TOMORROWLAND ✤ soirée fantasy.

Tomorrowland. Le pays des merveilles pour tout fêtard qui se respecte. Depuis trois jours, je n'ai passé que très peu de temps dans le camping, et ce n'est pas ce soir que je rattraperai des heures de sommeil. J'ai décidé de me rendre à la soirée Fantasy. Le dress code ? Absolument rien à foutre. Comme je suis une rebelle, je préfère ne pas me plier à la moindre règle vestimentaire, je n'ai pas envie de ressembler à tout le monde ici. Faisant un fuck au dress code, j'ai été me dénicher un superbe costume de bonne soeur en deux deux dans la journée. Ne me demandez pas comment je l'ai trouvé, je ne m'en souviens déjà plus. Alors une fois ma longue robe noire enfilée, ma toque de nonne sur la tête et mon énorme crucifix en bois autour du cou, je me lance vers cette méga soirée, munie d'eau bénite et d'une cierge enflammée. "Repentissez-vous !" Je hurle en brandissant mon crucifix vers le ciel et en balançant de l'eau bénite sur la gueule des gens déguisés en sorcières ou lapins blancs. M'enfonçant dans la foule, paumée, je me mets à bouger mon corps au son de la musique. On décrira mes pas de danse comme ceux d'une épileptique en plein marathon ou d'une droguée dans une rave party.

TOMORROWLAND !!! Encore un voyage gratuit. Cette année j'ai décroché le gros lot ! Voyage à la montagne, l'Écosse, Rio, Ibiza, la Belgique maintenant pour le festival musical le plus malade sur terre, très prochainement l'Australie et apparemment un voyage humanitaire dans un lien inconnu. Enfin ça, c'est sans compter les nombreux road trip entre potos. Vacances, fiestas et filles trop bonnes, que demander de plus? Vous connaissez mes talents en danse? Ahah, moi non plus. Je sautille, bras en l'air en gueulant comme le reste de la foule, mais je ne danse pas. Torse nue, je me suis contenté d'une corne sur la tête et d'un pantalon où j'ai accroché des foulards par derrière pour faire croire qu'il s'agit d'une queue de cheval et puisque je me sentais d'humeur drôle j'ai mis des sabots à mes pieds en guise de chaussures. Un jeu de mots pour ceux qui comprendront mon déguisement. Une licorne centaure, on ne peut pas me reprocher d’innover ! Soudain, je la vois, elles sont nombreuses comme elle, mais aucune n'a eu le culot de ne pas respecter le dress code. Mon amie d'enfance, l'une des dernière, celle qui, dans cette foule immense qui se mouve au rythme de la musique, n'a pas besoin d'habits pour paraître fantaisiste.

- ROSE !!!

De loin, elle ne m'aurait pas entendu. Je la choppe dans mes bras en plaquant un bisous sur sa joue et en continuant à sautiller sur place, sourire aux lèvres, tel un petit chien qui essai d'attraper la balle que son  maître tient dans les airs.

Alors que je remue mes fesses et que les enceintes près de la scène font vibrer mes côtes, une force m'enlace le haut du corps, emprisonnant mes bras dans la foulée. On est tellement collés serrés et nombreux dans cette ambiance que je n'imagine pas une seule seconde que je connais cette personne qui me serre dans ses bras. En l'espace d'une seconde, je regrette de ne pas avoir opté pour la ceinture de chasteté à la place du crucifix. N'importe qui aurait pu m'attraper comme ça. Ma toque de nonne s'agite lorsque je tourne violemment la tête, m'arrachant le cou pour essayer de voir qui a hurler mon nom près de mon tympan, m'explosant ce qui me reste au fond de l'oreille. Conner ? Conner ! J'esquisse un sourire ! Je parie qu'il vient se confesser. "Tu as péché, mon fils ?" Je lui réponds près de l'oreille en m'égosillant, agitant mon eau bénite au dessus de sa corne de licorne. Je sais qu'en ce moment, je ne porte pas autant Conner dans mon coeur qu'avant. Vu ce qu'il a fait à mes deux meilleures potes, ça a du mal à passer. Mais au Tomorrowland, en le voyant déguiser et heureux de la sorte, toute cette histoire ne me traverse même pas l'esprit lorsque je le regarde. Rien. Je me contente de sauter sur place avec lui, sourire aux lèvres, comme lorsque nous étions deux ados et que nous découvrions les boîtes de nuit ensemble. Je continue de sauter, le bousculant parfois - car je ne fais pas vraiment attention à mes gestes brusques... "Tu veux te confesser ?"

