MINI-INTRIGUE N°3 ✤ PAELLA

L'été est de retour, ça va chauffer et, bizarrement, c'est encore en Espagne que je me retrouve à passer mes vacances. Faites place au soleil, à la plage, aux teufs qui n'en finissent plus, au shopping, aux restos. Je sens déjà que ma carte bleue va morfler et que mon pauvre salaire va en prendre un coup. La journée a été riche en émotions, j'ai passé toute l'après-midi à me dorer la pilule. Enfin c'est ce que j'espérais avant que mes colocs débarquent pour se faire remarquer et me jeter à l'eau. Rien d'étonnant. Du coup, on a du rentrer à l'hôtel plus tôt que prévu, pas le temps pour un bain de minuit ce soir, on passe sous la douche pour retirer les kilos de sable de nos cheveux et de nos maillots et on se prépare. Ce soir, on s'pète le bide à coup de paella. « Tu sais qu'il nous suffit de prendre le ferry pour être à Ibiza ? Les meufs sont trop bien gaulées là-bas, j'te jure. » Je glisse à Adam en enfilant un chapeau de paille géant sur ma tête. Puis je file sans attendre personne jusqu'au restaurant spécialement réservé pour nous, les petits british. Sur place, c'est quasi désert, les gens ne sont pas encore arrivés. Je m'attable en regardant partout, comme une gosse, impatiente de goûter aux spécialités du pays. D'ailleurs, mon instinct repère directement le bar où sont disposés de nombreux cocktails multicolores et sans doute fortement alcoolisés. Aaah, cette soirée promet.

le soleil, la plage, le beau monde. ce voyage-là, j'lavais pas vu venir. mais bordel, qu'est-ce que j'suis heureux. il fait beau, il fait chaud, les jolies filles se dévoilent et tous les mecs sont à l’affût. l'espagne me plaît vraiment, et je sens que ce voyage va être intéressant sur tous les fronts. depuis le début, tout ce que j'ai foutu, c'était foutre  la merde et amener l'ambiance partout où j'allais. je compte pas arrêter, ce soir, j'ai entendu parlé d'une soirée paella. l'occasion rêvée, où bouffe typique et fête sont réunis. ce soir, c'est que le début. j'arrive avec les colocs sur le lieu du rendez-vous, tout est là. cocktails à volonté, bonne musique et couleurs vives, j'suis content. "tu sais qu'il nous suffit de prendre le ferry pour être à ibiza ? les meufs sont trop bien gaulées là-bas, j'te jure." me lâche chuck. "c'est vrai que vu les thons avec lesquels j'me trouve, c'est plutôt tentant." dis-je en lui lançant le regard de vipère. j'vois sa mine tellement désespérée, je sais qu'elle m'aime de trop, mais tout de même. j'lui enlève son chapeau, beaucoup trop grand pour elle, et lui frotte les cheveux frénétiquement, fier de ma remarque. à ça, elle s'en va découvrir l'ensemble des festivités proposées, toutes les possibilités. et c'est sans surprise que je la vois s'en aller en direction du bar. j'esquisse un sourire, puis je me motive. allez mon gars, défonce-toi, et bouffe de la paella jusqu'à en crever. l'endroit étant peu peuplé, j'me décide à ambiancer la piste en improvisant une petite danse digne d'un professionnel. je cris et je me surpasse, un verre à la main, une crevette sur une fourchette dans l'autre. j'entraîne les personnes présentes, sous les rires et les acclamations de mes colocs. c'est ça qu'on aime.

Enfin l'été. T'avais pu sortir de ton appartement, fuir les colocs une petite semaine ainsi que tout le travail qui t'attendait à ton retour. Les clients n'avaient jamais été aussi nombreux, et c'est pour ça que t'avais décidé de t'échapper de ton quotidien qui te semblait devenir un peu trop monotone. Un petit voyage en Espagne était tout ce qu'il te fallait. Tu savais que t'allais y retrouver Chuck et quelques autres, mais ça ne te dérangeait pas, bien au contraire. Une soirée paella avait été organisée au bord de la plage, et tu avais bien l'intention d'y participer, ou plutôt de t'y incruster. Les mains dans les poches, tu t'approchais du feu et surtout de la nourriture, te servant une immense assiette. En cherchant du regard des connaissances, tu tombais sur Chuck, qui regardait un mec danser plutôt bizarrement. " Salut toi. " Un petit sourire, suivi d'une grande bouchée de paella. Trop grande apparemment, vu la quinte de toux qui manqua de te faire tomber dans le sable.

