i don't ever want to lose you + Bunny&Kyle

Les bras secoués par le rythme de mes pas, je déambule sans but précis dans la ville, à la recherche d'occupation, à la recherche d'animation. Quatre heures passées, je suis lassée. J'ai littéralement passé ma journée à marcher, sans trouver de quoi m'occuper. C'est finalement au centre commercial de la ville que j’atterris enfin. C'est samedi, et le grand hall est envahi de petits et de leurs parents. Je me fraie un chemin pour finalement tomber nez à nez avec un marchand de glace. Je hausse les épaules. Pourquoi pas. Je suis donc là, le nez en l'air, à compter les mouches en faisant sagement la queue, composé seulement de gamins, faisant la moitié de ma taille. Mes pupilles glissent parmi la foule. Je croises quelques visages, mais je ne m'y attarde pas. Je persistes, cherche un intérêt. Et je le vois. Ce regard fixé sur moi. Ces yeux qui ne me lâchent pas, ces sourcils froncés et cette attention non dissimulée porté sur moi. Kyle. J'en détournerais presque les yeux. Presque. Je commence alors à mordiller ma lèvre inférieure. Pourquoi il me fixe ainsi, alors que depuis plusieurs semaines déjà, il ne faisait que m'ignorer? Des mecs qui se retournent sur moi, j'en vois. Et pourtant, je n'ai jamais pu m’empêcher de ressentir une sorte de fascination à son égard à chaque fois que son regard se posait sur moi. Malgré les dizaines de mètres qui nous sépares, je ressens une sorte de froideur émanant de lui. Intriguant, fascinant. Je n'arrive plus à détourner mon attention. J'ai une envie folle de m'approcher, d'aller fouiller plus intensément le fond de son regard, le fond de ses pensées. Je fronce les sourcils, ne cherchant même plus à dissimuler mon affront de le fixer de la sorte. Et puis finalement je secoue la tête, détache mes yeux, et soupire, après ce duel de regards de quelques secondes, qui m'avait sembler durer des heures. Pourtant, je sens toujours son regard dans mon dos, si fort qu'il pourrait me faire flancher sous son poids. Je me redressa et je chercha un moyen d’échappatoire. Fuir lorsqu'une situation délicate m'arrive, c'était devenu une réaction tout à fait normal chez moi. Je ne pouvais pas m'en empêcher. Puis, cette situation, son regard pesant sur ma personne, commença à être insupportable, malsain. D'un coup, je remarque les escaliers, alors sans plus attendre, je laisse tomber l'idée de bouffer une glace et je m'élance vers les escaliers, les montant d'un pas rapide, sans même me retourner. Une fois toute les escaliers monté, je me plaque contre le mur, fermant doucement les yeux, alors que les récents évènements qui s'est passé entre Kyle et moi me revienne en mémoire. Le coeur battant la chamade, je restais là, durant de longue minute avant de me diriger vers l'ascenseur. Il fallait que je sorte de là.

Une fois à l'intérieur de l'ascenseur, je ferme les yeux, attendant d'arriver au rez-de-chaussé, lorsque l'ascenseur stoppa net au deuxième étages. Ce n'est que lorsqu'une personne pénétra à son tour dans l'ascenseur et que les portes se referma que j'ouvris les yeux. Putain, c'est pas possible. Je regarde Kyle, complètement sur le cul, commençant à croire qu'il le faisait exprès. Tout en évitant son regard, je resta silencieuse, fixant attentivement les portes coulissante, puis d'un coup, sans que je m'y attende, l'ascenseur stoppa brusquement, nous laissant dans le noir complet. Surprise et paniquée, je laissa échapper un cri strident et je me cramponna aux barreaux. Tout de suite, je ne sais pas ce qui est le pire. La panne de courant et le fait que je sois coincé ici, sans aucun moyen de fuite ou le fait que je suis coincé avec Kyle? Sans plus attendre, je me laissa tomber par terre, débordant de peur. « Putain, c'est pas vrai! »  Je déposa ma tête contre mes mains essayant de penser à autre chose, lorsque l'ascenseur fit un mouvement brusque. J'hurla à nouveau, lorsque je compris alors que nous flottions complètement dans le vide et que l'ascenseur ne tenait qu'à un fil. « On va crever! Je veux pas mourir comme ça, ici et avec toi. » dis-je complètement paniquée. Je releva ensuite la tête pour découvrir Kyle, accroupis en petite boule dans un coin.   

Cette journée, je l'attendais depuis des semaines, à partir du moment même où j’avais appris que le maire avait une nouvelle fois organisé un voyage à la montagne. Clairement, ces vacances allaient être les meilleures de l'année étant donné le retour de flammes que j'avais reçu en pleine gueule à mon retour d'Ibiza. J'allais pouvoir rattraper le coup, profiter et préparer le retour de l'ancien Kyle, du vrai. Après avoir passé de nombreux mois à me morfondre au fond de mon lit, à déprimer à la moindre idée de croiser Fizzy ou encore Conner en ville, je reprenais enfin du poil de la bête. Avec du recul, j'avais compris qu'il fallait que j'aille de l'avant et que je tourne complètement la page. Dans deux jours, je me retrouve au nord du pays pour m'éclater avec mes potes. Mais avant chaque départ, une soirée doit être organisée. C'est quasiment une règle, une religion. Avec Imogen et Cody, on formait la team kangourous et on comptait bien retourner les pistes de ski pendant le séjour, comme on l'avait si bien fait l'an dernier. D'ailleurs, c'est eux qui sont venus me sortir de mon lit avec quelques potes histoire qu'on répartisse les tâches pour l'organisation de la soirée. C'était décidé, ce serait un remake de Projet X pour dire au revoir à Bristol quelques temps. En deux temps trois mouvements, je suis habillé, un bandana autour de la tête et paré pour ma mission.

