your heart is unobtainable even though lord knows you have mine.

your heart is unobtainable even though lord knows you have mine.

T'as fondu en larmes en lisant l'article du barman, naïvement. Fatiguée par ton travail, fatiguée d'être constamment trahie. Tu ne veux plus le voir, tu l'as prévenu. Tu veux juste récupérer tes affaires et il n'a pas intérêt à être dans tes pattes. T'as surtout pas envie qu'il te voit dans ton état actuel, t'es plus qu'un nuage humide qui déverse la pluie sur son passage. T'ouvres la porte avec le double de clé qu'il t'avait passé avant de le poser sur la commode, t'en auras plus besoin maintenant. Tu te déplaces rapidement dans l'appartement, sans faire attention à rien mais sans surprise, il est là. Et toi tu restes dans ton trouble, sans le voir, toujours à marcher à toute vitesse pour récupérer tes biens, et tu lui rentres dedans avant d'ouvrir assez les yeux pour te rendre compte qu'il est en face de toi. Tu le regardes en serrant les poings pour ne pas trembler, écœurée, et ta main vient s’abattre sur sa joue. Envolée la douceur, des larmes roulent sur tes joues abîmées. Et en une demi-seconde, tu deviens ce qu'il est, violence et destruction, pour finalement t'écarter en chancelant. Exténuée et morte de chagrin, tu crois sentir tes jambes défaillir et tu te tiens un peu aux meubles, tremblant de tous tes membres. « Ne m'approche pas. » lui ordonnes-tu, des sanglots dans la voix, prête à lui vider le contenu de la bibliothèque au visage.

 

T'as merdé. Violent. T'as jamais autant le con. Enfin si. T'as embrassé Sydney. T'as tabassé un ou deux mecs. Voir plus. Mais ça t'avais pas touché. Tu t'étais pas senti aussi mal depuis longtemps. Pas depuis la disparition de ta sœur. T'en prends conscience maintenant. Que c'est aussi grave. Les pensées perturbées. L'esprit embrumé. Les poings qui démangent. Les constellations qui se plaisaient bien. Finalement. Sur tes côtes. T'as désespérément besoin de ta fumée cancérigène. Destructrice. Un mal nécessaire. Apaisement. Mais t'as toujours pas craqué. T'as usé le sol. A faire les cents pas toute la journée. Refusant de sortir. L'attendant en chien de faïence. Pour se jeter à ses pieds. Si il faut tu le ferais. Tu le sais. Tout ça parce que t'as cédé à ton instinct primaire. Repris ta vraie nature. Succombé aux hormones bouillonnantes de la brune. La clé tourne. La porte s'ouvre. Tu te retrouves immobile au milieu de la pièce. Invisible aussi. Choc entre deux corps. Puis un deuxième. Violence étalée sur ta joue. Rancœur égarée. « Louve. » T'es désespéré. Ça s'entends. Tu le sais. Mais les mots c'est pas ton truc. Tu parles avec les poings. Les gestes tendres parfois. Pas ces choses faites de lettres. T'hésites. Lèvres entrouvertes. Main dans les poches. Et ferme les yeux. « Je suis désolé. » Banal. Mais t'as rien d'autre. Rien de plus sincère.
 