Rose c'est l'amie par excellence de toute la famille, celle avec qui on a tellement passé de bons moments que son nom se fait entendre à tout coup quand on se met à raconter de vieux souvenirs. Ça fait des mois que je ne l'ai pas vu, Chad me dit souvent qu'elle est passée au courant de la journée, mais ça se résume à cela. Alors je ne vous décrit même pas l'extase qui m'entraîne lorsque je l'apperçoit dans cette foule de milliers de personnes.

« Tu as péché, mon fils ? »

Je relève enfin sa tenue, ce qui me fait éclater de rire. Décidément, elle ne changera jamais, toujours prête à tout pour se faire remarquer ! Je vois à son visage qu'elle vient de me dire quelque chose, mais mis à part le son et le bruit de la foule, je n'ai rien entendu. Je tapote ma tempe en haussant les épaules et en ouvrant la bouche pour dire un "quoi??" muet.

« Tu veux te confesser ? »

Nous sautons sur place et puisque les bonnes habitudes ne changent pas, elle me bouscule avec sa maladresse réputée. Je me revois il y a plusieurs années maintenant et je ne peux m'empêcher de sourire, comme-ci cette complicité que nous avions n'avait jamais disparu. Me confesser? Non, pas ce soir. De plus, je n'ai rien à me reprocher en ce moment. Enfin, pas au Tomorrowland. J'attrape ses mains et recule en lui faisant bouger les bras ainsi que les miens comme-ci il s'agissait de vagues. Danse des années 80 ou des gros lover? On connait très bien ! Je l'entraîne dans mes mouvements ringard, sur un rythme n'ayant strictement rien à voir avec la musique du moment. Je la fais tourner sur elle-même et la plaque violemment sur mon torse. Mes lèvres viennent alors frôler son oreille et je murmure:

- J'ai toujours voulu me retaper une none. Meilleur coup à vie !

Je n'avais encore rien à me reprocher ce soir, mais ça c'était avant.

