchement la perfusion de mon bras et pressait deux doigts dessus pour empêcher tout saignement. « T'attends quoi, bouge toi le cul et vient m'aider ! »

live fast, die young

∞ kill & bryn

Au moment où le mec dans un état presque végétatif se met à bouger, tu te dis que tu vas enfin pouvoir rentrer à la maison et avoir l'esprit tranquille. Sauf qu'il met trois plombs à réagir malgré ses yeux bien ouverts qui te fixent. D'ailleurs, il te fixe d'une manière qui pourrait déranger n'importe quel individu normalement constitué. Toi ? Tu t'en fiches, tu fais la même chose, tu perds ton regard d'enfant sage dans le sien, dans ses yeux différents des tiens, dans ce regard assassin. Ton appareil toujours dans les mains, tu prends encore un cliché à travers la vitre pour en rajouter une couche. De toute façon, avec toute la morphine que les infirmières lui ont injecté, tu le voyais mal se lever pour te foutre une baigne et t'arracher ce sourire moqueur qui orne tes lèvres. « Non, t'inquiète, la luminosité est juste parfaite comme ça. » Tu réponds avec toute l'ironie du monde en laissant pendre ton bijou autour de ton cou. Puis le mec se met à gueuler et à se secouer dans l'espoir que son état s'améliore comme par magie. C'est clair que vous nagiez en plein délire et qu'aucun de vous deux n'a l'envie de passer sa journée ici. Forcément, vu qu'il se met à gueuler, tu sens que tu vas exploser à tout moment toi aussi. Voici la rencontre d'une tornade qui ravage tout et d'un volcan sur le point d'exploser.  « J'en ai croisé pas mal des imbéciles, mais ceux qui se jettent inconsciemment sur les routes, un peu moins quand même. » Ironie. Sarcasme. Appelez ça comme vous voulez. Si ton regard pouvait lancer des éclairs, il serait sans doute carbonisé d'une minute à l'autre. Tu roules des yeux, sur la défensive, pendant qu'il arrache ses perfusions et tu t'approches, n'ayant pas d'autre choix que l'aider à sortir de ce merdier. « T'as niqué ma caisse. J'crois qu'on est quitte. » Tu lui balances, droit dans les yeux, après avoir pris le soin de retirer chaque câble auquel il était relié. C'est pas comme si tu roulais sur l'or toi aussi. Mais au moment où tu étais sur le point de protester, il te coupe dans ton élan. « Ouais, ouais, c'est bon, j'ai pigé.. Pff. » Tu attrapes un morceau de coton pour qu'il empêche le moindre saignement et tu fais descendre les barres du lit. Après avoir fait le tour, tu le forces à passer son bras autour de ton épaule pour l'aider à se relever et marcher jusqu'à la porte de la petite chambre. « Au fait, tu vas pas m'coller un procès au cul, hein ? » Tu demandes, l'air de rien, en passant ta tête à l'extérieur pour vérifier si la voie était libre ou non.