Elle veut te faire perdre pied. Elle veut te faire perdre tout court. Et elle y arrive. Elle gagne. Te fait comprendre que t'arriveras pas à la récupérer. Tu la vois s'activer. Toujours immobile. Tu glisses un œil vers la porte ouverte. Priant chaque seconde pour qu'elle ne détale pas en courant. Comme un animal blessé. Traître. Traître. Traître. Tu te le répètes, intérieurement. Doucement, d'une manière, d'une autre. Mais ça fait toujours aussi mal. Tu plonges dans ses yeux, alors qu'elle te bouscule. Plusieurs fois. Te mettant les nerfs à vif. Ses mots creusant un peu plus le fossé entre vous. Tellement, que t'as l'impression de même pas avoir le droit de la toucher. Que tu le mérites pas. Alors tu recules d'un pas, pour éviter de céder à la tentation. La distance met en évidence les hématomes sur sa joue, caché par un voile de maquillage. Voile trop mince. Qui ne suffit pas non plus à adoucir ses paroles. « C'est le cas. » Voix éraillé. Tu grondes légèrement. « J'ai fait une énorme connerie. Je sais. J'ai foiré. C'est pas la première fois ni la dernière surement. Mais en aucun cas t'as le droit de me traiter menteur quand je dis que je tiens à toi. » Pas alors que t'acceptes ces putains de sentiments. Ceux qui te dévorent le cœur. « Parce que oui, je tiens à toi. Tu me fais ressentir des choses que je croyais impossible. T'es comme un ange tombé du ciel pour moi. »
 

Tu commenceras pas à abîmer sa peau. Le sang a déjà assez marqué les murs. Le sol aussi. Tu comprends pas pourquoi n'a déjà pas virer au rouge. T'encaisses les coups. Ceux qui font mal. Ceux qui le font un peu moins. T'encaisses encore. Et toujours. « Tu le savais déjà quand on a commencé à .. à quoi d'ailleurs ? à se fréquenter ? Je te l'ai dis, que j'allais te blesser. Tu le savais tous ça. Arrête de paraître étonner. » Tu le vois pas arriver. Le mur. Celui qui se heurte à ta tête. S'enfonces avec autant de force que la lame d'un couteau. Douleur intense, qui se propage pour t'enserrer le crânes. Tu deviens aveugle le temps d'une seconde. Avant de la retrouver dans ton champ de vision. Redevenue Lou. La Lou faîte de plume et de coton. Celle qui t'apaisait en un sourire. « Ça a toujours été l'enfer ici. Tu l'as juste rendu plus supportable. » T'as la main rêveuse, qui se lève, s'approche de son visage, crois qu'elle va réussir. Tu frôles sa joue du bout du doigts. Tu veux pas te battre avec elle. T'en as assez sur la conscience. Elle se rend pas compte. Du regret qui grandit en toi. Qui pousse tes sentiments à se battre pour prendre de la place. Dernière tentative. « Louve. Je peux pas me passer de toi. Tu le sais ça. »

T'arrives pas à dormir. Ça fait trois jours. Trois jours depuis qu'elle est partie. Que t'as revue ses yeux océans. Tu somnoles, sans vraiment rêver, ni te reposer, sans vraiment être là, mais y être, à fleur de peau. Un entre deux. Tu détestes ça. Oui, t'y as pensé, à prendre une compagnie pour la nuit. Effleurer l'idée, du bout du doigts, sans t'y accrocher. Tu te lèves, frôles le mur gorgé de fissure. Un peu plus importantes depuis la dernière fois. Tes pas te mènes au salon. Où tu ramasses un paquet de clopes à moitié vide. Mais on frappe, tambourine à la porte. Sans cesse. Tu sursautes, la flamme de ton briquet à bientôt atteint sa cible. Tu consommes de nouveau. Elle était pas là pour te dire non, pour te l'interdire. T'as repris le soir même où elle est partie. Comme pour la faire revenir. T'avais eu envie de gueuler, de l'appeler. Ramène toi. Dis moi d'arrêter. Que je puisse t'embrasser de nouveau. S'il te plaît. Reviens. La machine se met en branle. Tu te mets en marche, arraches presque la porte. Louve. Louve. C'est toi ? T'es vraiment là ? Parce que ouai, ton imagination est capable de te faire fantasmer et de te dire merde ensuite, en te réveillant. Le mur se heurte à ton dos, une seconde plus tard. Encore. Ça devient une habitude. Tu captes à moitié ses paroles. Qui s'imposent pourtant à toi. « Arrête. » Insensible, tu la crois pas. T'arriveras à la faire changer d'avis. Tu l'attrapes à la taille, un peu trop fort peut-être. De peur qu'elle s'évapore. T'échanges les rôles, la plaques contre le mur. Enfin, tu viens attraper ses lèvres. Tendresse sauvage. Elle t'as manqué. Douceur avortée. Tu refermes la porte du pied. Incapable de te détacher. Tu colles ton front au sien. Avant d'ouvrir les yeux, perdant déjà légèrement ton souffle. Tu te recules, pour mieux l'observer. Deux doigts sous son menton, tu lui relèves la tête. Pupille dilatée. A l’extrême. L’océan n'existe plus. Le néant a pris sa place. « Qu'est ce que t'as foutu ? Putain Louve. Dis moi ce que t'as pris. » Plus inquiet qu'en colère. T'as la voix déchirée par l'émotion. Rauque et froide. Mâchoire contractée, la réponse prend trop de temps à venir. « DIS LE MOI. »

