Hypnotic. │ Adam&Raph.

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HYPNOTIC.
Mathewsen - Martins.

Les verres se sont enchaînés. Les cigarettes et les allers-retours dehors aussi. Je suis sorti parce que je ne supportais plus de rester cloitré dans ma chambre, mais au final … Je sais pas si ça été la meilleure idée que j’ai prise. J’ai juste envie d’hurler. Je me sens creux, je me sens vide et j’ai l’impression que rien ne redeviendra normal. Ça fait 3 mois, maintenant. 3 mois que t’es partis, mon cœur avec. 3 mois que tu m’as laissé. 3 mois que j’erre comme une âme en peine parce que j’ai absolument aucune idée de quoi foutre de ma carcasse. Alors, j’essaie des choses. Des boissons, des substances … Ça me fait m’envoler pour un moment mais quand je retombe, quand je reviens à tout ce bordel … C’est encore plus dur. Y’a toujours ce vide. Toujours cette angoisse de fermer les yeux parce que je te vois.

J’t’ai pas trompé. Je veux pas. Je peux pas. De toute façon, je pense à rien d’autre, je suis encore trop en vrac pour oublier ou faire semblant. Quoi que, j’y arrive de mieux en mieux. Mais de l’autre côté, je craque plus que d’habitude. Y’a tellement de colère, de violence en moi. Je sais plus quoi en faire de ça non plus.

Ce soir encore, je sors. Je marche. Longtemps, sans savoir vraiment où je vais arriver. Et puis y’a cette musique forte et à la fois sourde qui me vient aux oreilles. Je lève les yeux et y voit des faisceaux de couleurs. Un petit sourire aux lèvres et je finis rapidement dans une boite que je n’avais pas été visiter auparavant. Je prends un verre, qui me coûte un bras au passage, et me pose dans une des nombreuses banquettes pour voir ce qui se passe. Y’a du monde mais ça à l’air plutôt calme. Trop calme. Je sens mon sourire s’agrandir. Je finis rapidement mon verre et me glisse dans cette masse mouvante. Les meufs sont pas beaucoup habillées et les gars ont l’air complétement aux abois. Ça promet …

J’ai réussi à entrevoir un jeu de regarde entre deux d’entre eux. Pourquoi pas foutre le bordel, hein ? Ils ont pas de problème, eux. Ils sont ensemble, eux. Je sens ma respiration s’accélérer tout comme mon cœur et c’est à ce moment-là que j’agrippe cette fille inconnue pour fourrer ma langue dans sa gorge. Elle me repousse, mais elle ne me frappe pas. Son copain le fait par contre. Et à partir de là, ma vision devient flou et je sens cette impulsion qui traverse mon corps. C’est pur, c’est violent, ça saigne, mais ça me soulage. Je crois que je ne lui aie pas laissé beaucoup de chance. Même s’il ne s’est quand même pas trop mal défendu vu que je sens un liquide perler le long de ma tempe. Je me fais jeter comme un malpropre dehors mais j’ai toujours ce sourire. L’adrénaline est tellement forte, c’est tellement bon, que je ne sens même pas la douleur qui va m’habiter demain matin.

Je finis assis au milieu de la rue, derrière la boite, adossé à un mur. Je regarde mes mains. Une fois de plus tâchées par le rouge. Calme, satisfaction. Voilà ce qui plane dans mon corps actuellement. Et c’est sûrement meilleur que toutes les daubes que j’ai déjà essayé.

