(anouk et ansel) + chaud bouillant.

chaud bouillant

réveille toi, sayann. bristol s'éveille lentement. les premiers rayons du soleil glissent sur ma peau presque dénudée, déshabillée et cachée par les draps. je frissonne. saleté de draps trop fins, on va choper la crève avec ça. je ne veux pas me lever, et pourtant, je sais que si j'espère me rendormir, c'est  foutu d'avance. comme pour admettre ma défaite, je regarde l'heure. il est tôt. bien trop tôt pour que les dames de cette maison soient réveillées. je soupire, et sors du lit, en direction de la cuisine pour me préparer de quoi tenir la journée ; café et cigarettes.

je cherche dans les tiroirs une dosette de café, rien qu'une, mais rien. la boîte est désespéremement vide. du vde, du vide, rien, que dalle, nada. je grogne. ces ingrates ont encore finies le café et m'ont laissé l'horrible tâche que de nous réapprivoisoner en boisson chaude. je passe une main sur mon visage, soupirant, le paquet de clope dans une main. une seule solution s'impose si je veux me réchauffer : aller au café. je m'habille, me fait la coiffure la plus simple et rapide à faire, prends le premier billet dans une poche et les cigarettes dans l'autre avant de partir, toute emmitouflée en direction de ma quête suprême qu'est cette boisson noire et amère.

la tête baissée et le nez dans mon écharpe, je marche, alignant mes pieds l'un devant l'autre, une clope pas allumée entre les lèvres; deux mèches rebelles qui se sont échappés de mon chignon encadrent mon visage rougi par le froid. j'avance, le regard dans le vague. je songe à avant. parfois, j'aimerais ne pas avoir de avant. n'avoir que demain comme destination. me réveiller et être anouck la douce rebelle de bristol, et non sayann, la gamine bizarre et riche aux as de londres. malheureusement, la petite voix qui me réveille me rappelle, chaque matin, que je suis autant anouk que sayann, que j'aurais beau caché mon passé, un jour, ils le sauront. rose le saura. tout le monde l'apprendra.

je tourne, regardant mes pieds, et maladroite, je percute quelqu'un. le café qu'elle devait tenir à la main se renverse sur sa chemise et crée une tâche sombre sur tout ce blanc. le garçon s'exclame. Ah putain! Ma chemise! Et en plus, c'est hyper chaud! je reste muette, marmonant des pardon, des désolé tout bas, le regard perdu. il retire sa chemise à présent brune et enlève le reste de café chaud sur son ventre, avant de regarder la fautive. c'est à dire moi. Comme on se retrouve rouquine... et là, je le reconnais. c'est le garçon du bar. c'est ansel. il me regarde dans les yeux, et à cet instant, j'ai peur qu'il comprenne que je lui ai menti. pourtant, je ne détourne pas le regard. un sourire se dessine sur son visage, alors que je sors de mon silence. je suis désolée pour votre chemise... mes paroles forment de la fumée blanche. vous n'avez vraiment pas de chance avec moi : entre le verre et votre café... je lance un petit rire gêné, esquivant son regard bleu. non, vraiment, je n'ai pas de chance non plus. alors que je fais tout pour fuir mon passé, le voilà qui revient.

il me regarde, de son doux regard, comme il me transperçait avant. sauf qu'avant, il ne me regardait pas comme maintenant. en fait, il ne me regardait pas du tout. je n'existais qu'aux yeux de ceux qui le voulaient, ceux qui voulaient que je sois sage, gentille et une bonne héritière. que j'arrête de parler aux murs, de compter les nuages. que je ne sois pas anouk, celle que j'ai décidé d'être au prix de mon passé et de mes futurs mensonges.

