I'm only human ◇ Nash&Savannah

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So cradle your head in your hands
And breathe... Just breathe.

Elle aurait voulu ne pas avoir à engloutir ces quatre barquettes de frites, ces barres chocolatées, ces trois boites de nuggets, ce litre de soda, ces paquets de sucreries. Son ventre avait choisi pour elle, il ne lui avait pas laissé le choix. Il avait fallu qu’elle comble ce vide qui lui tordait le bide, cette sensation qui lui déchirait les entrailles. C’était plus fort qu’elle, plus fort que sa volonté de vouloir guérir. Elle avait besoin d’avaler tout ce qu’elle trouvait sur son passage lors de ses crises, besoin de gras, de sucre, de salé. Elle se sentait faible et pathétique. Elle se sentait seule et meurtrie.
Là, enfermée dans ces toilettes, enfonçant ses doigts au fond de sa gorge, appuyant sur sa langue, rendant tout ce qu’elle avait ingurgité quelques instants plus tôt. Elle aurait voulu s’en passer, se faire violence pour ne pas vomir. Mais une fois le ventre rempli, elle se sentait si mal ; écœurée d’elle-même, que c’en était presque vital. Silencieuse, des perles d’eau salée coulants sur ses joues, elle fixe sa main. Elle est dans un sale état, elle aperçoit les marques de ses dents ancrées dans la chair rougie. La bouche pâteuse, elle sort une bouteille d’eau de son sac, et boit deux gorgées. Essuyant ses joues d’un revers de manche, elle inspira fortement et sortit des toilettes.

Elle était alors persuadée qu’elle était seule, pensant que tous les élèves se trouvaient en cours à cette heure-ci de l’après-midi, mais lorsqu’elle aperçut un jeune homme la fixer avec un drôle d’air, elle sut qu’il l’avait entendu. Et malheureusement, elle le connaissait, c’était Nash Rodgers, son voisin. Elle se figea quelques secondes, incertaine de savoir comment réagir. Vite, son cerveau travaille à toute allure pour trouver quelque chose à dire, mais rien ne lui vient. Malheureusement pour elle, elle ne sait pas inventer des mensonges sur demande. Merde. Elle sentit soudainement la honte l’envahir. C’était la première fois qu’elle se retrouvait dans ce genre de situation, et elle ne savait comment s’en sortir. C’était une sensation horrible. Elle se sentait piégée, jugée, et elle détestait ça.
Elle rencontra alors son regard curieux, et elle finit par se précipiter hors des toilettes. Le contournant et le bousculant par la même occasion.

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savannah&nash ❧ ONLY HUMAN.

Depuis la rentrée, les journées et les cours s'enchaînent comme pour installer une petite routine dont il est impossible de s'échapper. Je vais à la fac, je mange, je révise, je subis les brimades de mes cinglés de frères et je dors, pour tout recommencer le lendemain. Pour en rajouter une couche, les examens approchaient et je n'avais qu'une hâte : être en vacances et profiter de Noël et de se magie pour me reposer. Noël, c'est toujours un événement chez les Rodgers. On organise un énorme repas de famille, on invite quelques potes et on s'échange des cadeaux merdiques dans la joie et la bonne humeur. Un sourire béat vient se pendre à mes lèvres alors que la sonnerie retentit, indiquant la fin des cours et de la matinée. Lentement mais sûrement, je range mon bordel au fond de mon sac à dos et je sors de l'amphi pour rejoindre Max qui martyrisait encore quelqu'un. En passant près de lui, je l'attrape par le pull pour le tirer vers la cafétéria et accessoirement, pour qu'il laisse ce gosse tranquille. En fait, j'ai juste à lui filer un billet pour qu'il oublie tout ces problèmes. On part en vitesse s'acheter des sandwichs et on traine jusqu'en début d'après-midi, jusqu'au moment où on est censé reprendre les cours. « Il faut que j'aille aux toilettes, ne m'attends pas. » Je lui fais un signe de main, de loin, pendant qu'il escalade le portail puis je m'aventure vers les couloirs maintenant déserts. Tout les élèves ont regagné leur salle.