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faut que t'ailles te défoncer la gueule, mec. il est tard, mais encore assez tôt pour aller au centre-ville et boire quelques verres. la moitié des colocs sont de sortie, et j'ai décidé de ne pas aller avec eux. ce soir, je veux rester seul, penser à moi, ce type de conneries. j'suis dans ce genre de phase, où j'veux juste penser qu'à ma gueule, faire l'égoïste, même si j'me mets tout le monde à dos. j'm'en branle. on y va. j'ai besoin de rien. je sors de la baraque seul, direction bristol. j'sais pas trop où je veux aller, j'verrais bien. j'pense à tout, mais à rien en même temps. j'parle pas, c'est rare des trajets comme ça. par la fenêtre, une boite bien animée. parfait. j'attends que la bagnole soit au feu rouge, et j'me barre en courant. le pauvre vieux, il a même pas eu le temps de réaliser, qu'il me voyait déjà au bout de la rue le majeur en l'air. y'a du monde ce soir. j'm'allume une clope, et je marche jusqu'au club que j'ai repéré. j'observe. les passants rient, boivent. y'a des couples vieux et heureux, d'autres qui s'engueulent. y'a des meufs qui chialent, des meufs qui rient. y'a des mecs qui pissent dans les ruelles sombres, ceux qui peinent à marcher en ligne droite. au milieu y'a moi, qui continue de marcher, sans trop savoir si je vais dans le droit chemin. le club, le voilà, celui que j'avais vu. j'entre, ça à l'air bien. j'regarde pas trop, je fonce vers le bar. j'finis mon verre cul sec, et j'en redemande. j'en redemande une fois, deux, trois, assez pour que je commence à me mettre bien. le monde s'amuse, mais l'ambiance reste banale, calme. trop, surement. comme à mon habitude, j'élabore des plans. j'me fais trop chier ici, tout seul à rien foutre. "pour qui tu te prends, connard ?" celle-là, je m'y attendais pas. je me retourne, et vois un type se prendre des coups. il me faut pas beaucoup de temps pour comprendre, et ça me fait rire. toi là, j't'aime bien. t'as lu dans ma tête, connard. sans surprise, il se fait virer de la boite. j'm'imagine à la place du type qui vient de se faire humilier, et j'me mets à rire tout seul, sous les effets de l'alcool. le barman me ramène à la réalité lorsqu'il me demande pour la énième fois de payer les nombreux verres que j'me suis pris ce soir. "tu m'fais chier, j'ai même pas pris de sous pour toi, t'as vraiment cru que j'allais payer ? ahah, tu te retrouves un peu con, là, non ?" je m'enflamme. c'est vrai quoi, il a la belle vie lui, il bosse, il obtient surement des tas de numéros de nanas magnifiques tous les soirs, et il est là à me faire chier ? j'l'ui laisse pas le temps de réagir, j'lui fous une tarte, comme ça, direct. j'ai pas trop réfléchis et il s'avère que c'était un peu con, mais j'm'en fou, j'me marre bien. sa gueule ensanglantée me fait bien rire, et il attend pas une seconde pour m'en foutre une. il est fort, ce merdeux. je réalise que mon nez se met à saigner, et l'autre con, il continue de s'acharner. deux gros types m'attrapent et m'entraînent vers la sortie. le positif, c'est que j'suis sur qu'à cause de moi, il perdra son job. une bonne chose de faite. me voilà dehors, bourré, et en sang. mais j'm'en branle. y'a que ça de bon, se sentir vivant. tu saignes, tu souffres, mais tu regrettes pas. j'suis fier de moi. j'essaie de reprendre mes esprits et de me relever. j'pense à me mettre en route, puis j'vois une tête familière au coin de la rue, derrière la boite. c'est l'artiste de tout à l'heure. je souris, et je m'approche de lui. il est calme, posé contre le mur. il apprécie. "belle performance, gamin. tu m'as impressionné. ça t'arrives souvent de foutre la merde comme ça ?" je sors mon plus beau sourire fourbe et narquois, celui que je sors quand j'suis pas satisfait de mes conneries, et que j'en veux encore. j'le sens, ce gars. il est cool, il est comme moi. "ça te tente de me joindre ? j'crois bien que la nuit est pas encore finie."

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HYPNOTIC.
Mathewsen - Martins.

Les basses de la musique continue de battre autour de moi. Continue de résonner dans mes tympans. J’ai l’impression d’être sourd. Peut-être le contrecoup, je sais pas. Toujours est-il que je me retrouver dehors. Plein de sang. Les muscles endoloris. L’alcool qui coule dans mes veines. Et un briquet solitaire dans ma poche. Je soupire. Quelle merde.

