Shade | Avec moi, faite attention de ne pas vous brûler les ailes !

JE ME SOUVIENS ▷
Je me souviens, comme si c’était hier de mon enfance pourrie. Les cris, les pleurs, les coups, la peur. Cette boule au ventre quand je rentrais de l’école. Ma mère inconsciente allongée sur le sol de salon. Moi dans les escaliers, allongée, sa main sur ma gorge. Le sentir serré de plus en plus fort, le poids de son corps ivre sur le mien.

Je me souviens, de ces nuits sombres où il se faufilait dans mon lit. Je sens encore son souffle dans ma nuque, son haleine imbibé d’alcool. Ses mains glacées sur mes cuisses, ses doigts faire glisser ma petite culote, le goût salé de mes larmes versée. Je n’arrive pas à chasser les images de ses poings se fracassé sur le visage en sang de ma mère. Moi recroquevillée sous mon lit, priant, suppliant pour qu’une fois, juste une fois il m’oublie. Ses ongles griffés mes chevilles au moment où il m’attrape dans les escaliers.

Je me souviens, de son sourire ravi une fois son affaire terminé. Des bouteilles d’alcool, totalement vide jongé la table de salon. Je me souviens, de sa voix hurlant que j’aimais ça. De la batte de baseball qu’il écrasait sur ma gorge pour ne pas que je crie. Les coups de ceinture en guise de punition, ses mains se baladé sur mon corps, les nuits blanches enfermée dans ma penderie.

Je me souviens, de mon frère et de ses yeux désolé. De ses promesses de me protégé, des coups qu’il prenait à ma place, de ce nous contre le monde entier. Je me souviens, de cette nuit où notre paternelle nous a enfermé tous les deux dans ma chambre. Des mains tremblantes d’Ilan sur mon corps, de sa voix me suppliant de lui pardonné. Ses yeux empli de larmes, son cœur battre trop vite, la chaleur de son corps sur le mien.

Je me souviens de ce jour où la police a dû intervenir. De la force insoupçonnée d’Ilan, de papa dévalent les escaliers. Moi me jetant au bras d’Ilan pour lui supplier de ne pas faire de connerie, lui promettre qu’on allait s’en sortir. Je me souviens des policiers mettant les menottes au poignet de mon frère. Je me souviens d’avoir promis à mon père de faire tout ce qu’il voulait s’il ne portait pas plainte. Je me souviens, que ce jour-là j’ai vu envolé le peu de sécurité que j’avais.

Toute ma vie n’a été que suite de malheur. D’emmerde, de coup, de peur, de larme étouffée dans mon oreiller. Je n’ai pas vraiment eu l’opportunité de faire la folle dans ma chambre, d’écouté de la musique à m’en explosé les tympans. Moi je cachais les bleus fait pas mon père, sous des couches de vêtements. Je dormais deux heures par nuit, je airais dans les rues la nuit pour oublier. J’accumulais les conneries, les mauvaises fréquentations. Moi j’étais l’objet de celui qui m’a conçu.

J’entretiens une relation ambiguë, compliqué, malsaine, impossible, impensable, dangereuse, incompréhensible avec mon frère. Une relation passionnelle, fusionnelle, intemporelle. Personne ne comprend, parce que personne ne sait vraiment ce qu’on a vécu.

Il y a quelques mois, ma mère nous a quittés. Elle est tombée dans le coma suite au coup insistant, incessant de mon père. Après un mois et demi de coma, elle a rendu les armes. Je ne peux pas lui en vouloir, d’avoir préféré fuir, d’avoir abandonnée après autant d’années. Même si ça a signifié me retrouvé seule avec mon père. Même si j’ai accusé les coups pour deux, les besoins répugnant d’un homme seul. Ça a duré six mois, six long mois durant lesquels j’ai faillis y laissé ma vie au moins dix fois.

Mon frère était obligé de repartir pour l’université, aussi non il allait être renvoyé. J’ai fait comme toujours, j’ai mis ma vie entre parenthèse, je me suis mise de côté. Espérant, priant pour un jour pouvoir m’échappée. Après ce que j’ai vécu plus rien ne peut m’atteindre, rien sauf mes démons. Les cauchemars, les larmes étouffées, les cries dans la nuit, la peur au ventre, les insomnies.