◮ We're a mess, we are failures and we love it.

La soirée est déjà bien entamée, le chalet doit être plein à craquer. Encore une réussite, encore une soirée organisée par la team kangourous. Tu portes un bonnet à l’effigie de ton équipe, un tee-shirt plutôt large et rentré dans une jupe à motifs aztèques qui t'arrive mi-cuisses. « Luke, je suis ton père ! » T'es pendu au cou de Conner, tu te montres plus démonstrative que d'habitude avec lui pour faire durer les rumeurs à votre sujet. C'était drôle, vous étiez tout simplement en train de foutre le doute à la moitié des personnes présentes à la soirée. Mais tu lui as également demandé de venir pour pouvoir jouer au psychologue entre lui et Kyle. Tu savais qu'ils ne se parlaient plus à cause d'une vieille histoire qui n'en valait même pas la peine et tu étais bien décidée à les rabibocher. Déguisée en Dark Vador, Conner te portait sur son dos et courrait dans tout les sens. C'était Bagdad au chalet, tu hurlais à pleins poumons en riant aux éclats. T'as son sabre laser en mains que tu secoues dans les airs tout en cherchant en même temps Kyle. Sauf que le plus jeune des Cox a visiblement deux pieds gauches - ou bien il est un peu trop pompette - et se casse la gueule en beauté sur l'un des canapés. Tu fais un roulé-boulé en atterrissant sur un oreiller et tu proposes à boire à ton acolyte de la soirée - faire les cons, ça donne soif. T'entends la moitié des mots qu'il te hurle, mais tu viens à la conclusion qu'il veut aussi un cocktail. Peu importe, il est déjà bourré de toute façon. Tu te redresses en vitesse, remettant ta jupe en place et tu te faufiles entre les invités jusqu'au mini bar où tu chopes quelques bouteilles dans l'espoir d'obtenir un mélange bien explosif. Un verre dans chaque main, t'étais parée. Telle une  tornade, tu te retournes pour rejoindre au plus vite Conner qui venait tout juste de faire la conversation à l'un des poissons rouges mais, maladroite comme tu es, tu ne fais pas attention aux personnes devant toi et tu renverses tout bonnement l'un des verres sur le pull de quelqu'un. Ah bah tiens, c'est Cody. Tu redresses la tête en souriant - c'est l'alcool qui te rend si joyeuse ou bien c'est parce que tu ne l'avais pas croisé depuis le début de la soirée ? - et tu lui sautes dans les bras en t'accrochant à lui comme un koala. « Cody d'amouuur, t'étais passée où ? » T'enroules tes jambes autour de lui et tu déposes ta tête sur son épaule, faisant abstraction du reste.
   

C'est le bordel. T'es pas capable de tenir en place. Les vacances d'hiver sont vraiment les meilleures de l'année. Tu ne comptes plus les heures de sommeil qu'il te manque et t'en a rien à foutre. Tu créées des souvenirs inoubliables avec des gens incroyables. La team kangourous organise une nouvelle soirée, vous portez tous les trois des bonnets débiles et tu portes un pull de Noël avec des drapeaux australiens. Un jean slim et de grosses chaussettes de ski avec lesquelles tu n'arrêtes pas de faire de la patinoire sur le parquet du chalet. T'enchaînes les verres avec Kyle et vous ne les comptez plus. Vous rigolez tous les trois secondes pour rien du tout. Il court dans tous les sens et se cache derrière toutes les meufs. Vous faites le concours de celui qui embrasse la plus moche et tu perds. Kyle est imbattable pour trouver les plus moches. Tu te prends pour le roi de la piste de danse dans ta tête mais vu de l'extérieur, ça ne ressemble à rien. T'es en train de faire le classique pas de l'égyptien lorsque tout à coup, ton pull est trempé. Mais t'en a rien à foutre, le sourire qui se colle sur ton visage te fait l'effet d'une claque. Imogen. Elle saute dans tes bras comme si vous ne vous étiez pas vu depuis trois mois alors que vous vivez dans le même appartement et dans le même chalet. C'était étrange, mais elle te manque. T'as plus l'impression que c'est pareil entre vous. Tu la sers très fort, cherchant à l'étouffer alors que tu lui cries dans l'oreille tout en tournant sur toi-même. « Imomooooooo. La plus sexy des Owens après Kyle. » et boum, sans vraiment comprendre ce qu'il s'est passé vous vous retrouvez étalé par terre. Tu te relèves comme s'il ne s'était rien passé et l'aide à se lever à son tour. C'est là que tu l'observes, elle était ravissante comme toujours, une vraie torture cette meuf. « T'es tellement bonne que je pourrais te bouffer toute crue. », tu attrapes son visage pour la coincer. Tu lui mordilles doucement sa joue droite avant de lui faire un gros câlin. Tu t'éloignes d'elle pour retirer ton pull et te retrouver torse à poil (jamais rien sous le pull, c'est la loi), tu lui fous le pull. « Cache moi çaaaa. C'est de la tortuuure. », tu fais genre d'être éblouie et de fondre comme vampire au soleil.


