far from the others, close to each other (cèzanne)

une invitation sur carton couleur pastel, tombée dans votre boîte aux lettres. petite robe blanche sans prétention. cheveux tressés, tirés à quatre épingles, surmontés par des fleurs discrètes. maquillage, parfum, tout ce qui va avec. et aussi, cèzanne. tu fonds. rien que sa chemise. t'as envie de lui arracher, mais tu manques de temps. un petit bout de chemin vous attend. « t'es beau comme ça, tu sais. » soixante trois kilomètres jusqu'à la jolie ville bordée par la mer, ta main sur sa cuisse. trois cent roses rouges sur les lieux de la fête. robes et costumes de créateurs. les moriathy dans toute leur splendeur, exhibant leur argent. t'es stressée à l'idée de voir toute ta famille, lou, mais t'aurais raté le mariage de ta cousine pour rien au monde. t'oses pas descendre de la voiture, te regardant encore une fois dans le miroir de courtoisie. « l'important c'est de sourire. » la cage thoracique toujours un peu en vrac, tu sors difficilement du véhicule, venant aussitôt te glisser sous son épaule. ton bras passe sous sa veste. t'attrapes ses lèvres pour te rassurer. tendrement. sa présence c'est un bout de ton cocon qui te suit partout. c'est le graal. et ça marche. « tu vois le gros moustachu là-bas? c'est mon oncle. j'mets ma main à couper qu'il va finir bourré. »

en voyant la carte pastel, t'avais dit non. hors de question. jamais. pas dans son état. et puis, en voyant ses yeux résolus, t'avais finis par abdiquer. vous voilà entrain de vous activer dans l'appartement. en allant chercher la dernière pièce, ton nœud papillon, tu t'arrêtes brutalement. éblouis, tu la regardes valser dans sa robe, alors qu'elle arrange ses légères fleurs sur le haut. nœud de cravate arranger. veste négligemment jeter sur l'épaule. tu la rejoins au milieu du salon. « toi pas du tout. » un sourire doucereux égaille tes lèvres. non, elle n'est pas simplement belle. la seconde suivante, tu viens attraper sa main pour l'attirer devant le miroir du salon. tes lèvres venant chatouiller son oreille et replaces doucement une mèche échappée de sa tresse.  « t'es magnifique. » la route est longue. beaucoup moins avec elle. ta main sur la sienne tous le long, sans jamais la lâcher. et puis c'est beau, toutes ces roses. grandiose. richesse montrée avec un talent sans fin. tu viens placer un baiser sur le dos de sa main. tu le vois, qu'elle est légèrement crispée la belle. « détends toi, mon ange. » pas accélérés pour faire le tour de la voiture. t'ouvres la portière avant qu'elle même agrippe la poignée, et s'effondre contre toi. comme depuis des jours, tu fais attention où tu poses les mains. un bref instant, vos lèvres se retrouvent, comme un enchantement, vos muscles se détendent. elle est ta part de bonheur infini. vous vous rapprochez peu à peu de la foule. « et les deux belles rousses là-bas ? »

qui dit rousse dit moriathy. tu poses ton regard sur elles, battant des cils. les deux dames hautaines, avec leurs belles robes.
« ma sœur dylan et.. » celle d'à côté, ça fait tellement que tu ne l'as pas vu que ça te serre le cœur. « ma mère. » la foule vous gobe comme une pastille. salutations distinguées par-ci par-là, et puis, maxime. elle arrive comme une balle et te saute dans les bras. effusions d'amour habituelles. tu la laisses t'étouffer entre ses bras sans broncher, serrant les dents. douce et douloureuse, l'étreinte, la tendresse de ta sœur. tu te décolles, sans te plier en deux, et la voilà qui s'échappe déjà, laissant place à ton cousin. il t'embrasse les deux joues, aussi maniéré qu'à l'accoutumée, et serre la main de cèz. oh, allez, on s'fait la bise hein. il se recoiffe lentement, et reprend, le dévorant du regard, limite. je reviens d'un voyage à Paris, on m'a pas dit qu'il y aurait des beaux gosses.. hm. ravi de faire ta connaissance ! tu te retiens de rire, une main sur le front, regardant la tête de ton chaton qui se décompose, incapable de ne pas te foutre de sa gueule. mais ça t'amuse de moins en moins. ta réaction de ne tarde pas, anormalement impulsive. t'attires le visage de cèz au tien et l'embrasse tendrement -langoureusement-, sous le regard médusé de l'autre. « c'est le mien, celui-là, cousin. » tu souffles ça avec un sourire, toute fière. et là, c'est à ton tour de perdre la face. tu vois ton père, non loin, cigare entre les lèvres. ton courage s'envole comme une traînée de poussière. tu voudrais disparaître, mais c'est trop tard.