On dirait que Conner n'a pas de confessions à faire. Bon, moi qui croyais que j'aurais de croustillantes révélations... D'autant que là, je vais peut-être être obligée d'aller voir quelqu'un d'autre pour qu'il se confesse et là... On va peut-être me raconter un horrible crime... Qui sait ? "Ma soeur... J'ai péché... J'ai assassiné le chat du voisin..." Oh non... Vous m'imaginez vivre avec ce secret sur la conscience ? Moi ? Rose Bartholomiaou ? Ce serait totalement impensable... Je perdrais complètement la boule et finirai très probablement victime d'épisodes psychotiques dans un asile où on me donnera des douches froides toutes les deux heures pour me calmer. Je me balancerais d'avant en arrière en tordant mes mains et en murmurant "Il a péché... Il a péché..." en étant rongée par la culpabilité de ne pas aider la justice à être rendue tout en m'obligeant à garder ma promesse de silence au pécheur... Bref, pendant un court instant, j'imagine ce scénario atroce et je me dis que finalement, bonne soeur, c'est peut-être pas ma vocation. Heureusement que Conner est là pour me sortir toutes ces idées sombres de la tête. Il m'entraine et nous fait danser comme des zouaves, et j'adore ça ! Je me prends au jeu, faisant des vagues avec mes bras et ondulant mon bassin sous ma longue robe noire. On est là, au milieu de cette ambiance électro, comme deux poulpes jetés dans une forêt de gnous. Soudain, Conner m'attire contre lui, et je me retrouve collée au torse d'une licorne. "J'ai toujours voulu me retaper une none. Meilleur coup à vie !" il me murmure au creux de l'oreille. Je finis par éloigner un peu ma tête de la sienne pour essayer de capter son regard. Je plonge alors mes yeux dans les siens, un sourire espiègle affiché sur ma gueule. "L'habit ne fait pas le moine, mon cher ami !" Je lui hurle. Toujours contre Conner, je reste plantée là, à l'observer. Oh non, c'est une terrible, horrible, épouvantable, impitoyable, effroyable mauvaise idée ! Et pourtant, je suis on ne peut plus sobre. J'ai quand même cette idée qui me passe par la tête. J'étais certaine que je n'aurais plus jamais envie de recommencer. Et là, je suis incapable de me contenir, de me fixer une limite. Malgré tout ce que Conner a fait récemment, ses conneries, ses responsabilités dans certains problèmes avec Billie... Sa suggestion ne me donne pas tellement envie de reculer. Juste faire une folie. Une fantaisie. "Tu es sûr que tu ne veux pas te confesser ?... On peut se trouver un endroit moins surpeuplé." Un sourire étire mes lèvres tandis que je lui murmure ça à l'oreille. "Le confessionnal sera sous ma robe..." Je lâche un rire, en jouant avec la corne de licorne que Conner a sur la tête.

« L'habit ne fait pas le moine, mon cher ami ! »

Je garde les yeux plongés dans ce regard qu’elle me lance, répondant à son sourire. Je m’accroche à ses cheveux, plongeant mon nez dans son cou que j’hume avec plaisir avant d’y déposer de petits baisers qui l’ont toujours fait frémir.

« Tu es sûr que tu ne veux pas te confesser ?... »

Mon sourire s’élargit alors que ma bouche remonte jusqu’à sa mâchoire, son menton, ses lèvres que je frôle. Tu as ta réponse Rose ?

« On peut se trouver un endroit moins surpeuplé. »

C’est à mon tour de frémir. Finit le doute, elle a flanché. Son costume lui donne des envies perverses, elle a très bien intégré le rôle et heureusement pour moi, je suis arrivé au bon moment. Mains posées sur mon torse, elle se penche soudain vers mon oreille et me murmure :

« Le confessionnal sera sous ma robe... »

Je n’en attendais pas moins, je joins un sourire à son rire en lui lançant au passage un regard qui enflammerait n’importe qui. Regard qu’elle préfère ignorer en jouant avec la corne présente sur ma tête. À ce moment, je crève d’envie de lâcher une grosse connerie en rapport avec tout ce que l’on peut faire avec celle-ci, mais je ne suis pas certain que ma blague plaise à Rose, alors je préfère me la fermer en me mordant l’intérieur de la joue. Liant mes doigts dans les siens je dépose un bisou rapide sur sa bouche :

- Allez, viens.

Baiser sous un tente ; la bonne époque. C’est vers là que nous nous dirigeons et je prie pour que personne que nous connaissions nous grille, enfin, quand je dis personne, je pense plutôt à B-J qui me fait toujours autant la gueule… Enfin, dans l’histoire ce n’est pas à moi que je pense, mais à Rose, les deux sont comme cul et chemise. Même si les tentes ont presque toutes la même apparence, je retrouve celle à Kyle et à moi sans grande difficulté grâce au drapeau "les couilles" qui se secoue fièrement au rythme du vent. Tenant toujours la main de la brune je la laisse rentrer en première en bon gentleman. Dans un rire je dis en refermant notre chambre improvisée :

- Une none et une licorne, personne ne voudra jamais me croire !