   

En moins de deux minutes, t'as déjà oublié Conner. D'ailleurs, tu ne l'as même plus dans ton champs de vision, mais tu ne t'en fais pas trop pour ça, il finira bien par trouver tout seul le chemin qui le mènera vers le mini-bar. En attendant, tu t'accroches comme tu peux à Cody qui vous fait tourner sur vous-même alors tu ris bêtement avec la sensation que t'allais t'envoler. « C'est bon, Kyle est pas dans le coin, tu peux le dire maintenant que je suis la plus belle. » Même si vous étiez amis avant tout, il vous arrivait souvent de flirter gentiment sans forcément aller bien loin. La seule fois où ça avait dérapé, c'était il y un an quand tu l'avais embrassé dans la fontaine. Et bizarrement, c'était lors des vacances à la montagne. Comme si ça vous aidait à chaque fois à vous retrouver. Parce qu'au fond, toi aussi tu avais l'étrange sensation de le voir s'éloigner alors que tu le voyais tout les jours. Forcément, tu profites du moment, de ce moment où tu as l'impression d'être toute seule avec lui mais c'est la chute sur le sol qui te ramène à la réalité. Un paquet de monde vous regarde, tu te plis en deux tellement tu rigoles et les festivités reprennent aussi vite. De nouveau debout, tu ramasses le sabre laser pour le secouer dans les airs à nouveau au rythme de la musique, sans quitter Cody du regard. Tu t'approches de lui pour pouvoir mieux entendre ce qu'il te raconte et un fin sourire se dessine automatiquement au coin de tes lèvres. « Quand on goûte à un Owens, on ne plus s'en passer. Tu risques vite de devenir accro. » Cody t'attrape ensuite le visage pour le coincer entre ses mains et par réflexe, tu t'accroches à ses poignets en faisant une tête de poisson. Puis il vient te mordre la joue alors que tu te débats comme tu peux en rigolant. « J'ai trouvé ton point faible ! » Tu lèves le poing bien haut en prenant un air victorieux quand Cody te file son pull et fait mine d'être trop éblouie par ton corps de déesse. Avec un sourire, tu enfiles son pull trois fois trop grand pour toi et tu t'approches ensuite de lui à pas de loup. C'était étrange mais à chaque soirée, t'avais l'impression qu'il te faisait de l'effet. Et tu avais toujours cette irrésistible envie de l'embrasser. Tu le bouffes un peu du regard en continuant de t'approcher de lui et à l'aide de tes mains, tu le pousses jusqu'au canapé le plus proche pour le faire tomber en arrière. Et ensuite, tu fais ta diva et tu t'installes sur ses genoux sans perdre ton sourire. Tes bras s'enroulent autour de son cou. « J'ai vraiment envie de t'embrasser. Mais.. j'ai pas envie d'être le lot de consolation, tu vois ? » La cinquième roue du carrosse comme on dit. En fait, tu ne voulais pas être le deuxième choix, celle vers qui on se tourne quand on arrive pas à obtenir celle qu'on veut en premier. En l’occurrence, il devait parfaitement savoir de qui tu parlais.
   

