OH MA BELLE AMIE, OH MON ANGE GRIS. POURQUOI LES JOURS SONT SI COURTS AVEC TOI?
chapter one ▷ En train de galoper sur ton cheval imaginaire, dans ta tenue de Woody, tu cours dans la grande demeure des Pleskun. C'est le grand silence même si toi, tu gueules comme un malade en récitant les phrases de Toy Story. D'ailleurs, c'est ton film préféré et maman t'appelles Woody depuis déjà quelques semaines. T'adores ça. Tu te sens comme un héros. Tu passes devant le bureau de papa et tu t'arrêtes net. Plus un bruit. Papa, il est toujours dans son bureau en train d'écrire des livres, des histoires dont il vient te raconter tous les soirs la suite. Papa, c'est ton héros. Tu ne passes pas beaucoup de temps avec lui, mais tu l'idolâtre. Tu es là, devant sa porte, et tu essaies d'entendre ce qu'il fait. Tu sais très bien que tu n'entendras rien. Écrire, c'est dans le silence, dans la concentration absolue. Tu poses ton oreille contre la porte et tu l'entends marmonner quelques mots et phrases. Un mince sourire aux lèvres, tu tournes lentement la poignée et tu restes planté là à le regarder. Il te ressemble énormément, mais il a toujours cet air sévère au visage lorsqu'il est concentré. Tu t'approches lentement et pose ta tête contre son bras en essayant de déchiffrer ce qu'il a écrit. Tu ne comprends pas. Tu es trop jeune et pour toi, c'est du charabia, mais tu aimes t'imaginer ce qu'il a bien pu t'écrire.
"C'est quoi l'histoire papa?" Lui dis-tu en relevant la tête pour planter ton regard dans le sien. Aussitôt, son visage s'adoucit et il te prend pour te poser sur ses genoux.
"Hé bien tu vois Benjamin, c'est une nouvelle histoire que papa doit écrire. Tu veux que je te raconte?" Tu hoches la tête à une vitesse hallucinante et tu entends le rire de ton père dans toute la pièce. Il te prend dans ses bras et t'amènes à ta chambre pour lire son histoire. Tu l'écoutes d'une oreille attentive alors que lentement, tu tombes dans un sommeil profond. C'est ce que tu aimes le plus chez ton père. Il a une voix qui t'as toujours bercé et rassuré. Même s'il était énormément occupé avec son travail, il a toujours trouvé le temps de te raconter milles et unes histoires pour te rendre heureux. Ton papa, du haut de tes quatre ans, bientôt cinq, c'est ton héros et ce, depuis toujours.
chapter two ▷ Maman est comme une sirène à tes yeux, comme Ariel la petite sirène. Elle se promène partout dans la maison en fredonnant chaque jour une mélodie différente. Tu aimais bien essayer de deviner ce qu'elle fredonnait, mais jamais elle ne te disait le titre ou continuait la chanson. Elle adorait garder une part de mystère, prétextant qu'en ne sachant pas la suite, tu peux te permettre de la créer toi-même selon tes goûts et tes envies. Puis il y a eu ce jour où elle est tout simplement arrivée dans le salon alors que tu regardais Pokémon, ton dessin animé favoris depuis tes sept ans. Maman te traite comme un prince. Elle t'achètes tout ce que tu veux, mais en te rappelant très bien de ne pas te prendre pour le nombril du monde. Ta sirène arrive dans la pièce et tu sens ses bras t'enlacer. Tu relèves la tête et elle semble te cacher quelque chose. Là, derrière son magnifique sourire.
"Qu'est-ce qu'il y a maman?" Lui demandes-tu, visiblement intrigué par ce sourire sorti de nulle part.
"Viens avec moi Woody, je veux t'apprendre une nouvelle chose!" Tu te lèves d'un bond en demandant ce qu'elle veut t'apprendre, mais elle refuse de répondre. Elle te prend tout simplement par la main et t'amènes dans le sous-sol où elle te montre un truc gigantesque. C'est beaucoup plus grand que toi, noir, un long panneau bourré de touches blanches ainsi que certaines noires. Tu regardes attentivement cette chose et essaie d'appuyer sur une touche. Mais ta mère t'enlèves aussitôt la main en riant légèrement. Elle finit par prendre place sur un banc placé à l'avant de cet énorme objet et te fais un léger clin d'oeil.
"Ça, Woody, c'est un piano. L'instrument favori de ta maman." Les yeux remplit d'émerveillement, tu l'écoutes jouer et chanter. Tu l'avais toujours entendu fredonner, mais jamais chanter à pleins poumons comme elle le fait maintenant. Tu t'assois au sol et la fixe, un petit sourire aux coins des lèvres. Aussitôt qu'elle termine, tu en redemandes, mais elle t'invite à t'asseoir à côté d'elle. Ce que tu fais sans hésiter et c'est là, à ce moment précis, que tu as eu la piqûre de la musique alors que ta mère te montrait comment jouer du piano. Tu pouvais passer des heures avec elle, dans le sous-sol bourré d'instruments de musique, à apprendre le piano, la guitare, le violon et même le chant. Tu es devenu passionné bien rapidement, revenant tous les jours de l'école pour continuer d'apprendre. Ton père adorait vous regarder jouer, vous surnommant "les huitièmes merveilles du monde" à ses yeux. Ces moments sont resté gravés dans ta mémoire et ils figurent parmi les plus beaux de ton existence. Il t'arrives encore, aujourd'hui âgé de vingt deux ans, de retourner chez ta mère pour jouer de la musique en chantant.