En arrivant aux toilettes, j'étais sur le point de me diriger vers le côté des mecs quand un bruit venant de celui des filles attira ma curiosité. Sans réfléchir, j'avais passé ma tête à l'intérieur, tout en prenant le soin de rester respectueux, seulement planté à l'encadrement de la porte. La scène qui s'offrait à moi m'a fait l'effet d'un électrochoc. C'était une fille. Elle était en train de se faire vomir, elle avait les doigts au fond de la gorge, et elle pleurait. Ce qui m'a le plus étonné, c'était de voir qu'il s'agissait de ma voisine. Savannah Jones. Les bras ballants, je la regardais d'un drôle d'air sans savoir comment réagir. Est-ce que je devais faire comme si de rien n'était, comme si je n'avais rien vu ? Est-ce que je devais partir sans rien dire ? Est-ce que je devais l'aider ? Nos regards se croisent alors et Savannah s'empresse de se relever alors que je ne trouve absolument rien à dire. Un bref silence s'installe entre nous alors elle préfère la facilité : fuir. Elle me contourne, me bouscule au passage et court dans l'espoir que je la laisse tranquille. Je l'avais bêtement suivi du regard avant de réagir, avalant en vitesse le morceau de sandwich que je n'avais pas réussi à avaler jusque là. « Attends ! » Je laisse tomber mes affaires par terre, comme si ça n'avait pas d'importance, je laisse aussi le sandwich à moitié terminé près d'un lavabo et je me mets à la suivre. Je presse le pas, je trottine jusqu'à elle même si je sais bien qu'elle fait exprès de ne rien vouloir entendre puis j'attrape son poignet pour la retenir. Quand elle me fait enfin face, je fais un pas en arrière en lui tendant son sac à main, qu'elle avait laissé aux toilettes. « Ton sac.. Tu l'avais oublié. » Maladroitement, je me mets à sourire, essayant de détendre l'atmosphère tout en me massant la nuque, tout de même gêné de l'avoir surpris dans une telle posture. « Je ne te juge pas. Je veux juste t'aider. » Je parviens à lâcher, tout bonnement, pour briser ce nouveau silence. C'était vrai de toute façon, je n'étais personne pour juger qui que ce soit. Surtout pas elle. Pas celle pour qui j'avais eu un crush, il y a un moment. Mais bon, à ce moment, je réalise tout de même que je ne connaissais pas cette fille alors qu'elle habitait à deux mètres de ma maison. Alors, je m'approche d'elle, je me penche pour être à sa hauteur et avec un petit sourire, je viens essuyer ses joues encore humides à l'aide de mes doigts. « Viens. » Sans forcément attendre de réponse, j'attrape son bras pour l'attirer une nouvelle fois aux toilettes. J'allume ensuite le lavabo et je plonge ses mains sous l'eau avec du savon pour les nettoyer, pour nettoyer ses doigts qui ont du l'aider à se faire vomir. C'était comme si j'essayais d'effacer les traces de la douleur, des preuves que tout ceci était bien réel.

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Elle aurait voulu disparaître sous terre, devenir invisible, n’être plus qu’une brise légère dans les branche d’un arbre. Oui, si elle avait pu, elle aurait souhaité se métamorphoser en n’importe quoi d’autre qu’elle. Cela serait si simple, se détacher de qui l’on est, en un claquement de doigts. Malheureusement, rien de tout ceci n’était possible, elle était coincée ici. Vainement, elle tenta d’échapper au jeune homme. Il la talonnait de près. Elle ignora le bruit de ses pas, son appel à s’arrêter. Fuir était la seule solution. Elle ne se sentait pas capable d’affronter Nash tout de suite, ni dans les mois à venir d’ailleurs. Comment allait-il bien pouvoir la regarder ? Qu’allait-il penser d’elle, la pauvre fille pathétique qui se fait vomir dans les toilettes de l’université ? Elle préférait garder son statut de voisine pas trop bavarde.
Son cœur loupa un battement lorsqu’elle sentit une main agripper son poignet. Elle se stoppa soudainement, et fit volte-face. Se retrouvant nez à nez avec Nash, récupérant une totale liberté sur sa main, la brunette évita soigneusement son regard. Il lui tendit son sac qu’elle avait oublié dans les toilettes, et lâcha ;

