and i'm ready to jump (jules)

Promis, ce soir elle rentre tôt. Ses épaules veulent plus d’elle debout, après des heures dans son grand fauteuil, elle a fini pas se dire que sauver tout le monde en vingt-quatre heures était difficile. Noam est pas une justicière, elle a du mal à se défaire du poids de ceux qui lui posent toutes les énigmes entre les mains. Les angoissés chroniques sont les plus retournés et, elle sait pas encore anticiper leurs paniques, aussi n’est-elle qu’à l’essai. A l’essai dans sa vie, elle avance une case sur deux, les gosses font pareil. Faut pas toucher les lignes, sinon on recommence, vite chaotique. Y a un ou deux yeux sur elle, elle est plus sûre de rien avec son apathique ennemi entre les lèvres, elle l’a plus ou moins piqué à celui à plusieurs kilomètres d’elle. Il s’appelle comment déjà, celui qu’elle aime ? - Et ensuite, elle reste dans ses rues, ses rues s’arrêtent pas de tourner, elle a sans doute la gorge empourprée et les sentiments à l’envers, et voyez les murs penchent maintenant - Il est tard, Noam a pas suivi les mots gentils de ce matin, elle a encore disparu. Peut-être sa tête sur des affiches imaginaires la fait-elle se sentir mieux ? Mais elle sait plus où est l’antibiotique, elle arrive plus à faire s’évaporer la pastille de rêve dans le fond du verre. C’est ce jour-là qu’elle l’a trouvée, Jules. Jules ne voulait pas rentrer. Noam ne voulait pas rentrer. Et leurs gorges étaient prises de détresse. Et elles croisaient les bras derrière le dos, pour s’innocenter un peu.

Spoiler:

   
and i'm ready to jump.

jules, ce soir-là, elle avait pas voulu retrouver sa chambre trop clean, trop blanche. elle avait pas voulu passer devant cette porte d'immeuble, celle qui abrite les bons souvenirs. jules, elle se refait le chemin. l'escalier maltraité par les cavalcades, le palier un peu trop sombre, la porte en bois fendillée par les agressifs poings, et puis, ses bras qu'elle retrouvait dans une douceur infini. ses tatouages qu'elle refaisait tous les soirs, jusqu'à ce que ses paupières se ferment, comme d'autre compte les moutons. en ce temps-là, elle avait le sourire jusqu'au yeux, éblouis d'amour. ses ovales paumées sur le bitume poussiéreux et abimé, c'est ce soir là que la brune a rencontré la brune. les deux un peu paumés, leurs chemins se croisent pour mieux les séparer après. alors jules, elle profite du croisement, assise sur le palier d'une maison à l'abandon, sa tête avait finit par heurter les genoux de noam, venant si caler comme sur un oreiller, les pensées avec. elle s'est un peu égratinée sa peau sur le bras, pour lui rappeler qu'elle est loin d'être invincible jules. les yeux rivés au ciel dans une prière silencieuse. la peau un peu collé à celle de l'inconnue. « je veux devenir insensible. moins conne surtout. » qu'elle confie à noam. révélation d'une nuit.

Météorite, météorite, elle t’es tombée dessus. C’est le reste de l’univers, il a été aspiré par le trou de verre que vous avez posé en ville, toi et Jules, les voitures vous sont passées devant avec le rythme carabiné d’une chanson hasardeuse aux paroles indistinctes. Noam a levé ses ovales préoccupées sur le macadam, ils avaient disparu à bord de leur quatre-quatre bourré, ses lacets embrassaient l’sol, Jules s’appuyait à ses jambes, Noam gardait les deux mains en l’air. On l’a prise de court, dans un vol à main armée, mais c’était Jules. Jules qui venait de tomber d’son toit. Ah elle en ramassait plein des anges blessés, elle hésitait toujours à les soutenir de ses bras maladroits. Elle lui fait confiance, maintenant, c’est Jules qui lui murmure les prières qu’elle pense dernières, le feu est passé du rouge au vert, doucement Noam s’est installée, trousse de secours, s’occupant de pas la perdre elle. S’occupant de la ramener, mais elle voit encore des nébuleuses se former. Je pense pas que la connerie soit en option, Jules. T’aurais voulu croiser une autre tête, qui te ramène au creux d’son épaule, même épuisée, t’aurais voulu que Jules soit au chaud, dans ses bonheurs incomplets. Mais Jules était là. Toi aussi. Sur une échelle de un à dix. Où elle se situe, ta douleur ?