Après avoir fait les cons sur le trajet, on arrive enfin au centre commercial. En formant un cercle, on se tape tous dans mes mains en se donnant rendez-vous dans deux heures près de la fontaine. Je regarde Imomo et Cody s'éloigner vers les rayons alcools et apéritifs, mais au moment où je tourne les talons pour partir de mon côté, je croise un regard qui m'est un peu trop familier. Bunny. Je me mets à la fixer sans forcément le vouloir et si j'avais pu lancer des éclairs grâce à mon regard, elle serait déjà carbonisée. Mes poings se serrent dans un réflexe que je ne peux pas contrôler, je mordille l'intérieur de ma joue pour tenter de paraître détendu. Mais ce n'est pas le cas, bien au contraire. Tout un tas de mauvais souvenirs tournent en boucle dans ma tête, ma mémoire s'amuse à me faire un petit best off des raisons qui m'ont poussé à détester la jolie blonde. Je reste là, un petit moment, les bras ballants, sans pouvoir détourner le regard, sans pouvoir prononcer le moindre mot, à essayer de lui transmettre toute ma haine. Je crois bien que seule cette fille a le don de me faire sortir de mon gonds ainsi. On se croirait presque dans un film hollywoodien, comme si tout se passait au ralenti et qu'on était seuls au monde. C'est mon pote qui me ramène à la réalité en sautant de partout, prenant appui sur mes épaules. Ce con est en train de pointer du doigt une fille au corps de rêve et me jure qu'elle lui a lancé le regard le plus aguicheur de la planète. Je rigole comme un con et je m'éloigne avec lui, voulant voir de mes propres yeux le vent qu'il allait probablement se recevoir.

Bon finalement, après quelques minutes d'espionnage derrière une plante verte, il a tout de même réussi à choper son numéro. J'ai même du baisser mon froc pour la convaincre de venir à notre soirée et c'était dans la poche. Mais j'ai du partir en courant, des sacs pleins les mains quand j'ai vu l'heure qu'il était. La ponctualité et moi, ça faisait vraiment deux. Imogen allait me tuer. Je cours et me faufile dans la foule, j'ai l'air d'un autiste en plissant les yeux et là c'est l'illumination : un putain d’ascendeur. Les portes étaient sur le point de se fermer quand je réussis à m'immiscer à l'intérieur après un magnifique dérapage contrôlé sur le carrelage un peu trop glissant. « Putain mais c'est une blague.. » Je lâche sans pouvoir me retenir en voyant Bunny à l'intérieur, me retrouvant nez à nez avec elle. Le karma est vraiment contre moi. Pour le bien de tout le monde, je décide de me contrôler en restant silencieux. Une minute dans un ascenseur avec mon ex, je pense qu'il existait pire comme situation non ? Je croise les bras en fixant bêtement les portes métalliques parce que c'est la chose la plus intéressante que j'ai à faire pour le moment. Puis soudain, comme si j'avais pas assez la poisse, l'ascenseur s'arrête brusquement et les lumières s'éteignent. Et là, je me dis que je subis vraiment ma vie. Dieu ne m'aimait plus. Bientôt, je me réveillerais moche, gros et avec des boutons de partout. Bunny lâche un cri qui me ramène à la réalité et moi je me prends une barre dans la tête en essayant de marcher vers les boutons de l'ascenseur. « Parce que tu crois vraiment que j'ai envie de crever avec toi ? » répondis-je froidement, en boule dans un coin, et à la recherche de mon téléphone que je venais de faire tomber. Je roule des yeux en marchant à quatre pattes par terre, palpant le sol en espérant profondément que je ne poserais pas ma main sur un vieux chewing-gum ou de la bave de bébé. Mon pire cauchemar. « T'es vraiment blonde. Comme si on allait mourir dans un ascenseur. » Je répète ironiquement en me relevant enfin après avoir récupérer l'objet de mes désirs. Je me démerde pour le rallumer et j'active la fonction lampe torche. J'aveugle quelques secondes Bunny à cause de la lumière et je me tourne ensuite vers le bouton d'urgence pour appuyer comme un taré dessus. Bon d'accord, je flippais aussi et j'avais pas envie de tourner une scène de film d'horreur. Techniquement, j'étais à l'intérieur d'une grosse boite qui me tenait qu'à un fil. Je glousse, tête posée contre le métal froid et je ferme les yeux. « C'était une fille ou un garçon ? » Et là, je regrette aussitôt d'avoir ouvert ma bouche et d'avoir briser le silence. Cette question me trottait dans la tête depuis quelques semaines, depuis que Conner m'avait clairement avoué que Bunny avait porté un gosse qui était le mien avant de le perdre à cause de son accident. Si j'allais réellement mourir dans d'atroces souffrances aujourd'hui, autant connaître la vérité jusqu'au bout.