MINI-INTRIGUE N°1 ✤ JETSKI

Tarragona. Le loup, il avait fini par atterrir dans cette petite ville pas de loin de Barcelone. Encore une fois c’était le business qui l’y avait mené. Pourtant, Zeev, t’avais pas pu résister à l’appel de la vitesse. Non, t’avais pas pu. Tes yeux ils s’étaient mis à briller comme ceux d’un goss quand t’avais vu ces petits joujoux entrain de flotter sur l’eau. Dans tes prunelles y’avait cette lueur de convoitise qui s’était allumée. C’est bon, t’étais déjà parti dans ta tête pour glisser comme un taré sur les eaux. Ni une ni deux, ta décision est prise. Tu te payes une virée en jet-ski. T'enfourches donc l’engin- non sans une certaine excitation en sachant déjà les sensations qui t’attendaient- et démarre en trombe les mains bien agrippées au guidon, lancé pour un moment de pur kiff.

Ce n'est rien, sinon la curiosité, qui m'a fait accepté ce voyage merdique. C'est qui, cette Bitch, dont tout le monde parle ? C'est qui cette meuf qui se croit meilleure que moi ? Sans la connaître, j'ai déjà une dent contre elle. J'en pense toutes les saloperies du monde. Et c'est pour évaluer ses compétences de Bitch que j'ai décidé de me ramener en Espagne. Pour rien d'autre - bon, ok, peut-être aussi parce que ça fait des vacances gratuites et des soirées branchées offertes, mais c'est sûr que sans les beaufs de Bristol, ça aurait été bien mieux. Une bitch digne de ce nom n'invite pas les pouilleux.
Aujourd'hui, the Bitch nous paye le jetski. J'aimerais bien voir sa gueule, décidément, mais elle vient pas. Je suis sûre qu'elle a pas de maquillage water PLOUF et qu'elle a peur d'avoir l'air débile. T'façon, je lui prêterai pas mon maquillage. No way. Elle a du fric, visiblement, elle se démerde.
Je suis jamais montée sur un jetski. Je ne le montre pas, mais j'ai peur de me ridiculiser. J'enfile le gilet de sauvetage qu'on me donne, non sans râler et faire une moue de dégoût, parce que je sais que je ne suis pas la première à le porter. C'est dégueulasse. Je râle tellement que je m'attarde, en reprochant aux gérants de ne pas être professionnels. J'aurais pas dû. Parce que le reste du groupe n'a pas perdu un seul instant et les jetski les plus beaux sont déjà pris. Je suis obligée de m'en taper un rose. Mais je mets pas ma fierté de côté pour autant, je reste droite, digne, et distinguée, sur ma monture de merde.
Je me lance. Maladroitement. J'étouffe des petits cris quand je manque de perdre l'équilibre et je fais ce que je peux pour ne pas montrer ma galère aux autres, qui s'en sortent pas mal. Puis, je prends un peu de vitesse et je hurle aux autres "Poussez-vous, JE passe." Et ils ont plutôt intérêt à se pousser parce que sinon...
J'en profite pour sonder des proies potentielles. Les mecs sont pas mal, dans le coin. Mais je veux pas approcher les pouilleux. J'observe tous les jetski. Au loin, j'en vois un. Une silhouette familière. C'est Zeev. Il n'est pas venu avec nous en Espagne, mais je reconnais son attitude et la forme de son visage. Pour être sûre, je m'approche. "Zeev ! Hé ! Zeev ! Youhouuuu !" Je crie en agitant une main. Il a l'air à fond dans son délire de vitesse, mais c'est le seul à qui le gilet de sauvetage dégueulasse va bien. Ça le rend encore plus sexy. En fait, j'ai peut-être une occasion de me rapprocher de lui... Quand au loin je vois son jetski se tourner vers le mien pour une nouvelle ligne droite, j'agite encore plus vivement la main. "Hé ! Zeev !" Une vaguelette vicieuse vient secouer mon jet et je manque de glisser de mon jet. Une idée naît alors dans ma tête... Je me laisse tomber à l'eau. Tant pis pour les fringues mouillées. Zeev va venir sauver la demoiselle en détresse.