◮ We can't regret what we can't remember.

We can't regret what we can't remember.

jay ∞ imogen

Oh sérieux, cette gueule de bois ne pouvait pas être pire. C'était comme si un stade de vingt mille personnes s'était réuni dans ta tête et qu'ils s'étaient tous mis à beugler comme des animaux qu'on égorge. Mains plaquées sur ton visage, tu n'oses même pas ouvrir les yeux pour découvrir l'étendu des dégâts, non à la place, tu essayes de te faire un petit best-of de la soirée. Ou du moins de ce dont tu te souviens vaguement, un sourire aux lèvres. Pour avoir un tel black-out, tu étais persuadée que la soirée avait du être mémorable. D'ailleurs, les souvenirs du début de la nuit te reviennent soudainement en mémoire. C'était Cody qui t'avait balancé le prospectus de cette soirée à la tête, soirée privée au Lounge Club et gratuite pour chaque personne ayant remporté un titre aux oscars. Coup de chance, tu avais été élue miss Bristol. Pour toi, ça ne s'était résumé qu'à une chose : alcool à volonté. En quelques minutes, tu t'étais retrouvée sur le dos d'une de tes copines qui te portait jusqu'à l'intérieur de cette boîte beaucoup trop sélect' pour toi. Et puis.. gros bordel ? Sans aucun doute.

Tu continues de frotter tes yeux, retirant par la même occasion le mascara que tu n'avais pas retiré avant de t'endormir, jusqu'à les ouvrir. La pièce est bien trop éclairée, tu devines facilement qu'il devait être aux alentours de midi. À la minute où tu t'étais réveillée, tu avais trouvé ça trop bizarre. Vous savez.. le lit trop confortable, le silence qui règne. Non, non, non, tu n'as pas dormi chez toi, impossible. Soudainement, tu retrouves un minimum de lucidité en ouvrant complètement tes yeux. « Putain, c'est quoi ce bordel.. » Tu lâches, d'une voix enroué en regardant tout autour de toi : une chambre qui n'est pas la tienne, une chambre que tu n'as jamais visité. Où est-ce que t'avais bien encore pu atterrir ? Vu la déco, il était évident que tu ne devais pas te trouver à Redcliff.
   

starless night
   

Lounge Club. Petite soirée pas très loin de l'appart, parfait pour pouvoir ramener une ou deux gonzesses pour la nuit. Un verre. Deux verres. Trois verres. Une fille, une jolie brune sur la piste de danse. Elle attire mon attention, elle se la joue inaccessible. Tiens, comme par hasard, c'est Miss Bristol. De haut en bas, je la regarde, je la jauge alors qu'elle se dit pas intéressée. Non, non, ma jolie, ça me marche pas comme ça avec Jay Harper. Quand j'veux quelque chose, je l'ai. Et j'passe pas par quatre chemins, j'vais droit au but. Elle est celle que j'veux dans mes bras ce soir, mais surtout dans mes draps. D'ailleurs, fallait avouer qu'Imogen était de loin la fille la moins facile de la soirée, peut-être même de la ville, et faisait sans aucun doute partie des plus jolies. Donc, vous voulez savoir comment elle s'est terminée, sa p'tite soirée entre copines ? Retenez simplement qu'un Harper ne perd jamais, pas besoin d'un dessin pour comprendre à quel point le reste de la nuit a été torride.

Au réveil, je m'attendais à la gueule de bois que je m'autorise beaucoup trop rarement à cause du bureau, mais heureusement pour moi, pas d'effets de marteaux-piqueurs qui résonnent dans ma tête. Juste une bouche sèche et Imogen endormie à mes côtés. J'lance un petit coup d’œil à ma Rolex encore accrochée à mon poignet. Avec tout juste une heure devant moi, je me dépêche de filer sous la douche, d'enfiler un pantalon haute couture et de sécher mes cheveux en vitesse. Serviette autour du cou et torse nu, je retourne dans ma chambre à la recherche d'une chemise et c'est à ce moment que j'aperçois que ma proie a enfin ouvert les yeux. Pas le temps d'être poli, ni de dire bonjour. Je dépose à peine mon regard en sa direction avant de traverser en grandes enjambées la pièce pour rejoindre le dressing. « Ma jolie, les affaires reprennent. T'as tout juste deux minutes pour bouger ton petit 36 de là. » Si j'étais en train de la virer ? Oui, clairement, c'est ce que je faisais sans aucun scrupule. Pas le temps pour des futilités. Comme je le répète sans cesse, autant aller tout droit au but. Le temps c'est de l'argent, les gars. Je pioche l'une de mes chemises blanches et je retourne près de mon lit où Imogen n'a pas bougé d'un poil.  « Comment tu t'sens ? Pas trop mal ? » Je dis, d'un ton joueur. J'ai ce sale sourire en coin qui veut en dire long alors que je me tiens à l'encadrement de la porte, visiblement fier de la nuit que j'ai passé.