Tu rigoles comme un demeuré à chacun de ses gestes. Tu prends des poses à la Matrix pour éviter ses coups de sabre laser. Tu souris lorsqu'elle enfile ton pull, la douce sensation qu'elle pourrait être magnifique avec un sac poubelle sur la tronche. Tu frissonnes doucement sans ce vêtement mais les verres d'alcool pris auparavant te font vite oublier la sensation de froid. Tu danses comme un combo entre un singe et un lémurien. Tu sens son regard contre toi et ça te rend fou alors tu rentres en duel, jouant avec elle à celui qui craquera le premier. Elle te pousse doucement en arrière, tu marches sans regarder où ça te mène, tu as une confiance aveugle en cette fille. Tu souris amusé, puis tu tombes en arrière, te retrouvant assis sur le canapé. Elle s'assoit sur toi et machinalement, tu enroules tes bras autour de sa fine taille, la rapprochant un peu plus de toi. Tu te remémores alors la soirée de l'année passée, la dernière soirée des vacances d'hiver de l'année dernière, tu n'oublierais jamais ce moment, le moment où ses lèvres s'étaient posées sur les tiennes. Ton regard s'adoucit à ses pensées. Puis ses paroles te font sauter un battement de cœur. Tu aurais voulu avoir une bouteille de tequila à porter de main, te donner le courage dont tu avais tant besoin en cet instant, mais tu allais devoir faire sans. Ton regard ne peut pas s'empêcher de faire des allers-retours entre ses yeux et ses lèvres. Tu comprends ses paroles. Elles ramènent directement tes pensées vers Bunny. Cette fille que tu avais peut-être aimé mais qui n'avait fait qu'amener du mal dans ta vie. Elle avait faillis briser ton amitié avec Kyle et sans doute Imogen et à chaque article du Barman que tu lisais, tu avais la sensation qu'elle se doutait royalement de ta gueule. Tu fermas les yeux un instant, cherchant à chasser ses pensées tout en essayant de trouver les bons mots. « Je ne veux plus entendre parler de cette fille. Elle n'a fait que m'apporter des mauvaises choses. Elle m'a oublié et moi aussi. J'aurais surement du le faire depuis longtemps d'ailleurs. ». Tes mains sont incapables de rester immobiles. Tu caresses doucement son dos et ses hanches, la serrant doucement pour l'approcher de toi. Tu avais la sensation de vivre une véritable torture. Incapable de savoir si c'était à cause de l'alcool ou bien de ses derniers mots mais tu avais encore plus envie de lui sauter dessus qu'à ton habitude. Tu avais eu cette envie depuis ton adolescence mais elle t'avait toujours parut inaccessible, comme si Kyle lui avait foutu un panneau "interdiction d'approcher". Alors tu rassembles le peu de courage qu'il te reste. « Je crois bien que ça a toujours été toi Imogen. J'aurais aimé que tu sois à moi depuis mes 14 ans. », tu soupires, revenant doucement à la réalité  « Mais je ne mérites pas une fille comme toi et tu mérites bien mieux que moi. », tu avais bien du mal à réaliser à quel point tes paroles pouvaient être sérieuses. Cela faisait bien trop longtemps que tu n'avais pas eu de discussions sérieuses avec elle, peut-être bien que c'était une première d'ailleurs.
   

