MINI-INTRIGUE N°4 ✤ SURF

Ce matin, je me réveille dans des draps plus que propres (ça me filerait de l'eczéma tellement c'est propre et doux) et avec une furieuse envie de profiter à fond de cette première journée de vacances gratuites. Je me lève vite et enfile un short et un débardeur. Sur ma table de nuit, des tickets spéciaux m'ont été offerts par les émissaires de la dénommée "Bitch", des tickets qui me permettent de faire gratuitement des activités proposées près de l'hôtel de Tarragona. Un coup d'oeil vers la plage, la mer, et les vagues qui s'agitent derrière la fenêtre de ma chambre... il n'en fallait pas plus pour me faire détaler vers la chambre de Billie, juste à côté de la mienne. Je déboule en lui hurlant qu'on va aller faire du surf.
Il devait être midi quand on a présenté les tickets à un gars qui nous a attribué un casier pour ranger nos affaires, qui nous a trouvé des combinaisons et qui nous a prêté deux planches de surf. Je suis tombée amoureuse de la mienne, une planche verte avec des motifs triangulaires qui me rappellent fortement la forme des feuilles des plantes qui poussent dans ma serre, chez moi. Bon, le seul truc qui fait que les motifs ne représentent pas ce à quoi je pense, c'est la phrase "I am a crocodile" qui barre ma planche dans la longueur.
On a déjà surfé ensemble, BJette et moi. Mais ça remonte à près de 4 ans, lors du road trip qui nous a rapprochées. Will avait tenté de nous apprendre. Mais depuis... Peut-être avons-nous oublié ? Nous prétendons savoir surfer pour qu'on nous fiche la paix avec des leçons qui n'en finiraient pas. Planches en main, on file vers l'eau. La course me rappelle celle qui précéda notre premier bain de minuit. Quand nos pieds heurtent les vagues mourantes sur la plage, un frisson d'euphorie me parcourt le dos. "T'as déjà pris un bain de midi ?" je demande à Billie en tournant la tête vers elle, un sourire joueur affiché sur la gueule.

T’es réveillée par le bruit des vagues. Sous tes paupières y’a comme l’océan qui se dessine. Tu sens la brise marine caresser ton visage et la chaleur du soleil sur ta peau. T’ouvres les yeux sur l’immensité bleu que t’aperçois à travers la baie vitrée grande ouverte de votre chambre d’hôtel. Ça changeait de la vue que vous aviez de votre appart à Bristol. Dépaysement total. Tu reportes ton regard endormi sur le visage paisible de Kill, encore dans les bras de Morphée. Ton corps contre le sien, tu sens ton visage s’illuminer d’un sourire. Le genre de sourire niais qui pue le bien-être et qui dégouline d’amour. Bref, t’as pas vraiment le temps de savourer ce moment et de te complaire dans ce délire parce que Rose déboule comme une dingue dans votre chambre- alors que t’as le cul à l’air et Kill, la bite- pour gueuler que vous allez faire du surf. T’es direct opé et essaies de motiver Kill pendant que t’entends Rose aller réveiller le reste du couloir. Au final, vous ne partez qu’à deux, espérant tout de même que les autres vous rejoignent plus tard.

Arrivées sur place, vous observez l’océan quelques instants afin de voir si au moins il y avait des vagues dignes de ce nom. Faut dire que pour surfer il fallait des vagues. Logique. Vous constatez qu’effectivement ça bouge. Vous enfilez donc vos horribles combinaisons et chopez vos planches sous le bras avant de vous mettre à courir vers l’océan comme des dingues. D’ailleurs, ce moment te rappelait fortement le jour où vous aviez goûté aux « joies » du surf avec Rosie. Les gamelles que vous vous étiez prises étaient plutôt épiques et Will qui désespérait de voir que vous n’écoutiez que dal. C’est pourquoi en y repensant tu ne peux t’empêcher de lancer un regard complice à Rosie, ce à quoi celle-ci te répond : « T’as déjà pris un bain de midi ? » tu savais exactement à quoi elle faisait allusion : votre première rencontre suivie de ton premier bain de mer. Désormais, l’océan n’était plus quelque chose de nouveau pour toi. Tu lui rends son petit sourire espiègle, l’œil pétillant, et te précipites vers l’eau en hurlant un : « WAZZAAAAA !!! CHOPES LA VAGUE MA SŒUR ! » Tu balances ta planche sur l’eau et saute dessus à plat ventre en te mettant à ramer avec tes bras pour aller chercher les vagues. Tu sentais déjà la cata.

Pour la millième fois depuis que t'as fait la connaissance de Rose, t'es réveillée par ses cris, retentissant dans la chambre voisine. Grognements. Tu te tournes vers Don, essayant d'ouvrir les yeux et boum. Tu te retrouves le cul par terre. Pour le réveil en douceur, on repassera. Voilà, vous êtes les deux seuls cons à vous être tapé une chambre avec deux lits une place. Les coller c'était une bonne idée à première vue, mais au cours de la nuit un trou s'était creusé entre les deux matelas et ça expliquait que tu te retrouves face contre terre. Tu te redresses tant bien que mal, te glissant au dessus de l'ours endormi pour le secouer un peu. Elles parlent de surf à côté. debout, voyou. Il bouge pas. Tu te douches et déjeunes en prenant ton temps, de toute façon les filles sont déjà parties. T'as bien vingt minutes de retard sur les filles mais t'es déterminée à les rejoindre. Tu colles un post-it sur le front de Brandon, au cas où il finirait par se réveiller, et tu rejoins la plage, te débarrasse de tes affaires et te munit d'une planche. T'enfiles que le bas de la combi, parce que le haut te transforme en planche de surf à part entière et de toute façon tu crèves déjà assez de chaud. T'aperçois les filles déjà prêtes à prendre la vague et les rejoins, ramant, te prenant les éclats des vagues dans la gueule. LES MEUFS ! T'essayes de mettre debout sur ta planche mais un rouleau te balaye et tu retombes à l'eau comme une merde. Une vraie sardine quoi.  

L'été, c'est vraiment pas ta came. Alors que tout le monde te vante les mérites de cette saison depuis le début du voyage, tu t'dis qu'au fond c'est justement le soleil ton problème. Ici, il fait chaud. Trop chaud pour un glaçon comme toi. Et y'a les moustiques et cette chaleur qui t'empêchent de dormir la nuit. C'est pour ça que tu compenses en faisant la fête comme tu ne l'aurais jamais fait ailleurs, à Bristol ou Détroit. Tu t'autorises les cuites, les joints un peu trop chargés, les bains de minuit, les barbec' à trois heures du mat'. Et le surf ? Tu promets rien, mais tu souris en voyant le post-it que la tigresse avait gentiment laissé sur ton front. Tu cherches pas à comprendre plus longtemps quand tu remarques que la moitié de tes potes s'est déjà barré à la plage. Nikki et Kill sont encore les seuls à pioncer, bien attachés aux bras de Morphée. Casquette sur la tête, t'enfiles juste un short de bain et tes vieilles espadrilles de touriste. En coinçant une clope entre tes lèvres, tu commences à rejoindre le groupe vers les planches de surf alors que le soleil te cogne déjà sur la tête. Tiens, ça va déjà te mettre grognon, si tôt le matin. Ah non, l'après-midi. Puis tu vois la gueule de la combinaison et tu t'dis qu'non, c'est mort. Les vagues donnent envie mais tu t'vois déjà te rétamer à peine un pied sur la planche. Alors tu tires sur ta clope en te laissant tomber, le cul sur le sable.