tu la charries, mais tu sens bien que ça la rend nerveuse. tu penses à tes propres parents. et t'imagines bien ce qu'elle ressent, sans être capable de trouver les bons mots. t'embrasses tendrement sa tempe, avant que la foule vous emporte. les présentations et retrouvailles s’enchaînent. tu vois maxime se jeter dans les bras de sa sœur. et à ce moment là, tu détestes louve pour t'avoir fait promettre de te taire. tu fermes les yeux un instant, le temps que leur étreinte se termine. tu regardes maxime s'en aller sans un mot. tout sourire, y a le cousin qui prend sa place. maniéré, qui rentre de paris. t'hoches la tête comme si il y avait quelque chose d’intéressant là-dedans. jusqu’à ce que tu comprennes. et que t'essayes de faire bonne figure. « hum ? ah. je .. euh .. moi aussi.  » ton sourire tremble à moitié, un peu perturbé, tu cherches de l'aide dans les yeux de louve. qui vient, à la surprise générale, chercher tes lèvres. tu souris sous ses lèvres, incapable de lui résister. tu viens attraper sa main en te redressant. satisfait, que ce soit la tête du cousin qui se décompose à présent. tu es sien. elle est tienne. c'est comme ça. ça le restera. deux pas plus loin. un cousin en moins. elle se stoppe. tu passes un bras, au cas où elle déciderait de défaillir dans tes bras. tu relèves les yeux, vers l'homme au cigare. elle a les mêmes yeux, peut-être plus doux. mais la même teinte. « ton père ? » t'attends pas ta réponse, tu l'as déjà. tu la sens juste hocher la tête à côté de toi. « t'es prête pour ça ? le revoir ? »

tu l'observes, lui, son cigare et son regard usé par le temps. même le voir de loin, t'y étais pas préparée. encore moins à ce que ses yeux croisent les tiens. la boule au ventre. l'esprit troublé. cèz te tient, tu le sens, son bras autour de ta taille, comme une ceinture de sécurité. à l'instant, tu voudrais juste te cacher contre lui, laisser ta silhouette disparaître contre la sienne. se planquer dans ses bras, à l'abri de tout. t'es à deux doigts de le faire, mais ce serait trop facile. tu veux garder ton image de femme élégante, et pourtant l'enfant fragile est pas loin. « non. mais je suis pas venue pour lui, de toute façon. » tu laisses pas ta voix se briser mais t'oses pas non plus te détacher de cèz. t'es incapable de le lâcher, même si tu veux pas qu'il voit tes mains et ta lèvre inférieure qui tremblent comme une feuille. tu le fixes avec un petit sourire confiant. et pour une fois, t'oses dire ce que tu penses vraiment. « ne me lâche pas, mon amour. » mouvement de foule vers l'église, vous vous retrouvez assis sur un banc. musique entêtante, émotions. c'est long, mais l'ennui n'est pas au rendez-vous : tu t'es perdue dans tes songes. totalement. et si c'était toi, la mariée, louve? et si c'était cèz qui te passait la bague au doigt? tu rêves trop, sûrement. mais quand tu tournes la tête vers lui, tu crois comprendre que vous êtes deux, et t'étouffes ton rire timide qui voudrait s'épanouir dans le silence religieux.