Tu veux faire en sorte que cette soirée soit plus longue que prévu ou même qu'elle ne s'arrête jamais. Les moments de complicité que tu passes avec Cody sont maintenant rares, même si vous vivez dans le même appartement. Les choses avaient changé depuis que vous aviez débarqué à Bristol, depuis qu'il avait fait la connaissance de Bunny, depuis que tu l'avais embrassé l'année dernière. Tu l'avais en quelque sorte perdu de vue, comme si quelque chose de votre amitié s'était brisé. « Donc tu veux plus d'elle ? » Kyle non plus. C'était égoïste de ta part mais tu espérais qu'il coupe contact avec elle, qu'il l'oublie réellement, que Cody ne soit qu'à toi. C'est vrai, là à ce moment précis, tu ne veux plus le lâcher. Si bien que lorsque tu sens ses caresses sur tes hanches, sur ton dos, tes bras s'accrochent autour de lui pour le serrer un peu plus contre toi, tu lui rends cette étreinte. T'enfouis ton nez dans son cou, humant son parfum, tu captures cet instant précis ; et tu sais que dans dix, vingt, trente ans, tu t'en souviendras. « À l'époque où tu découvrais avec Kyle, les joies du porno ? » Tu rigoles en relevant les yeux vers lui, te rappelant parfaitement de cette époque où vous aviez tout les trois grandi ensemble. Le collège, les premières histoires d'amour, les conneries. « T'es bourré, Cody. » Et toi, tu l'es un peu. C'est la seule répartie qu'il te reste. Là tu te rends compte que l'alcool agit réellement sur toi, ça te fait peur, ces sentiments que tu réprimes, ces émotions que tu éloignes, et qui reviennent brusquement lorsque tes barrières sont levées. À l'oreille, tu viens lui chuchoter, d'un air taquin. « Si on m'avait dit qu'un jour, tu aurais une conversation sérieuse avec moi, j'y aurais pas cru. » Vos habituelles conversations se résumaient à vos conneries de prévu, à critiquer le patron du Red Lodge, aux thons qu'il fallait virer après une soirée trop arrosée et à aux souvenirs de l'Australie. « Maintenant, arrête de dire des conneries et montre moi à quel point tu tiens à moi. » Tu lâches soudainement en te redressant pour pouvoir t'assoir à califourchon sur lui. Pendant un instant, tu le regardes dans les yeux, tes deux mains dans cheveux puis tu l'embrasses. Pour la deuxième fois, tu poses tes lèvres sur les siennes. Mais ce soir, c'est différent. Ce n'est plus un baiser timide, c'est un baiser passionné.
   

Tu sens ton cœur s'emballer et tu ne sais plus si c'est l'alcool ou bien tout simplement la situation. Tu la trouve si belle, bourrée, son sourire d’électrisé et ses paroles te font frissonner. Tu t'en veux de cette année perdue pour rien. Perdue à avoir essayer des choses qui ne fonctionneraient jamais avec des gens qui ne le méritaient pas. « Non Imogen. Je veux une fille qui veut réellement de moi. Pas d'une banale blonde qui se sert de moi... » tu lui souris « ... et de mon corps de Dieu. », tu rigoles comme un con, tu ne peux pas t'en empêcher. Tu te remémores les années collège et le trio d'enfer de l'Australie, les après-midi à rien faire avec les deux. Elle te dit que t'es bourré et elle a surement raison. « Pas plus que toi Imomo. ». Son étreinte te réchauffes et ses paroles te torturent. Ses derniers mots te font l'effet d'une balle qui traverse une plaie déjà cicatrisée. Et puis ces lèvres. Les siennes contre les tiennes. Ses mains qui s'enfoncent dans tes cheveux, tu perd pied. T'es plus capable de te retenir comme toutes ces années. Tu voulais toi aussi, y avoir droit. Tu te redresses avec elle, vous êtes assis par terre en plein milieu de la soirée qui continuait comme si de rien n'était. T'as l'impression de vivre le moment au ralentis et pourtant tout s'accélère autour de vous. A peine a-t-elle finit de t'embrasser que tu la retiens, ta main dans ses cheveux, tu l'attires contre toi pour l'empêcher de partir. Tu l'embrasses comme tu as toujours voulu l'embrasser. C'est un baiser bien différent de celui de l'année dernière et de tous ceux que tu as connus d'ailleurs. Tes mains glissent, se posent sous ses fesses pour pouvoir la porter alors que tu te relèves. Tu ne t'arrêtes pas de l'embrasser, t'en ai incapable. Enroulée autour de toi, tu la portes jusqu'au premier mur que tu trouves. Tu la plaques et tes lèvres dérapent vers son cou. « Bordel Imogen, pourquoi t'es pas comme les autres ? », t'aurais voulu lui dire tout un tas de choses mais tu ne peux pas. Tes mains se baladent, avide de découvrir des courbes qui te sont inconnues.