Tu maltraites presque du regard. Droguée. Elle. Jamais. Jamais, ça aurait du arriver. Et c'est ta faute, mais t'assumes pas de l'avoir mis dans cet état. T'assumes encore moins, quand sa robe glisse au sol. Moment de flottement. Avant que tu réalises. La dentelle noire t’hypnotises. T'entres dans son jeu sans le vouloir. Trop distrait, par son décolleté, sa peau nue. Te rappelles les soirs, où l'innocence l'entourait encore. La louve s'approche, attrape tes lèvres. Tu la combats, refuse un instant son contact. Refuse d'être la proie, à ton tour. « Louve je t'en supplie. » Elle revient à la chasse. Tu tombes intérieurement. Dernière rempart perdu. Elle finit par te faire reculer, basculer sur le canapé. T'acceptes, sans contrainte, tu la laisses faire. Résiste. Mais t'es con ou ? Parce que t'as perdu espoir. T'as perdu la foi. Tu le sais que t'es incapable la repousser. Incapable d'autre chose que d'aimer ses lèvres, sa peau, les vagues dans ses yeux, son cou, les flammes dans ses cheveux. Elle. Tout son être. Elle, ta principale faiblesse. Tes mains remontent sur ses cuisses, enveloppe charnelle que tu prends plaisir à caresser. La boucle de ta ceinture, qui se détache. Invitation silencieuse. Tu viens attraper ses mains, l’empêchant de bouger. Reprends un peu de contrôle. Une lumière s'allume dans ta tête. Une phrase s'y installe. Idée éphémère qui résonne. La lumière repart. Tu sais pas ce que tu vas dire. Ta tête non plus. Tes lèvres n'en ont aucune idée. « Mon lit est plus confortable. » Et c'est la fin. Personne n'y a cru, que t'allais résister. On va pas se mentir.

Tu regardes la louve se faire pousser des ailes, tourne autour de toi. T'as envie de l'attraper, de lui dire qu'elle va se faire mal, tu la suis juste pour l'éviter de tanguer. D'amortir sa chute, si jamais elle vacille. La louve, elle reste fragile. Et elle y croit, qu'elle va passer la nuit avec toi. Que vous allez passer la nuit ensemble. Elle y croit, et tu peux pas lui en vouloir. Tu croises les bras, seul défense face à elle, quand elle te rappelle ta connerie. Encore une fois. Tes cris, tes insultes, tes mots maladroits et désordonnées s'étranglent au fond de ta gorge. T'as envie de la faire réagir, qu'elle exprime autre chose que du pur mépris, qu'elle arrête de faire son insensible. Mais le meilleur moyen, c'est surement de se taire. D'emprisonner tes pensées au fond de ta gorge. Ferme la un peu Cèz'. Ferme la. C'est comme ça que tu l'as perdu, avec des mots, des promesses non tenues. Parce que t'es pas doué pour ça toi. Pas doué pour parler. Pour déballer tes sentiments. T'hoches simplement la tête. Juste pour lui faire comprendre que t'es encore là, que tu l'écoutes. Ta main glisse sur la commode, où t'attrapes discrètement une clé que tu fais jouer entre tes doigts. « T'inquiètes ils sont propre. » T'y dormiras bien. Tu recules un peu vite, pour pas qu'elle réalise, qu'elle te rattrape, te fasse céder de ses yeux de biche. La porte claque, la clé tourne dans la serrure. Enfermée, ta chambre devient prison pour une nuit. T'as pas le choix. T'as pas le choix, que tu te répètes sans cesse. Comme si cela pouvait adoucir la réalité.