« Ton sac ... Tu l'avais oublié. »

Mutine, Savannah attrapa la anse de son sac et le ramena vers elle. Elle aurait voulu le remercier, mais aucun son ne voulut sortir de ses lèvres. Sa gorge était nouée, dut à ses pleurs précédents. Et si elle était parvenue à articuler ne serait-ce qu’un mot, elle était certaine qu’il aurait été sous forme de sanglots. D’un regard en coin, elle l’aperçoit sourire nerveusement. Elle se trouve stupide, plantée là devant lui, incapable de dire quoi que ce soit, la honte l’enveloppant toujours de ses bras hostiles.

« Je ne te juge pas. Je veux juste t'aider. »

La concernée releva ses prunelles rougies une fraction de seconde, surprise. Elle ne s’attendait pas à une telle réaction de sa part. Elle aurait plutôt pensé qu’il serait parti sans rien dire. A vrai dire, elle ne le connaissait pas vraiment. Ils n’avaient jamais partagé de vraie conversation, c’était tout juste s’ils réussissaient à parler du temps lorsqu’ils se croisaient. Savannah n’avait jamais su quoi dire quand elle se trouvait face à lui. Elle savait pourtant qu’ils étaient à la même université. Il n’était pas rare qu’ils se croisent sur le chemin de fac, qu’ils marchent l’un derrière l’autre sans se parler. Mais elle ne savait pas engager la conversation, ça lui paraissait être une épreuve insurmontable que de trouver quelque chose de plus intéressant à dire que « Oh, comme il fait beau aujourd’hui. » ou « Les éboueurs ne sont pas passés hier. »
Nash mangea les quelques centimètres qui les séparaient, et essuya ses joues humides de larmes, à l’aide de ses doigts. La jeune femme le laissa faire, interdite, à la fois bouleversée et mal à l’aise. Elle était touchée par sa gentillesse, par son refus de la juger. Mais tellement honteuse de paraître si faible devant quelqu’un qu’elle ne connaissait pratiquement pas.

« Viens. »

Savannah n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit, que le jeune homme attrapa son bras et la tira de nouveau vers les toilettes. Confuse, elle le suivit malgré tout. Il la posta devant un lavabo, et plaça ses mains devant le robinet. Allumant l’eau froide, il entreprit de laver ses doigts avec du savon. Embarrassée, elle le laissa nettoyer ses mains, et finit par bredouiller d’une voix brisée ;

« Te … te sens pas obligé de m’aider. »

Il la fixa un instant, silencieux, avant de finir ce qu’il avait commencé, rinçant ses doigts plein de mousse. Elle ne comprenait pas pourquoi il l’aidait ainsi. Elle ne voulait pas qu’il ait pitié d’elle, qu’il la voit comme une pauvre fille malade. C’est pour cela qu’elle n’en parlait à personne, que peu de monde qui la connaissait, était au courant de ses crises de boulimie, de ses détours aux toilettes à chaque fin de repas un peu trop caloriques. Elle ne souhaitait pas être prise en pitié, être jugée par les autres et ne devenir plus que la fille qui se fait vomir dans les wc.
Nash s’appliqua à lui essuyer les mains à l’aide d’essuie-tout, et Savannah les ramena vers elle, les plaquant contre sa poitrine.

« Je sais qu’on ne se connaît pas tellement bien, tous les deux. Mais … si tu pouvais ne pas en parler. S’il-te-plaît. »

Son nez recommença à la piquer, et elle s’efforça d’inspirer longuement, afin de ravaler les nouveaux sanglots qui naissaient au creux de sa gorge. Elle ne souhaitait pas que toute la fac soit au courant, devenir le nouveau sujet de conversation de toutes les filles qu’elle croiserait aux toilettes. Ce serait une véritable humiliation, et elle n’aurait plus le courage de revenir à l’université et d’affronter les regards curieux et écœurés des autres.
En laissant un sourire forcé apparaître sur ses lèvres, elle se sentit obligée de rajouter ;

« Et puis, c’est très rare que je … enfin … Ca n’arrive pratiquement jamais. Mauvaise journée. »

Mensonge. Enorme même.

