J'ai la gueule abîmée. Les yeux fatigués qui tentent de rester éveillés. J'ai pas les idées en place. Je me laisse porter. Je me laisse entraîner par la musique. Je me laisse habiter par ce rail de cachet et ça nourris cette folie. Folie meurtrière. Chaque fois, je dis que c'est la dernière. Mais j'arrive pas à vivre sans ma drogue quotidienne. J'arrive pas à survivre sans me détruire. De plus, j'arrive à plus en souffrir de toute cette mélancolie qui m'accable dans un vacarme noir. J'arrive à plus rien ressentir parce que mes soirées, mes journées, se résume à me bousiller. Je suis là, perdue entre cachetons et insomnies. J'ai les joues creusées. Le visage écorché. Je suis paumée. J'ai étouffé dans ce cercle vicieux. Regardez mois. Avec ce bout de tissus sur les épaules, je suis pathétique. Je  me comporte comme une putain qui se perd chaque soir dans différents lits. C'est à croire que mon âme est pourri. Je me suis laissée aller, je me suis laissée noyer parce que pensais que c'était la fin. J'ai arrêté de me battre le jour où j'ai tout perdu. Et on me dira toujours que ce n'était pas une raison. J'avais pas à me laisser entraîner dans cette valse sans fin avec ces sublimes ombres. Je suis tombée. J'ai abandonnée. Et maintenant, je divague. Je vois plus le large. Regardez où je suis maintenant. Je suis totalement stone, totalement dans les vapes. Je m'engouffre dans les ténèbres un soir de plus. Et je vois de la lumière. Des néons de lumière. Je ne sais pas ce que c'est. Ni d'où vient ce bruit qui me fais voyager. Je me laisse juste mener par ces halo de lumière. Cette musique. Et je me retrouve dans une foule. J'ai les yeux fermés. On me pousse. On me parle. Et moi je reste là. Là, à me laisser porter par la musique. Je vacille. De gauche à droite. De droite à gauche. Mon corps frêle, amincis par mes conneries, se laissant bercer par la musique. Je ne fais pas attention à ce qui se passe. On me bouscule. On se serre à moi. On presse ma peau. Mon corps, contre d'autre corps qui se sont perdus dans la foule. Je  me laisse emporter par la foule. Et j'ai rouvert les yeux dès l'instant où j'ai sentis un liquide couler de mon nez, s'arrêtant entre mes lèvres. Du sang. D'un seul coup, la magie qui dansait dans mon esprit se dissipa peu à peu. D'un seul coup, j'eu l'impression d'étouffer. J'arrivais plus à me contrôler. Je me retrouvais en pleins milieu de gamins complètement défoncé. Des gamins qui s'amusaient. Non pas comme moi je le faisais. Et j'ai commence à observer ce qui m'entourait. Mon corps commença à trembler, tandis que j'avais du mal à rester debout. J'avais aucune idée de ce qui se passait. Tout ce que je savais, c'était que je me sentais mal. Terriblement mal. Prise d'une panique insoutenable, je me fraya un chemin vers les chiottes. « Poussez vous, bordel. » J'arrivais à peine à aligner ces mots. La drogue était toujours là. La coke et les cachets me collait à la peau comme un parasite. Impossible de m'en défaire. Une fois dans les toilettes, je poussa la porte de la cabine et je m'écroula par terre, perdant la contrôle de mes jambes. Comme une vrai merde. J'étais là, couchée sur le sol, la tête adossé contre la cuvette. Pour la première fois, je ressentis une grande peur m'envahir. Une peur que je ne pourrais expliquer. J'avais froid. J'avais l'impression d'avoir perdue le contrôle de mon corps. J'avais l'impression d'étouffer. Cet impression insoutenable de me noyer.