mon rire gêné semble résonner. il y a une pointe de crainte et d'incertitude dans mes paroles, mais ansel ne semble rien remarquer. son sourire est chaleureux face au froid de la ville. d'ailleurs, il ne semble pas avoir froid pour se déshabiller en plein centre ville. hé bien sincèrement, si vous auriez été moins mignonne, je vous aurais crier dessus.  mais on pardonne les jolies dames, non? à mon tour de sourire. son compliment me fait l'effet du douce caresse : il est agréable sans être trop appuyé.

j'essaie de me rappeler comment il était avant. toujours aussi mignon, je suppose. et aussi franc. il me regarde quelques secondes, ce qui me fait douter. alors ? il m'a reconnu ? va t-il me ramener chez moi ? se moquer ? crier ma véritable identité ? il ouvre la bouche et je crains le pire. au fait, moi c'est ansel. ansel cameron monty. pourrais-je avoir l'honneur d'enfin connaître ton nom jolie rouquine? et il me tend la main. une présentation formelle, comme on nous apprends à le faire. j'hésite avant de la lui prendre du bout des doigts. je suis an... zut. jeanne. la rouquine, c'est jeanne rosenwald. je lui mens. j'ai trop peur pour dire la vérité. trop peur de retourner à londres. comment est-ce que mes parents réagiraient ? je ne supporterais plus ce monde et leur regard déçus. alors je mens. tu voudrais venir chez moi? je sais que c'est précipité, mais je n'ai aucune arrières pensées. tu me dois bien ça après le café et le verre. je ferai du café chez moi, même si je préfère celui de la boutique. sa proposition est précipitée. je ne dois pas rester avec lui. mais je lui dois bien ça. c'est lui qui l'a dit. je lui souris, comme pour accepter sa proposition. je ne refuse jamais du café, surtout pas d'un ansel qui n'a pas de chance avec les jeanne. je croise son regard brièvement, tandis qu'un léger sourire se dessine sur mon visage. et puis pourquoi pas ? je peux apprendre à le redécouvrir sous mon mensonge. ce sera toujours ça de gagner.

Son petit sourire à mon compliment me rend de meilleure humeur, malgré mon ventre brûlant et le froid glaçant le reste de mon torse. Je décide de me présenter, je n'ai pas envie de rester un inconnu à ses yeux. Je lui tends la main et elle semble réticente pour je ne sais trop quelle raison. "Je suis An... Jeanne. la rouquine, c'est Jeanne Rosenwald." Je arque un sourcil. Qui peut bien se tromper en disant son nom? Je n'en fais pas plus de cas. Je suis curieux, mais des trucs du genre, je préfère ne pas savoir. "C'est joli comme nom. Très anglais, mais joli." Je lui fais un nouveau sourire, plus sincère. J'ai l'impression qu'il y a un mensonge. Je ne suis pas con, je décèle rapidement des comportements anormaux, mais je ne pousse pas le bouchon. Si elle veut parler, elle m'en parlera.

Je lui offre de venir chez moi et elle semble vouloir refuser, en tout cas, c'est ce qui parait dans son visage. Je arque à nouveau un sourcil et elle finit par accepter. Je me mets en marche et réalise qu'elle ne sait pas où j'habite, ce que je suis imbécile. Je tire alors doucement sa manche en donnant un léger coup de tête vers la direction à utiliser. On marche silencieusement, ne trouvant pas de sujet de conversation, mais on arrive bien vite chez moi, heureusement.

"C'est ici..." Je lui montre du doigt une petite maison avec une baie vitrée permettant de voir le salon en entier et même une partie de la cuisine. Je rougis, on voit tout de suite par les murs de bois à l'extérieur et l'entrée de pierres, que je croule sous l'argent. "Désolé... faut croire que quand on a été habitué au luxe de Londres, on l'adopte à vie." Je pose mes mains dans mes poches et regarde le sol tout en entrant à l'intérieur.

Je me dirige aussitôt vers la machine à café et dis d'une voix forte pour que Jeanne puisse m'entendre : "C'est petit quand même alors prends place dans le salon, il est facile à trouver... cherche l'écran plat." Bien sûr, j'ai un écran plat prenant presque toute la place dans le salon, j'aime regarder de films sur un gros écran, je me crois toujours au cinéma.