Alors que la nuit m’enveloppe tout doucement, que je sens ma respiration et mon rythme cardiaque se calmer graduellement, un claquement de porte. Un bruit sourd. Au départ je ne fais pas attention, j’attends d’être vraiment calmé pour repartir. Soit chercher une autre fête, soit aller foutre le bordel ailleurs. Sauf qu’une voix me parvient. C’est rauque, masculin. Mes yeux se posent sur cette ombre dont les canines scintillent. On s’croirait dans une de ses conneries de scènes de film. Je me redresse un peu. Il a ce sourire mauvais. Ce petit truc qui me fait penser qu’il n’en a pas terminé. Et ce regard … Cette étincelle dangereuse alors qu’il vient de se faire virer tout comme moi. Je me retrouve face à un miroir de moi-même et je me sens un peu plus léger. Un peu moins incompris. Je lui fais face. Il me fait une proposition.

C’est pas vraiment mon genre la coopération. Même le fait de m’amuser avec quelqu’un d’autre. Quand j’ai décidé que je pars en chasse, c’est seul. J’ai pas envie d’avoir quelqu’un dans les pattes ou de devoir surveiller si je fais des dommages collatéraux. Bon, ça je le fais jamais, mais … Mais lorsque je vois ce gars aux bouclettes brunes, que je connais ni d’Adam ni d’Eve, amoché, sûrement déjà avec une senteur d’alcool, aux prunelles imprudentes ben le choix est vite fait. Je m’approche de lui, avec ce même rictus placardé au visage, comme indélébile. Je lui tape dans la main et nous sommes partis. Ma tête est embrumée, il est tard et je ne parle pas beaucoup. Je serre et desserre mes poings, jusqu’à faire craquer mes doigts.

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faire des conneries à plusieurs, y'a que ça de vrai. avoir quelqu'un avec qui partager des fous rires quand j'viens de foutre la merde, sous l'effet de l'alcool et de la drogue, c'est jouissif. d'habitude, c'est avec des potes, des colocs. ce gamin-là, j'le connais pas. c'est un sombre inconnu, peut-être même qu'il est pas net, mais j'm'en branle. moi non plus j'suis pas net, quand je me défonce, j'me transforme. c'est comme une bête sauvage, j'me contrôle pas. et dans ces moments-là, si tu m'aimes pas, vaut mieux pas me croiser. accoster des inconnus c'est pas ce qui m'arrive le plus souvent, mais ce mec-là, j'l'aime bien. on a ce même truc, cet appétit destructeur. j'le sens dans son regard, et sa prestation au club ne fait que confirmer ce sentiment. j'ai trouvé mon double, mais en même temps, on est différents. cette envie de foutre la merde qu'on a en commun, ça surpasse tout. de toute façon, qu'est-ce que j'en ai à branler, j'le connais pas, et j'suis trop bourré pour me soucier de ça maintenant. j'ai cette impression de déjà le connaître, comme-ci j'pouvais anticiper ces faits et gestes, et c'est déjà suffisant. je sais que t'en a envie, petit, me déçois pas. un sourire plus narquois se dresse sur son visage. il se rapproche, et me tape dans les mains. j'me réjouis, je sais qu'on va s'amuser. on part en courant, sans faire gaffe aux autres. on en a rien à foutre. j'gueule comme un fou dans la rue, mon nouvel ami n'est pas très bavard, j'pense qu'il doit être salement amoché. j'me marre tout seul, comme un con, mais putain, ce que j'suis heureux. on sait pas où on va, j'le suis, et il me suit. les passants nous regardent comme si on était des fous. quand j'vois le regard sur leur face, ça m'donne envie de les frapper. "AND IIIII WILL ALWAYS LOVE YOUUUUUUUU ! J'M'EN BRAAANLE !" je chante, j'sors des trucs insensés, le genre de paroles que tu te souviendras même pas avoir dites le lendemain matin. mon acolyte se fout littéralement de ma gueule, et moi, ça me fait rire de plus belle. tout ce que j'entend, c'est le sons des klaxons des bagnoles et des voisins qui gueulent parce qu'ils veulent dormir. j'm'arrêterai jamais. on dévie vers une ruelle un peu sombre, bien cachée. au coin, j'vois un type, genre père de famille, sortir de sa caisse. ni une ni deux, je lance un regard évocateur à mon compagnon de conneries, et je fonce vers la bagnole. le vieux con nous voit même pas arriver. je pousse violemment le mec de la portière, et j'entre direct dans la caisse, laissant au gamin le plaisir de casser la gueule au sale type. ce con a même pas eu le temps de ranger ses clés. "grouille toi mec ! monte !" le type est immobile, il est plus capable de faire quoi que ce soit. parfait. il est doué, l'artiste. en quelques coups, il a réussi à le foutre à terre. j'm'allume un joint de satisfaction, et j'démarre la caisse, aux côtés de mon acolyte. j'roule, j'roule. j'sais pas où je vais, j'm'en fou. tout est flou, tout est trouble, j'distingue pas les rues. tout ce que je vois, c'est deux beaux gosses qui ont réussi à voler une bagnole en étant bourrés, et ça, c'est du talent. prochain objectif; aller quelque part où on pourra vraiment, faire chier les gens.