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savannah&nash ❧ ONLY HUMAN.

C'est quand j'ai emménagé avec mon père et mes frères dans le quartier que je suis tombé sous le charme de Savannah. Vous savez, tout le monde sait que je suis le garçon naïf du coin et que je tombe trop facilement amoureux mais j'ai vraiment trouvé Savannah à mon goût. La voisine d'en face, un peu discrète, toute mystérieuse. Bien entendu, elle m'avait directement intimidé comme la plupart des filles à vrai dire, et, même si mes frères m'avaient pendant longtemps poussé à l'inviter boire un verre, je n'avais jamais eu le courage de lui parler d'autre chose que de la météo ou des cours à la fac. Et encore, même pour ça, j'avais dû buter sur au moins chaque mot par phrase. Ouais, les joies de la timidité ! Pendant un moment, j'avais gardé ce petit coup de cœur pour moi, persuadé qu'un jour, le hasard ferait bien les choses et que je pourrais apprendre à la connaître un peu plus. J'avais bêtement nourri cet espoir jusqu'au jour où j'avais compris qu'elle avait un copain. Je les avais vu main dans la main, quand je revenais des cours. Et autant vous dire clairement les choses : je ne faisais pas le poids face à un mec de ce genre. Quelques années de plus que moi, des costumes haute couture, une voiture de sport, des cadeaux à chaque fois qu'il lui rendait visite. Rapidement, j'avais compris que je n'avais aucune chance et j'avais du sortir Savannah de ma tête. Jusqu'à... aujourd'hui.

Hors de question que je lui rende son sac pour me barrer ensuite, hors de question de flipper devant elle, hors de question de perdre mon sang froid. Si je l'ai ramené aux toilettes, si je l'ai suivi, si je l'ai rattrapé, c'est pour l'aider et pas pour faire ma lavette. Je l'avais encore une fois fixé avec un drôle d'air parce qu'au fond, je réalisais qu'on ne se connaissait pas vraiment. Jamais je n'aurais pu me douter que la fille qui vivait à deux pas de ma maison se faisait vomir dans les toilettes. Et elle, elle ne devait pas penser que je faisais ça par obligation. Je connaissais un tas de personnes qui auraient rigolé, qui l'auraient laissé en plan mais moi je n'étais pas comme ça. Quand j'aide quelqu'un, je suis sincère dans ma démarche jusqu'au bout. Sans réfléchir, j'avais attrapé ses deux mains dans les miennes et je les avais lavé, comme un mec protecteur le ferait avec sa copine. Sauf qu'elle n'est pas ma copine, je précise. En fait, je ne savais même pas si elle était toujours avec son copain. Ce n'est sans doute pas le moment de penser à ça. En silence, je rince le salon entre ses doigts, j'efface la moindre trace de ses conneries, je tiens à ce qu'elle ne soit plus souillée, qu'elle aille bien. « Je suis une tombe, tu peux compter sur moi. » Dans un sourire, je balance mon essuie-tout à la poubelle. Inutile de lui montrer de la pitié ou de la compassion, ça ne lui ferait que du mal, rien d'autre. Alors, je continue de sourire en comprenant parfaitement ce qu'elle redoutait. Les autres. Leurs réactions parfois incompréhensibles. Les jeunes sont méchants entre eux, c'est un fait. La loi de la jungle, sans aucune pitié. Elle n'avait pas envie qu'on la regarde comme si elle portait une pancarte "je suis la fille qui se fait vomir", les regards plantés dans le dos, ça aide pas forcément à l'université. « Ouais, mauvaise journée.. » Je répète, machinalement, presque dans un murmure en fourrant mes mains dans mes poches. En fait, je ne croyais pas vraiment à cette version mais il était peu probable que Savannah me confie ses problèmes. Un petit silence s'installe alors pendant que je récupère mon sandwich pour le jeter à la poubelle avant de ramasser mon sac à dos et le caler sur mon épaule. En calant mes livres sous mon bras, je me retourne vers Savannah alors que j'étais sur le point de sortir des toilettes. « Tu n'as plus cours de la journée ? Enfin.. tu veux que je te raccompagne ? » C'était quand même la moindre des choses non ? Puis, je n'avais jamais vraiment eu l'occasion de faire le chemin avec elle, de briser la glace.