Je vais justement dans cette pièce, pendant que le café se prépare.

"Désolé encore hein... C'est assez extravaguant avec ces murs de briques dans le salon et tous ces trucs." Je passe ma main nerveusement dans mes cheveux et allume la télévision. Pourquoi est-ce que je suis aussi embarrassé putain? C'est gênant.

j'ai menti. question de survie, tout le monde me dira, tandis que d'autres diront que mentir c'est mal. peut-importe, de toute façon, bristol est grand, peut-être que nous ne nous reverrons jamais. alors que je lui présente mon faux nom, il sourit, malgré ma gourde. c'est joli comme nom. très anglais, mais joli. pour être très anglais, doherty l'est aussi. je souris, le remerciant timidement.

une fois qu'il m'offre de venir chez lui et que j'accepte à cause de ma curiosité, il commence à marcher et j'essaie de le suivre, sans trop savoir où aller jusqu'à ce qu'il se rappelle que je ne connais pas son adresse. il agrippe tout doucement la manche de mon manteau tandis que j'avance à petit pas et en silence, sans trop savoir quoi dire. je ne me rappelle plus de ce qu'il aimait avant, et de ses anciens amis. j'ai rencontré tellement de gens depuis, tel que rose. rose qui m'a recueillie sous la pluie, jules, et les autres. le reste des habitants de bristol, tous différents de ceux de londres.

une fois arrivée, il me désigne une jolie bâtisse. c'est ici... instinctivement il vire au rouge, ce qui me fait rire. il semble avoir gardé l'argent qu'il avait à londres. désolé... faut croire que quand on a été habitué au luxe de londres, on l'adopte à vie. je lui souris tandis qu'il rentre et que je le suis de près, pour éviter de me perdre. à l'intérieur, il se dirige immédiatement vers la machine à café, tandis que je reste dans l'entrée, à regarder la décoration. c'est certain que ça change de là où j'habite maintenant avec mes deux amies. chez nous, c'est déjà moins spacieux. surtout ma chambre à cause de tout les feuilles qui volent de partout. c'est petit quand même alors prends place dans le salon, il est facile à trouver... cherche l'écran plat. j'obtempère, tandis que mon regard se pose sur l'écran plat en question. ansel se dirige vers le salon, alors que je décide de retirer mon manteau. désolé encore hein... c'est assez extravaguant avec ces murs de briques dans le salon et tous ces trucs. il s'excuse piteusement à nouveau. je hôche la tête, comme pour lui dire que ce n'est rien. aucun problème, tu sais. et puis ils sont sympas tes murs en briques. ça fait penser aux rues de londres... j'y suis allée une fois avec une amie, à l'improviste. mensonge. j'y suis née, plutôt oui. comme pour changer de sujet, je lui lance. alors monsieur ansel, à part le café et les murs en briques qui me font penser à londres, vous faites quoi dans la vie ? oui, je m'intéresse, surtout à lui : pour une fois que je sors de mon silence.

Spoiler:

Cette timidité est si mignonne, si attachante, qu'il m'est impossible de ne pas sourire en la voyant aller. Elle semble si maladroite et si inconfortable, mais pourtant, pour une raison que j'ignore, elle se force elle-même à rester. Je lui fais quelques compliments, essayant de la mettre à l'aise, mais elle semble toujours rougir de la même façon. De toute façon, ces petites pommettes roses à chaque parole que je prononce sont si adorables que je peux bien m'y faire.

Nous arrivons à mon appartement et elle se met à rire en voyant que je suis mal à l'aise. À Bristol, on pourrait dire que mon appartement fait gosse de riche et c'est ce que je suis. Mais j'ai vraiment essayé de me détacher de cette vie à Londres, sans succès. Faut croire que cette cuillère en argent est scotchée à ma bouche. "Je t'interdis de te payer ma tête Jeanne." Je lui tire la langue et me dirige aussitôt vers la machine à café.