chapter three ▷ T'essaies d'écouter ta prof parler, mais les mathématiques, tu détestes. Le pire dans cette histoire, c'est que tu ne t'es jamais intéressé à l'école, mais tu as toujours excellé. Presque toujours premier de classe, t'as de trop bonnes notes pour ta gueule d'ange. En plus, avec ta gueule d'ange, tu pourras foutre le feu à un autre mec dans la classe et les professeurs diraient que c'est de sa faute. Tu regardes le tableau, te perds dans tes pensées. Qu'est-ce que t'es censé manger pour dîner au fait? Tu crois avoir oublié de sortir les poubelles hier, tu n'es pas certain. Puis un énorme coup se fait entendre devant toi alors tu sursautes comme un malade.
"Debout Benjamin!" La prof a l'air clairement énervée et par réflexe, tu soupires en roulant des yeux. Elle fout un autre coup sur ton pupitre et te fusilles du regard.
"On se calme madame. On sait tous que la réponse c'est neuf." Elle cligne des yeux quelques fois, comme si elle avait une poussière dans l'oeil. Elle jette un oeil au tableau et réalise que tu as raison.
"Je... D'accord..." La classe entière éclate de rire au même moment et tu te permets, à ce moment précis, de retourner dans tes pensées. Un coup d'oeil au tableau, tu donnes la réponse, tu cloues le bec à la prof et tu retournes là où tu te sens bien : dans ta tête. Putain qu'il se passe des trucs étranges là-dedans, mais tu t'en fiches. Les autres sont trop compliqués à comprendre. Tu continues de jouer dans ta tête les meilleurs hits du moments, pianotant sur ton bureau, sous les regards intrigués des autres personnes de la classe.
chapter four ▷ Le temps du lycée avait été pénible pour toi. Tu préférais écouter tes pièces de musique classique pour te rappeler des partitions au piano. Tu préférais être dans ton coin pour dessiner des portraits des personnes que tu croisais. Tu étais à la limite un antisocial, mais avec ta gueule d'ange et ton air mystérieux, les filles t'aimaient. Voir trop.
"Qu'est-ce que tu fais dans ton coin Pleskun?" Tu relèves la tête en entendant une voix. Tu vois alors une belle blonde. Tu crois l'avoir croisé dans les corridors, mais tu n'es pas certain.
"Quoi?" Elle te fait alors un énorme sourire. Ce genre de sourire qui te fait tomber dans les vapes.
"Qu'est-ce que tu fous dans ton coin Pleskun?" Tu grognes intérieurement. Tu détestes quand les personnes t'appellent Pleskun.
"Woody." Elle te regarde comme si tu venais d'une autre planète.
"Woody?" Tu la regardes à ton tour, mais avec un énorme sourire aux lèvres.
"Appelle-moi Woody, comme le cowboy dans Toy Story. C'est mon surnom." C'est ainsi que ça a commencé, toi et la belle blonde. Vous avez parlés, vous êtes allés dans les toilettes, vous avez chopés des comprimés et fumés de l'herbe puis vous êtes allez chez elle. Là-bas, tu savais que tu allais passer le cap. C'est toujours ça de toute façon. Tu te drogues comme un con, tu finis même par te saouler parfois, mais tu finis toujours chez la fille pour te la taper. Alors qu'elle est là, en train de gémir ton nom, tu repenses à tes cours. T'as un projet à terminer. Sans que tu ne le réalises, la belle blonde décide de s'enlever de toi pour continuer le travail manuellement. Tu roules des yeux et retourne dans ta tête. C'est le seul endroit où t'es bien. Tu la regardes faire et quand c'est enfin terminé, tu ramasses aussitôt tes vêtements.
"Putain c'était trop bon." Tu te retiens pour ne pas rire, mais un sourire en coin reste sur ton visage puis elle te grille.
"C'est quoi ce sourire d'imbécile?" Tu relèves la tête et pointe ton sexe en éclatant de rire.
"Peut-être que pour toi c'était bon, mais moi, il est déjà tout mou. Donc j'peux pas dire que j'ai prit mon pied." Elle ne répond rien, elle a la bouche grande ouverte alors t'en profites pour te sauver en lui disant rapidement "aurevoir."
chapter five ▷ Maintenant, t'es toujours aussi con, toujours autant dans ton coin et t'as encore cette addiction à la musique. T'es dans un appartement, mais tu joues toujours d'un instrument ou t'es toujours en train d'écouter de la musique. Tu peux pas t'en passer et c'est même tes études. Certains te trouvent toujours aussi étranges. Après tout, ils ont grandit avec toi et ils ont toujours remarqué que tu étais différent. Pourtant, tu te tapes plus de filles que la moitié des mecs que t'as connu, ce qui te fais éclater de rire à chaque fois. Tu n'as jamais été en couple, c'est une peur qui te glace le sang. T'as pas envie de finir comme certaines personnes que t'as connu et de devenir déprimé. Du coup, tu restes dans ton appartement, tu peins, tu dessines, tu joues du piano ou encore de la guitare, tu fredonnes des airs, tu écris des partitions et tu te pratiques même à tatouer. Tu passes ton temps, loin de la race humaine parce que franchement, ils sont trop cons.