pizza forever (maxime & andy)

   
pizza forever.

la journée se termine, c'était ta dernière livraison. tu fais tourner tes clés autour de ton doigts, en sifflotant. on est vendredi les gars. tu recomptes les pourboires qu'on t'a filé. faut dire que c'est pas trop difficile, t'ouvres un ou deux boutons de ton chemisier. ça fait l'effet qu'il faut. et t'as besoin de ce fric. tu vois l'enseigne de la pizzeria qui brille en rouge et vert, et tu traverses la rue avant de passer la porte. « HEYYYY, PEOPLE. » que tu gueules en débarquant à la pizzeria. t'es la dernière à arriver. andy et maxime sont là. qui attendent l'heure pile pour se casser. la journée a été longue, tu te sers un verre d'eau, range les clés de ton scooter. vous êtes tous à regarder l'heure avec impatience. plus qu'une minute. et puis là, y a la patron qui débarque, vous ordonne de rester, plus longtemps. des heures sup' obligatoire qu'il a dit. vous faites tous des têtes d’enterrement. t'es entrain de prier intérieurement qu'il vous fasse une de ses vieilles blagues du premier avril. mais non. il disparaît aussitôt. tu te tournes vers eux avec l'envie d'étrangler quelqu'un. « putain de merde, je vais finir par me le faire. » tu relèves les yeux et voit un sourire en coin étalé sur le visage d'Andy. tu sais qu'il a pensé à autre chose, comme le gros pervers qu'il est, tu lèves les yeux au ciel. et tu lui balances le premier torchon sale que tu trouves. « et pas dans le sens où tu penses, DEBILE. » tu balances ta veste sur le porte manteau, qui s'accroche facilement. et va t'asseoir en tailleur sur une des tables à peu près propre, à côté de max. « on est pas des chiens de garde, merde. » tu soupires en faisant jouer tes doigts sur la table, faisant du bruit à cause de tes ongles. tu regardes autour de toi. faudrait ranger, c'est le bordel, c'est crade. andy, max et toi, vous savez que c'est ça que vous devriez faire, ranger. pourtant y en a aucun qui se bouge le cul. à croire que vous attendez tous un signe venant du ciel pour vous libérer.

Vendredi soir, t'as terminé toutes tes livraisons depuis une heure et tu t'occupes comme tu peux avec Max dans les cuisines. Tu te croirais plongé en plein western : un silence radio règne dans la pizzeria, il n'y a pas un chat dehors. Pendant une heure, tu cherches à t'occuper en balançant quelques crayons sur Maxime pour voir si tu réussirais à viser son décolleté, tu dessines des traits de guerrier sur tes joues avec de la sauce tomate, tu motives la rousse à faire une course les yeux bandés sans se prendre les tables. Toutes ses activités hautement intellectuelles pour tuer le temps. C'est dingue comme t'as l'impression que l'aiguille de l'horloge te nargue. Jules débarque pour vous rejoindre, c'est le signal que vous avez bientôt terminé votre service. L'équipe de nuit devrait arriver dans pas longtemps pour vous remplacer. C'était ça le plan. Normalement. Les filles s'amusent à recompter leurs pourboires de la journée, toi c'est plutôt les numéros récoltés, à chacun sa spécialité. Tu t'amuses à faire deux piles : celles que tu rappelleras un jour, pour une soirée, pour une nuit, juste pour quelques heures. L'autre pile finit directement en boules et tu t'improvises pro du basket en les balançant tout droit à la poubelle. Puis, le meilleur moment de ta journée se transforme en cauchemar : le patron se pointe comme une fleur en déclarant que vous allez devoir remplacer l'équipe de nuit. AHAHAHAHA. C'est comme quand une fille te chauffe toute la soirée pour te laisser en plan à la fin, c'est exactement le même effet. Ta mâchoire semble se décrocher comme dans les dessins-animés. Puis, il claque la porte pour profiter de son vendredi soir. Gros silence. Un sourire d'obsédé se dessine automatiquement quand Jules parle de se faire le patron, dans le sens figuré, évidemment. « J'ai rien dit ! » Tu lèves les bras d'un air qui se veut innocent mais qui te trahit directement. Puis tu sautes de ta chaise pour te lever et tu fixes la montre imaginaire dessinée sur ton poignet. « Il est tout juste 20h. On sera libre dans trois heures. Trois options s'offrent à nous : un plan à trois dans le bureau du patron.. » Tu marques une pause quand tu sens les regards assassins des demoiselles. Bon, décidément, ce n'est pas ta soirée, ce jour n'est pas prêt d'arriver. « Ou bien on répond aux commandes en leur conseillant de commander chez nos concurrents. » Ce serait quand même un sale coup à faire, une bonne vengeance. Puis tu marches jusqu'au local pour apporter tout un tas de produits ménagers, des seaux, des balais : bref, les instruments préférés de la gente féminine. « Le ménage reste la dernière proposition. Mais bon, ça devrait pas trop vous poser de problème, non ? C'est le rôle du sexe faible. » Tu déclares, d'un air narquois, et avec ce sourire à la con qui en agace plus d'un.

   
pizza forever.

c'est la merde. c'est la merde. c'est la merde. tu te répètes ça au rythme de tes ongles frappant la table. t'entends les soupires provenant de tes compatriotes, et ça te donne encore moins de courage. y a rien qui se passe. enfin si, le ventre de max, ce qui lui vaut nos deux regards amusés, à andy et moi. le silence s'installe de nouveau une fois l'amusement passé. elle a raison max. on attends quoi ? rien. on est là a espérer un miracle. sauf que, bah, les miracles, ça existe pas. et puis, finalement, y a andy qui se réveille et vous déballe trois plans d'attaque. le premier, il se le met où je pense, et il le comprend bien en voyant nos regards meurtriers. qu'il fantasme sur vous, bon, c'est andy hein. on est pas surprise, ça passe. le deuxième, t'es pas contre. vraiment. mais tu tiens à garder ton job. le troisième. alors merci. mais non merci. la seule réaction que t'as, c'est ton majeur qui se dresse vers lui et un levage d'yeux au ciel. « non. peut-être. et non. » finalement, tu te rends compte. t'as faim toi aussi. t'as faim, max aussi. et vous avez une cuisine entière à votre disposition. tu claques des doigts et c'est presque si une ampoule s'allumait au dessus de ta tête. sans attendre de résistance, t'attrapes la main de max et l’entraîne derrière le comptoir avec toi. « allez vient maxou. on va préparer la meilleure pizza du monde. » tu retrousses tes manches, prêtes à te mettre au boulot. vous avez de la chance, le plan de travail est propre. au moins quelqu'un qui fait son métier correctement. tu te stoppes. ah oui, andy. il a rien à faire. tu vas chercher, un chiffon, un saut et une serpillière. « le ménage t'attends cendrillon. t'inquiètes pas. on t'autorise quand même à fantasmer sur nous, ça rendra peut-être la tâche plus facile. » à toi de lui rendre son sourire narquois. avant de repasser derrière le comptoir, tu lances de la musique. histoire de mettre un peu plus d'ambiance. tu confies la préparation des ingrédients à max, tout en commençant à préparer la pâte, comme une grande. tu gardes andy et max à l'oeil. au cas où, l'un ou l'autre voudrait déclencher une bataille de bouffe.