Je m'excuse à nouveau pour cette extravagance. Pourquoi est-ce que je m'excuse autant? Pourquoi est-ce que je dois absolument m'excuser pour mon appartement? Putain, j'me suis même plus. "Aucun problème, tu sais. et puis ils sont sympas tes murs en briques. ça fait penser aux rues de londres... j'y suis allée une fois avec une amie, à l'improviste." Un flash d'Anouk me revient en tête. Il y avait cette fille un peu bizarre quand j'étais gosse à mon école. Jeanne y ressemble atrocement, mais je laisse faire cette histoire, de toute façon, elle ne me connait pas alors pourquoi elle me mentirait? "Londres c'est joli, mais c'est un aimant à problèmes." J'essaie de lui sourire franchement, mais cette histoire à Londres, Anouk, Jeanne, ma mère, mon père, putain que ce n'est pas facile à mettre ça de côté.

"Alors monsieur ansel, à part le café et les murs en briques qui me font penser à Londres, vous faites quoi dans la vie?" Je la regarde en souriant et prend place à côté d'elle, posant mes mains sur mes genoux en frottant nerveusement. Je m'éclaircis la gorge, mais je ne sais pas quoi dire. "C'est compliqué. Disons que je viens à Bristol pour une nouvelle vie." Je ne peux pas en parler. Bah non, si c'est une grande gueule, elle pourrait en parler à des potes, les filles sont toutes comme ça. Et si elle parle à des potes, bah ma mère me retrouve et j'serai forcé d'aller retrouver ma "petite amie."

Je me relève d'un bond, chassant mes idées dans ma pauvre petite tête. "Et toi? À part balancer des liquides sur un jeune homme que tu dois trouver à ton goût... tu fais quoi dans la vie?" J'éclate de rire en la voyant rougir à nouveau. "Non non, je rigole, transformes-toi pas en tomate s'il-te-plaît! Qu'est-ce que tu fais dans la vie?" J'entends le café couler dans la cafetière et me dirige aussitôt vers la cuisine. Sans plus attendre, je ne fais que foutre la cafetière sur un plateau, rajoute deux tasses dessus, plusieurs petits trucs de lait et de sucre puis retourne au salon.

"Comme au café! J'te jure!"

Spoiler:

les yeux d'ansel pétillent comme avant. ça au moins, ça ne semble pas avoir changé. il s'excuse de toute cette extravagance, de son appartement, ce qui me fait sourire. il m'interdit de me payer de sa tête alors que je ris, et se dirige vers la machine à café tandis que je reste assise sur le canapé, jambes collées. je lui parle de londres, essayant de savoir pourquoi il est là maintenant, qu'est-ce qui a pu changer. en tout cas, il a gardé son argent et son statut social. londres c'est joli, mais c'est un aimant à problèmes. et il a raison. londres a été pour moi un véritable enfer, même si parfois, je rêve d'y retourner, pour y voir les grands bus rouge et ce que j'appelais la grande horloge qu'est big ben.

je lui demande ce qu'il fait ici. ansel s'assoit à côté de moi, légèrement nerveux. quelque chose semble le préoccuper, ou l'avoir percuté. c'est compliqué. Disons que je viens à bristol pour une nouvelle vie. il ne me répond pas vraiment. c'est vague, c'est flou. j'aimerais en savoir plus, mais je m'abstiens. il trouverait ça étrange que je me préoccupe soudainement de lui.