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La brunette sait pertinemment que le jeune homme ne se laissera pas berner. Il fallait être totalement idiot pour ne pas comprendre qu’elle mentait effrontément. Mais qu’aurait-elle bien pu dire d’autre ? Elle aurait été incapable de le regarder dans les yeux, si elle avait osé lui avouer de vive voix qu’elle était tout simplement malade. Qu’elle ne pouvait pas s’empêcher d’avaler des quantités de nourriture, pour finir les doigts au fond de la gorge. Que c’était plus fort qu’elle, et qu’elle était incapable de se battre contre ses démons intérieurs. Elle connaissait le regard des autres, de ceux qui ont pitié ou qui vous prennent pour un monstre. Et même si elle savait que Nash avait compris ce qu’elle faisait dans les toilettes, elle n’avait pas le courage de l’admettre.
Mentir c’était toujours plus simple. Y compris se mentir à soi-même. Se persuader qu’on n’a pas besoin d’aide, qu’on s’en sortira très bien tout seul, que non, on n’est pas malade. Et Savannah passait son temps à mentir. Elle excellait dans le mensonge. Surtout lorsqu’on ne la connaissait pas encore très bien. Oh, elle aurait été bien incapable de mentir à sa sœur. Et c’est bien la seule.
« Ouais, mauvaise journée ... »
Nash répète ses mots sans grande conviction. Elle sait qu’il ne la croit pas. Mais elle reste muette. Elle aurait préféré garder son statut de la fille qui vit à côté, plutôt que celle qui se fait vomir dans les toilettes de l’université. Malheureusement, il était trop tard.

Savannah frotte ses doigts propres nerveusement. Un ange passe. Nash attrape ses affaires, elle le fixe, muette. Avant qu’il ne passe la porte des toilettes, il se retourne vers elle, et lance ;
« Tu n'as plus cours de la journée ? Enfin ... tu veux que je te raccompagne ? »
La brunette est soulagée, le sujet a été dévié. Elle attrape son sac à son tour, et fait quelques pas vers lui, avant de répondre faiblement ;
« D’accord. »
Elle lui adresse un léger sourire en coin, et le suit à l’extérieur des toilettes. Se postant à sa hauteur, ils commencent à sortir du bâtiment, puis du campus. C’est bien la première fois qu’ils rentrent ensemble de l’université. D’habitude, ils se suivent à quelques mètres d’écart. C’était d’ailleurs certainement pathétique à voir. Mais ils semblaient tous deux souffrir d’une timidité maladive, et malgré leurs efforts pour s’adresser quelques paroles lorsqu’ils se croisaient, ils n’avaient jamais réussi à avoir de vraie conversation. Pourtant, une fois que Savannah connaissait les gens, elle était une vraie bavarde, incapable de tenir sa langue. Seulement avant de réussir à passer de l’autre côté des barrières qu’elle bâtissait entre elles et les autres, il fallait persévérer.
La jeune femme était reconnaissante envers Nash de ne pas avoir posé de questions, et de son silence. Beaucoup aurait été curieux, et l’aurait harcelé pour savoir pourquoi, comment, depuis quand. Mais pas le jeune homme qui se tenait à ses côtés.
« On aurait dû faire ça avant. »
Elle laissa une seconde passer, avant de rajouter.
« Enfin, j’veux dire … Rentrer ensemble. Vu qu’on habite au même endroit. »
Elle se sentait stupide, et avait du mal à trouver quoi dire, encore un peu bouleversée par les événements d’avant. Toujours un peu mal à l’aise, elle fixa ses pieds, les trouvant tout à fait intéressants. Prenant sur elle, elle se força à rajouter quelque chose. Elle avait envie de le connaître, mais ne savait pas comment s’y prendre.
« Et … tu étudies quoi à la fac ? J'étudie la littérature anglaise personnellement. »

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» friendship never ends ◇ eileen&savannah