l'espagne.. il fait chaud, les meufs voient l'effet du soleil embellir leurs peaux, réduisent les couches de vêtements et toi, tu baves un peu plus. le bonheur. t'arrives au restaurant en short de bain : ta valise a disparu pendant que t'étais à la piscine avec andy. un des colocs l'a planqué quelque part dans l'hôtel. adam? chuck? kaya? ady? c'est la question à laquelle t'as décidé de répondre ce soir. tu rigoles et sirotes des coktails, l'air de rien, mais en réalité t'as l'oreille tendue et tu regardes attentivement les colocs, à l'affut d'une discussion, d'un indice. kenny le détective. torse-nu alors que la nuit est tombée, tu te la joues comme si c'était normal. de toute façon il fait encore une chaleur à crever à cette heure. tu te sers une assiette de paella xxl, prêt à rejoindre les colocs, et une silhouette apparaît à table. jules, la collègue d'andy. sans te faire prier, tu viens t'asseoir à côté d'elle, lui lançant un sourire made in kenny en essayant de pas trop loucher sur son corps. hey, t'aurais pas croisé une valise sauvage abandonnée dans l'hôtel? c'est pour un sondage. mais oui, un sondage, ça passe crème, c'est sûr.

glissée dans un long débardeur, les jambes dévoilées, tu rejoignis la soirée paella. c'était ta blonde qui t'en avais parlé. pourquoi pas, tu lui avais dis. te voilà, les deux jambes allongées sur le siège en face de toi, une assiette de paella à moitié commencé devant toi, les yeux rivés sur chuck. t'aurais pu lui sauter dessus, la couvrir de bisous en commençant à blablater de tout et de rien. une soirée banale, heureuse. si le tatoué était pas arrivé avant toi. t'es pas en colère. frustrée oui. en colère non. t'es pas discrète à les fixer comme si ils avaient écraser ton chien. tu tortures ta fourchette, ennuie en vue. tu passes de chuck, à louis, au mec qui enflamme la piste de danse sous les acclamations de tous le monde. y en a qui s'amuse au moins. y a un peu de bruit à côté de toi, tiens, du mouvement. tu détournes à peine les yeux. tiens kenny. tiens, il est bien foutu, mieux que ce que tu croyais. tu pensais pas qu'il te remettrait. peut-être pas, peut-être qui s'en prend à la première bronzée qui passe. tu souris un peu. « pourquoi ? personne doit découvrir que tu portes des slips bob l'éponge ? c'est secret c'est ça ? »

tu la regardes droit dans les yeux, pris au piège. elle est mignonne, jules. grand sourire accroché aux lèvres, tu louches pas sur son décolleté, t'as pas envie qu'elle t'imprime sa main sur la joue. allez, allez, soit un gentleman kenny, tu peux le faire. des slips bob l'éponge? noooon mais attends, j'en ai un, deux à tous casser ! et c'est des caleçons, d'abord. moue boudeuse, tu croises les bras, et à peine trois secondes plus tard un sourire en coin ré-apparaît. vu que j'ai plus de fringues tu pourras me prêter des culottes? gentleman fail. t'éclates de rire, bêtement, fier de ta connerie. tu poses ta main sur son genoux, presque amicalement, histoire de montrer que tu déconnes. de toute façon, ta réputation n'est plus à faire, niveau connerie t'es bientôt senseï. allez, allez, on repasse en mode gentleman, gamin charmant qui voudrait apprivoiser la lionne. t'attrapes sa main, prêt à l'attirer sur la piste. tu m'accordes une danse ma belle?

« balade toi à poil ... non mais j'suis sérieuse en plus. » conversion banale. tu lui tires la langue, incapable de rester sérieuse plus longtemps. waouh, tu sais pas comment sa main est apparue aussi vite sur ta cuisse, comment de l'autre il t'as agripper les doigts. « quoi ? je vais devoir me coller à toi pour te rendre sexy c'est ça ? » comme si ça te dérangeais de devoir te rapprocher. t'attends que ça depuis qu'il a posé sa main sur ta cuisse l'air de rien. genre mais non, je me force pas du tout à te regarder dans les yeux. mais non la main sur la cuisse c'est juste un réflexe. ça te fais sourire. tu te laisses traîner sur la piste de danse sans vraiment de conviction. t'as envie de fuir, mais Ken il sait pas ce que tu fais de tes soirées, et c'est pas aujourd'hui qu'il aura l'info. alors tu le laisses faire, tu le laisses te faire tourner à bout de bras avant de revenir contre lui. ton cœur bat au rythme des basses. t'oublies tes conneries le temps d'un battement de cils. le temps d'un frôlement contre sa peau. le temps d'une seconde tu n'es plus qu'un pas de danse. les basses changent, s'impriment sur ton grain de peau. tu te raccroches à son torse, une main accrochée à sa nuque, les lèvres trop près de son oreille, t'apprêtant déjà à quitter la foule. « tu n'avais dis qu'une danse. »