Puis au moment où mes yeux se fermèrent lentement, quelqu'un poussa la porte de la cabine où je me trouvais. J'ouvris les yeux péniblement, avec toute la force qu'il me restait. Milo. Je la regarda un moment, complètement dans les vapes, alors qu'elle resta là, à me regarder, l'air paumée. Jamais je n'aurais pensée un jour, être aussi heureuse et soulagée de la voir. Une larme coula le long de ma joue, sans que je m'en rende compte. Puis, c'est presque dans un chuchotement que je lança. « Milo.. » Mes yeux devenaient de plus en plus lourd, alors que mon corps ne répondait plus à aucun de mes mouvements. Dans un faible sourire, je la regarda dans les yeux. « Reste pas là, à me regarder comme ça, tu veux? » Je déglutis, lorsque mon corps commença à trembler. Alors que Milo s'approcha de moi, je lui pris doucement la main. « Je vais mourir, je le sais.. » Lorsque je dis ces mots, je n'ai pu m'empêcher de penser à tout ce que je n'avais pas encore eu le temps de faire. Je repensa à ma famille. Famille à qui je n'avais pas adressé la parole depuis bien longtemps déjà. Je repensa au mal que j'ai fais. Et.. À Jayson. À cette pensée, ma voix se brisa et plusieurs larmes coula. « C'est effrayant. »  

« Je me croyais invincible. Je me pensais intouchable. Comme si tout était contrôlable. J'étais convaincue que jamais je tomberais. Depuis quelques temps j'avance à reculons, je tourne en rond et maintenant je m'en mord les doigts. Et cette situation, ça me fait péter un plomb. Y'a pas de répit. Jamais. Ce serait trop facile sinon. »

J'ai de la poudre sur le nez, des cachets pleins l'estomac. J'ai les idées en vrac, l'esprit retourné. J'ai la tête qui commence à tourner de plus en plus vite. Je suis pas dans un très bon état. Je me dégrade. Mais bordel qu'est-ce que j'aime ça à l'habitude. Vriller. Dériver. C'est une sensation agréable, une douleur insoutenable. Et je continue, de me bousiller un peu plus. De me consumer encore et encore. Parce que ma vie ne se résume plus qu'à ça.  Je suis pas commode. Je répond pas aux codes de la société. J'ai complètement sombré. Je sais pas où je vais. Je sais pas si c'est bien ou mal. Mais j'y fonce tête bessée depuis longtemps déjà. J'en as plus rien à faire. Parce que j'ai rien à perdre. J'ai déjà tout perdu. Même-moi. Je me suis perdue dans les bras de mes démons. Les plus beaux. Les plus sombres. Voilà où j'en suis. Voilà où ça m'a mené. J'ai rampé jusqu'aux chiottes. Parce que je pue la drogue. Je pue l'alcool. Je pue la misère. Puis en un instant, je me suis écroulée. Comme une pauvre merde. C'est qu'à ce moment précis que je réalisa que j'avais pitoyablement merdé. Que j'avais poussé mes limites au delà de l'impossible.  je suffoquais. Parce que j'arrivais plus à respirer. Et c'était insupportable. Cette sensation que tout s'écroule sans rien pouvoir faire. Parce que j'étais incapable de rattraper mes conneries. Parce que je n'étais plus capable de rien sauf de détruire tout ce qui se trouvait autour de moi. Y compris moi. « Hey, Jamie reste avec moi. » Le choc de ses mains contre ma joue me ramena légèrement à la réalité. J'ouvris les yeux avec difficulté et je m'humecta les lèvres. « Qu'est-ce que t'as pris, ce soir? » Étonnement, un léger rire sortit de ma bouche. J'avala difficilement, essayant tant bien que mal de me concentrer. « De la beuh, des cachets, de la coke.. Beaucoup de coke. » D'un coup, sans que je m'y attende, mon corps commença à frissonner. Je sentis mon coeur manquer quelques battements. Je sentais mon corps fatigué s'enfoncer dans le sol. Je sentais mon esprit divaguer de plus en plus. J'avais l'impression d'être désarmé. D'avoir perdu à mon propre jeu. C'est à ce moment que Milo s'approcha dangereusement de moi. « Va t'en.. » Je ne voulais pas qu'elle me voit dans cet état. J'avais pas envie qu'elle me regarde avec pitié, avec mépris. Pas elle. Surtout pas elle. « Pars j'te dis! » dis-je avec le peu d'énergie qu'il me restait. À quoi bon vouloir m'aider quand je sais pertinemment que c'est perdu d'avance. Que je suis perdue d'avance. Je suis trop fatiguée. J'en ai marre de me battre pour ma survie. J'ai toujours dit que j'avais besoin de personne. Et c'est vrai. Malgré ce qui est en train de ce passé. Ce qui doit arriver arrivera, que ce soit aujourd'hui ou demain. « Dit lui seulement que je l'aime et que je l'ai toujours aimé.. » Je souria lentement, alors que mes yeux se refermèrent laissant place à la noirceur. Laissant place à l'ombre de mes démons.