il se lève à nouveau, comme une pile électrique. et toi? à part balancer des liquides sur un jeune homme que tu dois trouver à ton goût... tu fais quoi dans la vie? je vire au rouge tomate, baissant la tête pour me cacher. une mèche de cheveux me retombe sur le visage, comme pour essayer de masquer mes rougeurs, mais ça n'a pas manqué car il éclate de rire. non non, je rigole, transformes-toi pas en tomate s'il-te-plaît! qu'est-ce que tu fais dans la vie? je souris, cachant mes joues de mes petites mains froides. je tombe sur des ansel qui disent qu'ils m'intéressent, qui me propose du café et qui ne veut pas que je rougisse ! je lâche, à moitié amusée, à moitié offusquée. puis je reprends, ayant perdu un peu de ma couleur. je vis la vie comme elle va. je suis serveuse et je casse des verres. je rencontre des gens comme toi, et puis je vis en colocataion avec deux amies.

un liquide sembler couler, et ansel se dirige vers la cuisine et y revient chargé d'un plateau, de la cafetière et du nécessaire pour boire le café. comme au café! j'te jure! un sourire timide se dessine sur mon visage. si il est aussi bon que celui du café, je reviendrais chez toi.

Elle rougit à chaque chose que je dis. Je suis obligé de jouer avec ce trait de caractère qu'elle possède. Jouer, m'amuser et voir ses réactions. Jeanne me rappelle quelqu'un, quelqu'un de mon passé. J'essaie de mettre cette idée de côté et je la taquine une fois de plus. Elle rougit, encore, mettant ses mains devant son visage. « Je tombe sur des Ansel qui disent qu'ils m'intéressent, qui me propose du café et qui ne veut pas que je rougisse! » Elle prend une légère pause avant de reprendre de plus belle. « Je vis la vie comme elle va. je suis serveuse et je casse des verres. je rencontre des gens comme toi, et puis je vis en colocation avec deux amies. » Je hausse un sourcil en souriant comme un gosse. Je m'assois près d'elle et passe mon bras autour de ses épaules. « Menteuse, j'suis le seul Ansel en ville! Et la coloc, j'trouve que c'est chiant. »

J'entends la machine à café et je me lève aussitôt pour aller préparer le plateau. Parce que oui, j'ai un plateau. J'suis un grand gosse qui aime se faire des déjeuners et les manger à mon lit comme un enfant qui se fait servir par sa mère. Je reviens au salon et tends mon plateau, un sourire aux lèvres. « Si il est aussi bon que celui du café, je reviendrais chez toi. » Mon sourire s'agrandit alors que je m'assois à nouveau près d'elle pour préparer nos cafés. « Comme je ne sais pas ce que tu prends ton café. Fais-le et les prochaines fois, je le saurai. » Je lui fais un clin d'oeil et prends une gorgée de mon café fraîchement terminé.

Sans savoir pourquoi, un silence étrange s'installe entre elle et moi. Ça a toujours été comme ça avec moi. Sympathiser, ce n'est pas mon fort. Je fini toujours par installer une distance que je ne comprends pas, du coup on me dit que je suis froid par moment. « Est-ce que tu crois que tu vas mourir à cause du café ou j'aurai une deuxième chance de te voir? » Je me tourne vers elle, un mince sourire aux lèvres, attendant sa réponse. Je ne suis pas du genre à vouloir revoir les personnes. Sympathiser, c'est trop de problèmes, mais il y a toujours cette personne qui arrive et qui chamboule notre vision du monde. HÉ OH! Calmez-vous, je ne dis pas que je suis amoureux. Mais Jeanne, elle est mystérieuse. Jeanne, elle a piquée ma curiosité. Alors Jeanne, je veux apprendre à la connaître. « Alors? »

Spoiler:

j'ai peur que soudainement, il devine tout. qu'il lise dans mon regard la crainte d'être soudainement prise au piège, dans mes mots quelque chose que j'essaie de lui faire deviner, rien qu'un peu. parce que j'ai beau être jeanne pour lui, je suis anouk. et sayann. jeanne. anouk. sayann. tant de monde pour en réalité, une seule entitée.