elle l'observe lui. tu l'observes elle. un regard t'avais suffit pour intégrer ce visage. entrelacés, aucun de vous n'était près à lâcher l'autre. t'avais pas envie qu'elle se montre forte aujourd'hui. t'avais envie de la tenir dans tes bras encore un peu. « jamais. » ça c'était une promesse que t'étais capable de faire sans risquer de la briser. parce que depuis le temps, tu sais que tu peux plus te passer d'elle. et des ses yeux qui rivalisent avec les tiens. et de sa douceur un peu brisée en ce moment. on vous entraîne vers l'église, installé sur un banc, t'écoutes la musique sans vraiment t'y intéresser. un court instant, c'est vous que tu vois à la place des mariées. les yeux remplis de bonheur, alors que tu lui glisses la bague au doigt. celant votre amour. et pour la première fois depuis longtemps, tu vois un véritable avenir devant toi. pas celui noir, sans issu dans lequel tu t'étais réfugié il y sept ans. l'illusion passée, tu viens attraper sa main, te concentrant plus sur sa présence à tes côtés que sur la cérémonie. vos yeux se rencontrent, et tu sais, que pendant un court instant, vos pensées étaient mélangés. le sourire aux lèvres, ton rire fait silencieusement vibrer ta cage thoracique.  

changement de décor. la grande salle à moitié ouverte, pour laisser passer les derniers rayons de soleil. le bruit des vagues en fond sonore. tu la regardes un peu nostalgique l'horizon. ça fait longtemps que tu l'as pas goûté l’océan. t'essayes de cacher tes yeux comme tu peux. un sourire reprend ses droits. tu veux pas que louve le voit, et tu veux pas penser à ça. le dîner. avec surprise, tu t'es mêlés à la conversation. un père avocat. ça aide à comprendre pas mal de chose. le dîner, tu l'as passé avec la main discrètement posée sur la cuisse de louve. la musique vient prendre possession du décor. tu offres ta main à ta belle. « puis-je ? » tu l’entraînes derrière, au moment où la musique bascule sur un slow. une main dans la sienne, l'autre au creux de ses reins. tu la fait voltiger du bout du doigts, la ramène vers toi avec tendresse. et vous continuez de tournoyer parmi les autres couples. et là. à ce moment. tu te sens tellement bien. c'est indescriptible. y a que deux mots qui peuvent exprimer ça. et tu les lâchent avec douceur près de son oreille. intimant. « je t'aime. »

et malgré les j'te ferais du mal lou, t'avais pas lâché l'affaire. cette histoire, c'était un coup de poker. si t'avais pas squatté son appart, s'il s'était pas battu, si t'avais pas joué les infirmières ce soir-là et si l'orage n'avait pas crié sa douleur, vos lèvres se seraient-elles trouvées quelques jours plus tard? t'en doutes difficilement, persuadée que le destin vous a lié, comme deux aimants. union d'un ange et un démon. sur ce coup-là, t'as été bénie par les étoiles. et c'est beau, vos deux âmes qui dansent. tu tournes sur toi-même, revenant près de lui. tu ne sais pas par quel miracle tu tiens encore debout, mais t'es là, ton corps contre son corps. il y a les gamines aux chouchous roses qui courent autour, jouant avec les ballons, mais pour toi, vous êtes seuls au monde ce soir. et lorsque ses chuchots s'en viennent jusqu'au creux de ton oreille, un sourire prend place et tes joues s'empourprent. ces mots-là n'étaient pas encore dans votre vocabulaire, c'est le genre de choses que vous ne dites pas à la légère. mais prononcés rarement, ils ont plus de valeur, sûrement qu'ils sont plus sincères, aussi. « je t'aime. » tu les dis à ton tour, ces trois mots, à voix-haute, fièrement. sans rien ajouter de plus. le reste est superficiel. et puis, les petites ont entendu, elles se mettent à chanter. ça te fait rire, et t'attrapes encore une fois ses lèvres, faisant fuir vos admiratrices faussement dégoûtées. mais quand la douleur refait surface au détour d'un geste maladroit, tu préfères le lâcher doucement pour aller te bourrer de calmants au coin des dames, sans te douter que papa, il en profite, lui. il vient lui attraper les épaules le temps de quelques questions, parce que le vieux égoïste est aussi curieux, et que le brave bonhomme en nœud de pap, il l'a vu embrasser sa fille sur la piste.