Couchée dans mon lit d'hôpital, je ne cessais de réfléchir. Complètement dans les vapes, je ne cessais de me répéter que j'avais foiré. Que j'avais foiré ma vie. Je me croyais invincible. Je me pensais intouchable. Comme si tout était contrôlable. J'étais convaincue que jamais je tomberais. Que jamais je succomberais. Que je me relèverais toujours des pires défaites. J'étais persuadé que jamais je n'aurais besoin d'aide. Parce que je l'ai toujours dis. Moi, j'ai besoin de personne. Mais je me berçais d'illusion. Je pensais que tout serait si facile. Que la vie ne tient pas qu'à un fil. Que l'on peut mettre le monde à nos pieds si on le souhaitait. Quand on est défoncée, on pense que tout est possible. Que tout est faisable. On pense pas une seule seconde que tout peut se retourner contre nous dans un faux pas. Mais pourtant, c'est ce qui m'est arrivé. Quand on est défoncé, on a des rêves pleins la tête. Deux petites étoiles dans les yeux. Et on affronte tout et n'importe quoi, comme si c'était la chose la plus facile à faire. On a pas de limite. On va d'aventure en aventure. On se fou de se salir les mains, de revenir un truc en moins. Parce que tant que nous pensons que tout est franchissable, on se fou du reste. On a cette sorte d'adrénaline qui nous rend heureux. Quand on est dans cet état de transe, il nous suffit de se dire que tout ira bien pour y croire réellement. Me défoncé à longueur de journée, c'était ça pour moi la vie. Le temps où j'étais cette gosse totalement naïve et innocent de ce qu'était la vraie définition de la vie, est loin derrière moi. J'ai les deux genoux à terre, écorché par cette sphère infernal qu'est la drogue. Je voudrais m'en sortir, mais il est trop tard maintenant. Je veux juste qu'on me laisse me détruire, qu'on me foute la paix, parce qu'au fond, j'étais bonne qu'à ça.  

« Jamie? Il y a des gens qui voudrait vous voir. Vous sentez vous assez bien pour recevoir de la visite? » Je faisais battre mes paupières tout en hochant la tête. J’avais eu un moment d’absence, un moment où mon souffle s’était coupé et où j’avais totalement perdu pied. Je relevais alors les yeux sur l'infirmière qui attendait sagement ma réponse. « Oui. » Je me raclais alors la gorge et pinçais mes lèvres en hochant une nouvelle fois la tête, lorsque Jayson entra dans ma chambre d’hôpital. L'infirmière le regarda sérieusement et lui lança. « Vous avez dix minutes, elle a besoin de repos. » Je tentais, en vain, de me concentrer à écouter ce qu'il disait. Son regard en disait long sur ce qu'il ressentait. Il m'en voulait. En même temps je ne pouvais pas lui en vouloir, mais ce moment rien ne m’intéressait, tout avait un goût fade, tout me désintéressait, tout m’ennuyait. Je manquais d’air, j’avais la tête qui tournait, j’avais justement l’impression d’être une coquille vide, dénuée de toute émotion. Avide d’âme. Je détachais mon regard du siens pour venir le fixer contre l’horloge de la pièce, espérant que les dix minutes s'écoule rapidement. Je regardais partout autour de moi, sauf lui. Je ne pouvais pas supporter le regard qu'il me lançait. J'avais merdé. Merdé toute la ligne. Je pouvais pas m'en sortir, éviter cet affront. « Où est Milo? » Je regarda la porte, croyant la voir arriver, mais en vain. Je croisa ensuite le regard de Jayson, avant de soupirer bruyamment. « Ça va, y'a pas mort d'homme, alors tu peux arrêter de me fixer comme ça, tu me stress. » Suite à ces mots, je détourna à nouveau le regard.