T'as le papier là, l'article qui traîne sur le sol.  Tu le ramasses, ton briquet aussi. T'y mets le feu, le laisse se réduire en cendre entre tes doigts. Réduire en cendre une partie de ta culpabilité. T'entends des murmures, tu t'en rapproches, de la porte. Tu l'entends qui t'appelles, qui t'invites à recommencer vos soirées, à sentir sa peau contre la tienne. Un trop grand silence prend place, de nouveau, t'as du mal à discerner les murmures. T'ouvres la porte, discrètement, elle grince pas pour une fois. Elle la prévient pas de ta présence. Tu refermes la porte derrière toi, à clé, la glisse dans ta poche arrière. Elle est belle dans le vent, les ailes déployées, qui cherchent à toucher le étoiles. « Quand j'étais petite je voulais être astronaute. » Un sourire éclaire ton visage, tu t'approches comme une ombre. Tu passes un bras autour de sa taille, pour la redresser, la soutenir. Pour évite qu'elle s'envole, rejoigne les étoiles, où qu'elle tombe, sombre sur le bitume. Ta tête par dessus son épaule, tes bras autour d'elle, tu prends le temps d'attacher chaque bouton de sa chemise -enfin de la tienne-, un à un. Silencieusement, t'effectues cette tâche. « Les étoiles t'auraient pas trahis au moins. », que tu murmures à son oreille. Le dernier bouton attaché, ta main glisse, frôle sa cuisse. Tu recules précipitamment, désolé de ce contact. Tu la regardes de dos, ses courbes que tu as tellement observé, que tu pourrais dessiner les yeux fermés, sa dentelle noire qui ressort sous ta chemise blanche.  « Pourquoi t'es revenue Louve ? Je sais que je t'ai fais du mal, t'aurais pu te casser à mille lieux d'ici, au lieu de revenir t'écraser dans cet enfer, comme tu l'appelles, et prends pas l'excuse de la défonce. »

Tu la sens te frôler, son odeur qui s'installe sur ton corps le temps d'une demi seconde. Tu la regardes fuir, tu lui cours pas après. Elle est prise au piège. Son épaule s'éclate contre la porte, et tu fermes les yeux le temps du choc. C'est dur d'être là, de ne rien pouvoir faire. Tu t'approches, elle s'en va plus loin. C'est comme les gosses, qui attachent un billet à une ficelle, et qui te font croire, qu'un jour t'arrivera à l'attraper. Faut croire que je te déteste pas assez. Et tu comptes pas lui fournir de quoi te détester encore plus. « Une. » Tu fais deux pas vers le lit, tournant les yeux vers elle. Insondable, fatigué. T'as plus la force de lutter. « Tu viens dormir ? » Devant son manque de réaction, tu finis par perdre espoir. Au ralenti, tu sors la clé de ta poche. La pose lentement sur la table de chevet. Tu vas t'allonger sur le lit, t’emmêles dans les draps, fermes les yeux. « Je te courrais plus après Louve. Tu sais ce que je ressens. À toi de voir si j'en vaut la peine. » T'abandonnes. Tu la laisses décider. Tu peux pas forcer à rester avec toi. Tu peux la forcer à rien. Elle restera Louve, sauvage. T'as pas réussi à l'apprivoiser. Passe ton tour. Un autre y réussira peut-être.