all good things are wild and free. (NATE)

Mes vacances à Ibiza se sont terminées il y a quelques jours déjà. L'argent gagné au loto n'a pas suffi à couvrir toutes les dépenses que j'aurais voulu, il ne me restait plus d'autres options : me remettre à travailler. C'est sans aucun doute que je peux affirmer que j'ai le pire job au monde. Officiellement, on dit que je suis serveuse à La Marina, l'un des restaurants près du port. Officieusement ? Coupeuse de citrons. Le patron pense réellement que j'ai deux pieds gauches. Bon d'accord, j'avoue être un peu maladroite avec les assiettes et le service mais personne ne peut imaginer à quel point couper des rondelles de citron toute la journée peut être atroce. Bref, alors que j'étais en pleine concentration dans les cuisines, mon portable vibre. Avec un sourire, je m'attends encore à un sms de Kenny me racontant encore une blague salace mais à la place, c'est plutôt un rendez-vous de la part de Nate. N'allez pas vous imaginer des tas de choses quand je dis "rendez-vous" parce qu'il n'y a rien de galant dans ce que nous faisons. D'ailleurs, faut même avouer qu'on se connait à peine. Nos seules conversations se résument à un endroit, à un certain moment, et des gémissements. Ouais, un plan cul, exactement. C'est comme ça depuis le jour de notre rencontre, on se s'attarde pas sur les détails, on s'envoie juste en l'air. Pas de sentiments, pas de jalousie, pas de prises de tête. La relation parfaite.

Il est là, juste au dessus, c'est lui qui pilote alors que mes bras encerclent son cou et que mes ongles viennent griffer son dos afin d'y laisser leurs traces. Des chuchotements, des soupirs, des gémissements nous échappent. J'suis encore tombée dans ses draps, comme si j'étais démunie de tout amour propre. La fille facile de Bristol. Ou bien celle qui aime se faire plaisir. Tout dépend de la vision des choses. On est sans doute trop similaires, trop compatibles avec Nate et c'est bien pour cela que ça marche. On succombe à la tentation, au désir sans ressentir la moindre émotion. On ne pense plus à rien et on se laisse aller, j'embrasse chaque parcelle de sa peau, j'accompagne ses mouvements bestiaux. J'me demande parfois combien de temps ça va durer, tout ça. Le premier qui tombe amoureux perd la partie et se doit de fuir ? C'est sur cette étrange question qu'il exerce toute sa force et me fait grimper aux rideaux. J'aurais pu rester là et finir par m'endormir mais non. Une fois terminée, je n'ai plus qu'à m'en aller. Je lui laisse à peine le temps de s'agripper aux draps pour se recouvrir que je saute déjà hors du lit pour me rhabiller sous ses yeux, jugeant qu'il voudrait mieux éviter de s'éterniser inutilement. « Andy voudrait que tu passes à la maison ce soir, on sort tous à l'Underground. Notre coloc va mixer, tu ne peux pas rater ça. » Un sourire vient fendre mes lèvres alors que je me place devant le miroir, réajustant un minimum mes vêtements, repassant quelques fois ma main dans mes cheveux. « Puis.. on m'a dit que les filles étaient chaudes comme de la braise, là-bas. » Je me retourne alors vers lui, lui souriant de façon complice. À vrai dire, on n'avait jamais eu la réelle occasion de discuter vu qu'on passait la plupart de son temps dans son lit. Ou dans le mien. Je finis par lui balancer son paquet de clopes qui traine, une bonne cigarette d'after baise, ça passe toujours bien ; et j'ouvre également la fenêtre.