ansel s'amuse de moi. ma timidité le fait sourire. ça ne me gêne pas, même si j'ai l'habitude. et puis, ce n'est pas comme j'allais devenir plus pâle que je ne le suis. alors que je lui explique que je suis en colocation, il sourit et passe une bras autour d emes épaules. menteuse, j'suis le seul ansel en ville! et la coloc, j'trouve que c'est chiant. je hausse les épaules. moi, j'aime, parce qu'il y a rose. et jules. je ne sais pas ce que je ferais sans elle, même si je ne les connais pas si bien que ça.

et puis il se lève, retirant son bras de mes épaules. j'ai un pincement, presque une caresse, inattendu au cœur : je regrette notre proximité. mais j'étouffe ça dès qu'il revient. comme je ne sais pas ce que tu prends ton café. fais-le et les prochaines fois, je le saurai. puis il boit une gorgée du sien. je tends ma main vers le sucre, en prends un et le plonge dans le liquide encore fumant avant de porter la tasse à mes lèvres. toujours un, parce qu'après un, il y a deux, et puis jamais deux sans trois. c'est un peu comme le tic de se gratter la tête dès qu'il y a une sirène. je lui raconte des bribes de mon vrai moi. des tics que j'ai pris, des chansons que j'ai appris. gratte toi la tête ou tu es mort. et je m'en souviendrais toujours, le jour où j'ai vu la première sirène. je n'avais pas eu le temps de me gratter la tête et le lendemain, j'avais refusé de sortir, décrétant que c'était une question de vie ou de mort. c'était lorsque j'étais encore sayann.

et puis un silence s'installe, alors qu'il y a deux minutes, il me parlait encore. ce silence, il n'est pas vraiment lourd, puisque nous buvons notre café. mais il n'est pas franchement agréable non plus. de toute façon, n'apprécions t-on pas le silence après le bruit ? ansel ouvre la bouche à nouveau. est-ce que tu crois que tu vas mourir à cause du café ou j'aurai une deuxième chance de te voir? cette fois, je souris franchement. alors? comme tu peux le voir, je ne suis pas morte. je me gratte le genou, un vieux tic aussi. donc il y a de fortes chances que tu me revoies. moi qui voulait ne plus jamais le revoir, je viens de lui accorder un second "rendez vous". c'est tellement paradoxal.

Spoiler:

Ce qui est bien quand on vient de Londres, c'est qu'on sait charmer les femmes, même les plus difficiles. On développe le charme des londoniens et c'est tout simplement magique. Étrangement, avec Jeanne, je n'avais pas envie de l'avoir dans mon lit, ou pas tout de suite? De toute façon, elle m'intrigue. Elle pique ma curiosité d'une façon qui ne s'est jamais produite auparavant.

"Toujours un, parce qu'après un, il y a deux, et puis jamais deux sans trois. C'est un peu comme le tic de se gratter la tête dès qu'il y a une sirène." Je la regarde en souriant. Pour une raison que j'ignore, c'est mignon cette manie. Je prends alors trois sucres en lui faisant un clin d'oeil et les plonge dans mon café tout en prenant un peu de crème. "Je ne me gratte jamais la tête lorsqu'il y a une sirène personnellement. Je suis plus du genre à gueuler contre la voiture ou le camion qui passe parce que sa sirène me tape sur les nerfs..." J'éclate alors de rire, sans comprendre pourquoi. La peur d'avoir l'air ridicule?

C'est étrange de se retrouver dans un endroit où l'on peut être soi-même, sans ce cadre qui nous empêche de faire ce que l'on veut. Je lui propose subtilement un deuxième rendez-vous, en espérant qu'elle accepte. J'ai l'impression qu'être ici, dans mon endroit personnel, la met quelque peu mal à l'aise. J'ai envie de me rattraper et de la faire sourire à nouveau. Comme ce sourire qu'elle m'a donné lorsque je lui ai demandé si mon café l'avait tué. "Comme tu peux le voir, je ne suis pas morte." Je lui rends son sourire puis elle se gratte le genou, je hausse donc aussitôt le sourcil avec un mince sourire en coin. Un autre tic peut-être?

