bang bang i shot you down ▲ sascha et soledad

la genèse du commencement

il y a au moins une centaine de trains qui passent ici chaque jour. des baisers donnés, la tristesse des au revoir et la joie des retrouvailles. toutes ces émotions passent leurs vies ici. à s'en aller puis à revenir. c'est comme la chanson de claude françois, ça s'en va et ça revient. mais on sait pas quand tout cela peut se passer. j'aime aller à la gare. pas que pour prendre des petites doses de marijuana pour me fumer un joint plus tard. regarder les gens ou plutôt les observer. si j'étais une artiste dans l'âme, je trouverais ça beau. mais je le suis pas et en les regardant ça me donne juste envie de pleurer et de rire. des fois je me demandent ce qui m'empêche de prendre un ticket de train et de m'en aller, revoir mon père à londres, parcourir les terres d'ici et d'ailleurs. puis je me rappelle ce qui me retient. ma vie me retient. c'est con quand même de se dire qu'on est tellement attaché à un endroit qu'on ne veut plus en partir. même si on en a marre de vivre tout les jours la même routine, le même quotidien. au fond c'est un plaisir de revivre cette misère chaque jour. l'homme est un masochiste de première et je suis peut-être la première sur la liste à l'être. je me lève et jette un dernier coup d'oeil aux nouveaux passagers qui viennent de sortir. un autre besoin me vient. celui de ma dose. avant j'étais pire que ça. à cause d'un mec, mais surtout à cause de moi, je suis devenue une camée. je pouvais plus vivre sans la drogue, c'était même devenu mon besoin primaire. l'anorexie m'a aussi emportée à cette époque. j'étais complétement fauchée à force de claquer mon argent dans la drogue. la fin de cet épisode ? une rupture et quelques mois dans un centre de désintox. c'était génial. même si on peut dire que je vais bien aujourd'hui, j'ai toujours ce besoin de prendre une dose. peut-être pas tout les jours, mais au moins une fois par semaine. le besoin de planer et s'envoler. partir mais tout en restant ici à bristol. c'est de cette sensation que j'ai besoin. pas besoin de prendre une carte pour savoir ou trouver cela. mes pieds connaissent le chemin. pourtant il y a ce pressentiment. le pressentiment que je vais le revoir, mon cauchemar, celui qui m'a engloutis dans tout ça. on peut pas dire que c'est sa faute. à vouloir trop aider les gens, on se laisse entrainer dans leur merdier. c'est ce qui s'est passé et il m'a pas retenu comme je l'aurais espéré. j'avance encore et encore, bousculant des gens au passage. ça me rend en colère quand quelqu'un me fonce dedans, mais je sais aussi qu'une fille comme moi ne vaut pas plus qu'eux et vu ma force, je risque plus de me retrouver dans un hôpital. je tourne dans le coin, le coin ou tout le monde vend de la came. et je le vois, au fond, entrain de vendre ses nouveaux produits, sortis tout droit de son laboratoire. les souvenirs remontent à la surface et je me laisse tanguer quelques secondes. finalement j'arrive à poser un pied devant l'autre et m'avance vers lui. l'envie de lui arracher son sac de pilules et autres devient trop forte. il en est toujours au même point. "salut sascha." c'est tout ce que j'arrive à dire à fin de ne pas me laisser exploser. il est surprit, ça se lit sur son visage. après tout j'ai disparu de sa vie comme un fantôme.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.