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HYPNOTIC.
Mathewsen - Martins.

Y’a comme un truc dans l’air. Un truc spécial. Un truc bizarre. Comme si des ailes nous étaient poussées dans le dos et qu’on pouvait tout faire. Ce soir on est les rois du monde et peu importe ce qui peut nous arriver, on vit. Vraiment. On s’met à hurler, à courir, à rire. Ça faisait un moment qu’j’avais pas ressenti ça, et bordel c’est bon. Comment j’ai pu oublier ? Mon cœur me fait moins mal et je ne sens même plus les coups que j’ai donnés et que j’ai reçus plus tôt dans la soirée. Nan ce soir, les tigres sont lâchés et y’a rien qui pourra nous arrêter. Parce qu’on est de la même trempe et qu’on sait que si l’un fait quelque chose, l’autre fera pire, ect, ect … Ce sera l’escalade jusqu’à l’apocalypse.

Mon acolyte se met à chanter en beuglant et je peux pas m’empêcher de rire parce que c’est vraiment horrible. Il a l’air heureux. Il a l’air d’être dans son élément, bien plus léger. Bien moins accablé par la vie qu’il mène le jour. Les regards des personnes autour m’effleurent mais je me sens trop bien pour leur donner une quelconque attention. On tourne, on saute partout. La ville devient jungle et nous somme animaux en liberté. On traverse des passages piétons alors que c’est vert. On se fait klaxonner, insulter. Mais ça nous fait rire. On s’en fout.

J’ai l’impression de voler. De flotter au-dessus du sol. Je ne me sens ni essoufflé par notre course nocturne, ni fatigué ou endolori. Non, rien. L’euphorie, l’adrénaline. Y’a que ça de vrai. Le bouclé tourne à un croisement et je le suis. Y’a un gars, et une caisse. Pas besoin de parler, rien qu’un regard lourd de sens et on se jette sur lui. A peine il pose le pied au sol que mon compère se fond dans l’habitacle. Notre victime à l’air âgée, j’vais pas m’acharner. Une bourrade, un coup de poing, et l’affaire est réglée. Au sol, il y reste. Tandis que j’entends l’autre me crier :

─ Grouille toi mec ! Monte !

J’obéis, laissant un énième corps derrière moi. Je claque la porte et on décolle. Les fenêtres ouvertes on roule. Tellement vite que toutes les lumières me paraissent troubles, floues, comme des fantômes qui hantent mon passé et mon présent. Je me hisse à l’extérieur pour crier. Cette nuit est à nous, rien qu’à nous. Je saisis le cylindre qu’il me tend et tire plusieurs fois dessus. La fumée se repend lentement dans l’habitacle, autour de nous, avant de finir dehors, relâchée dans la nature.
Y’a comme un instant de flottement. Ce moment de silence avant que le fauve se jette sur sa proie. Je déglutis avant de me tourner vers lui. Il a une arcade en sang mais son gigantesque sourire m’indique que rien ne peut lui enlever. Il semble indélébile. Je lui rends son joint.

─ C’est quoi ton nom à toi, gentleman cambrioleur ?

Quand on croise pareille âme sur son chemin, impossible de la laisser passer. Tout ça, j’aurais pas pu l’imaginer y’a encore quelques heures. Moi, on m’a toujours laissé seul quand on voyait que chaque soirée où je me pointais virait au drame. Ils n’étaient pas drôles, voilà tout. Ils ne comprenaient pas. J’ai une pensée pour toutes ces personnes qui me pensaient taré, bancale, pas fiable. Elles avaient raison. Je leur prouve ce soir même si elles peuvent pas m’entendre hurler. La voiture continue de rouler à vive allure. On s’enfonce dans la nuit noire et je sens qu’on a pas fini d’entendre parler de nous.

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