"Donc il y a de fortes chances que tu me revoies." Un énorme sourire fait apparition sur mon visage et je termine mon café d'une seule gorgée. "Parfait! Tout simplement parfait!" Je me lève en tapant dans mes mains et prend la télécommande pour trouver une émission. Rien de bon. Forcément. Je me rassois, essayant de cacher ma joie. Pourquoi suis-je si heureux? "Qu'est-ce que tu veux écouter? Est-ce que tu veux un autre café? Veux-tu un truc à manger? Est-ce que..." Je pose ma main contre mon visage, réalisant la façon stupide dont je suis en train d'agir. "Désolé... est-ce que je peux faire quelque chose?"  Je lui donne un sourire des plus sincères, espérant qu'elle ne se sauve pas en courant en voyant comment j'agis comme un imbécile.

je lui explique mes manies que j'ai attrapé enfant. mais je ne lui dis pas que c'est grâce à mon hurluberlu de majordome, qui me montrait, en secret, toutes les merveilles de la vie. le soleil qui brille dès l'aube, les oiseaux qui chantent avec leurs oisillons, ou encore lui qui m'a appris à monter dans un arbre, faire du vélo, chanter et jouer à cache-cache. ce genre de chose que font les parents avec leurs enfants. ce genre de chose que mes parents ne m'ont jamais appris. je leur en veux, de ne jamais m'avoir appris à être une enfant normale. non, il fallait qu'il me dise que je suis supérieure, par ma richesse et ma beauté. que de supercheries. que de conneries, dirait rose. alors à la place, je suis devenue une moins que rien. et je me suis effacée, encore plus que je ne l'étais déjà.

après avoir fini mon petit monologue, il sourit, et je me sens gênée de lui avoir confier ça. à la fois gênée mais libérée. puis mon regard dévie de ses yeux à sa main, qui attrape trois sucres et les plonge dans son café. Je ne me gratte jamais la tête lorsqu'il y a une sirène personnellement. Je suis plus du genre à gueuler contre la voiture ou le camion qui passe parce que sa sirène me tape sur les nerfs... et il éclate de rire, tandis que je l'imagine crier après le véhicule. et je m'imagine me gratter la tête, juste à côté. je souris. l'humain fait des chose étranges et si différentes. nous sommes tous uniques. mais pour certains, je l'étais trop. en fait, j'étais toujours trop. trop bizarre, trop dérangée, trop riante, ou trop silencieuse. jamais assez. et je me demande ce que c'est, que d'être assez.

alors que je lui accorde ce second rendez-vous, il avale d'un traite son café que je bois à petite gorgée et lance un Parfait! Tout simplement parfait! accompagné d'un magnifique sourire. puis le vide se fait à côté de moi tandis attrape la télécommande et allume le téléviseur. rien. puis, comme tout excité ou embrassé, il se rassoit et commence à me poser milles questions. Qu'est-ce que tu veux écouter? Est-ce que tu veux un autre café? Veux-tu un truc à manger? Est-ce que... je suis un peu larguée mais je ne dis rien, béante, avant qu'il ne se rende compte de son attitude changeante. Désolé... est-ce que je peux faire quelque chose? et là, moi qui était muette jusque là, ne peut m'empêcher de rire à pleine gorge. rire nerveux ou simple rire ? je ne sais pas, mais c'est libérateur. essayant d eme calmer, je lui lance, plongeant mon regard dans le sien. je suis désolée, c'était tellement.. inattendu ! je me tapote les joues, avant de reprendre mon souffle et de lui dire. je ne sais pas, qu'est-ce que tu aimes faire ? excepté du café. je lui souris et regarde la pièce, pour trouver quelque chose à faire, n'importe quoi. un piano, une guitare, ou même un truc complètement débile. parce que maintenant, je me sens bien. je me sens moi. si t'aimes jouer à cache-cache, sache que je suis la meilleure pour me planquer !