J’aimerais bien pouvoir dire que c’est facile tout ça, sauf que c’est pas le cas. Ces études ne sont pas simples, même pendant les vacances je dois travailler, d’autant plus que j’ai pris un putain de retard à cause de mes fêtes et mes absences de cours – ouais je sèche tout le temps. J’ai trop de trucs à apprendre parce que sur les plantes, les arbres, les légumes, les fruits, il y a toujours tant de choses à connaître que je dois y passer le plus clair de mon temps. Moi qui pensais que ça allait être de la tarte, je suis servis, pas comme j’aurais voulu d’ailleurs, c’est comme si je me l’étais pris en pleine gueule comme dans les dessins animés de l’époque de mon père. Du coup je planche depuis le début des vacances dessus parce que c’est ça ou je redouble si je rate mon examen en début d’année. La merde quoi. Mais comme je suis un Rodgers, je ne reste pas concentré longtemps dessus, soit à cause des frères, soit parce que j’en ai marre et que du coup je sors pour faire la fête ou le con. Mais là mon père m’a dit que si je bossais pas aujourd’hui, il me coupe mon téléphone. Putain, non mais c’est chiant, parfois j’aimerais me casser comme l’a fait Andy, mais j’ai pas de quoi le faire : pas les moyens, pas la mentalité. Ouais je suis encore plutôt gamin même si j’ai vingt-deux ans. Ca fait déjà une heure que je planche sur une fiche, les principales plantes qu’on utilise pour les médicaments, le pavot, les orties, la molène, etc. Bon dans un sens, c’est pratique quand on fait de grandes sorties et des soirées avec les potes, parce que comme ça je sais quoi faire avec les moyens du bord, mais c’est d’un chiant à apprendre, que du coup je m’endors à moitié sur mon bureau. Putain, réveille-toi. D’un coup je vois mon téléphone et un sourire apparaît sur mon visage.

Une heure plus tard, nos souffles se mélangent, nos peaux dénudées sont l’une sur l’autre, ses ongles me griffent le dos alors que je suis sur elle, en train de mener la danse exquise de l’acte charnel. Quelques gémissements, quelques cris de sa part et de la mienne, des baisers sur le corps, des impulsions qui font du bien, le monde n’est qu’une putain de partie de baise au final, surtout le mien et le sien. Chuck et moi partageons la même vision du monde. Elle sait ce que j’aime et ce que je n’aime pas, notre relation est uniquement basée sur le sexe, pas sur les sentiments, ça ne sert à rien, ça détruit, ça pue, c’est comme un poison qui paralyse tous tes sens et t’engourdis en te rendant niais. C’est la merde l’amour, alors on baise, c’est mieux comme ça finalement. J’attrape les draps tandis que je me lâche dans un petit cri rauque et une fois que c’est terminé, je la vois se lever et attraper ses fringues. Je me relève et retire la capote, la noue et la jette à la poubelle avant de la regarder s’habiller, elle compte s’en aller ? Comme à chaque fois ? Tant mieux, je n’aime pas parler avec les filles que je me tape. « Andy voudrait que tu passes à la maison ce soir, on sort tous à l'Underground. Notre coloc va mixer, tu ne peux pas rater ça. » Oh, ainsi elle parle ? Première fois qu’elle le fait juste après. Pas pour me déranger, de plus quand elle se met devant le miroir, je peux en profiter pour bien me rincer l’œil sur ses fesses qui sont divines. C’est mon meilleur coup, je dois l’admettre. « Puis.. on m'a dit que les filles étaient chaudes comme de la braise, là-bas. » Intéressant, je la vois se retourner en me souriant et elle me lance mon paquet de clopes que j’attrape. J’en prends une et l’allume tandis qu’elle ouvre la fenêtre alors que je suis encore à poil. Tant pis, j’m’en fou, j’ai pas honte de mon corps. « Là tu me tentes grave pour être honnête. Si y a moyen de niquer j’veux bien v’nir. » Je finis quand même par prendre mon boxer et l’enfile rapidement, j’ai une putain d’envie de prendre une douche, je pue un peu la transpiration et le liquide séminal, et un peu c’est un euphémisme dirons-nous. « Tu peux aller te pouponner dans la salle de bain si tu veux, j’vais prendre une douche. » Je sors de la chambre et espère qu’elle me suivra, elle a commencé à parler, autant continuer sur cette lancée après tout. On en a jamais eu l’occasion vu qu’on se saute toujours dessus et qu’on se barre immédiatement après. Bref, j’allume l’eau chaude et met mon calbut au linge sale avant d’entrer dans la cabine.