Tout le monde sait qu'il me suffit de deux ou trois verres pour perdre entièrement le contrôle de la situation. Influençable comme jamais, je ne pouvais rien refuser et enchaînais les boissons qu'on me tendait. Sans réfléchir, je les descendais comme si ça m'importait peu de finir complètement déchiré et me réveillé me lendemain avec la pire des gueules de bois. Le bar est encore très animé à cette heure là, mais la table où je suis est sans doute la plus bruyante. Une soirée entre mecs pour marquer le retour à Bristol, pour marquer le début des vacances, pour marquer le coup tout simplement. Mon rire se mêle facilement à celui des autres, j'ai l'air tout joyeux alors que je suis de loin le plus réservé en temps normal. On pouvait me dire de faire n'importe quoi, je le ferais bêtement sans réfléchir. D'ailleurs, je me surprends moi même une cigarette à la bouche. Depuis quand je fume ? C'était devenu la question existentielle de la soirée. Persuadé d'avoir trouvé ma nouvelle vocation, je laisse mes potes m'entraîner dans leurs conneries.
Alors que je suis au plein cœur d'une partie de poker, entouré de cartes et de jetons qui volent dans tout les sens, j'aperçois T-J, au bar, rangeant les verres d'un air las, torchon sur l'épaule après avoir nettoyer le comptoir. T-J ? C'est la barmaid que j'ai rencontré dans une soirée à peu près similaire à celle-ci. Une soirée où j'étais sans doute moins torché que maintenant. On avait joué un morceau avec le groupe, grâce à Imogen qui avait réussit à convaincre son patron de nous laisser la scène le temps d'une soirée. Elle a d'ailleurs réussi à me convaincre moi aussi d'aller aborder T-J, l'une de ses collègues. Comme si moi, un mec complètement banal et limite coincé, avait une chance avec une fille comme ça. Comme un con, j'étais quand même allé lui décrocher deux mots et à ma grande surprise, elle m'avait embrassé. C'est le genre de soirée que je ne pourrais pas oublier, même avec un taux d'alcool bien trop élevé dans le sang. Depuis, j'avais beaucoup pensé à elle, comme si elle.. m'intriguait. C'était le cas, je crois. Perdu dans mes pensées, je n'avais même pas remarqué qu'elle venait de quitter les lieux. Fin de son service. L'un de mes potes me secoue par l'épaule en gueulant un peu trop fort que c'était à mon tour de jouer. « Non, les gars.. J'vais devoir vous laisser. » Mes potes montrent leur déception en me bousculant amicalement alors que je ris une nouvelle fois avec eux. « Une prochaine fois. Sérieux, je tiens à peine sur mes jambes. » Après quelques salutations, je me voyais poussé la petite porte en bois et affronté les rues sombres et rafraichies par la brise des soirs d'été. Non, en fait, ce que je voulais vraiment, c'était retrouver T-J. Pourquoi ? Telle est la question. Sans doute l'envie d'apprendre à la connaître, comme attiré par l’inaccessible, par son mystère. Oh bah tiens, la voilà ! Cigarette toujours à la bouche, je pressais le pas pour essayer de la rejoindre à plusieurs mètres devant moi. Je devrais peut-être crier son prénom pour l'arrêter ? Non, ça pourrait la faire fuir. J'opte pour la discrétion et reste silencieux tout en avançant un peu plus vite, sans perdre sa silhouette de vue.
ces nuits au bar à servir des inconnus me semblaient tellement infinies, des hommes et des femmes que je ne connaisses pas forcent des sourires alors que d'autres ne prennent même pas le temps d'employer un ton poli, chose qui m'énervait, mais c'était mon job, certes pas assez discret pour une femme qui s'est enfuie d'un mariage violent et d'une belle mère autoritaire et insupportable. souvent je suis maltraitée ici, souvent je me retournes chercher quelques bouteilles et on me donne un coup de fesse, mais je suis obligée de me retourner et garder mon calme sans montrer la moindre émotion, mais tout cela n'est vraiment rien comparé à ce que je tolérais à Londres. Ici, je suis quand même la bienvenue même si des fois je sens avoir des regards sur moi partout où je vais, je sais ce que pensent les gens de moi quelle pauvre fille, à cet âge là et encore seule. et encore je ne l'ai jamais vu en compagnie d'un homme, ni même d'une femme. mais ça ne dérangeait pas, pas du tout non, car de cette façon j'éviterais d'avoir des gens qui se rapprochent de moi, voyez-vous depuis ma violente rupture si on peut appeler ça comme ça avec mon mari, je suis devenue très paranoïaque, je sursautes pour la moindre des choses que même moi ça me surprenais. tout ça était devenu ma vie depuis que je suis arrivée à Bristol.
Rangeant les bouteilles vides après avoir fermé le bar, je me retournes soudainement pour apercevoir un jeune homme de loin qui faisait la fête avec ses amis, je souris presque invisiblement, je me rappelle de l'avoir embrassé si brusquement qu'il en a presque rougis, mais je détestais le genre de personne qui poussait les autres à aller en draguer d'autres simplement pour voir la déception dans leurs visages, c'est cruel, un peu trop même. Je déposes toutes les boites à la porte arrière du bar pour ensuite enfiler mon manteau et me diriger vers la porte, je marchais hâtée comme d'habitude, ne jamais faire confiance à la nuit avais-je appris. Le son de mes pas résonnant dans mes oreilles, ensuite ce bruit devenait un peu trop haut comme si .. comme si quelqu'un marchait derrière moi, mon coeur sursauta et je m'arrêtes subitement pour me retourner et voir Nash derrière moi, les mains dans les poches, j'imaginais tout genre de scénarios dans ma tête. Nash ?! mais une seule question passait en boucle: pourquoi tu me suis ? pourquoi tu me suis ? pourquoi tu me suis ? je m'approches de lui, mes yeux grands ouverts, serrant ma bombe anti-agression dans ma poche, ma respiration s'accéléra et je m'arrêtes à quelques centimètres seulement de lui. pourquoi tu me suis ? j'avais employé un ton pas très bas, mais ma voix lui disait déjà combien j'étais terrifiée à cet instant là. pourquoi tu me suis putain ?! ... est-ce que c'est lui qui t'as .. envoyé ? je trembles et c'est clair, mon pire cauchemar est d'être retrouvée par lui, Dieu sait ce qu'il pourra me faire, bien que je gardes précieusement un sac en cas d'urgence sous le lit, prêt à être emporté n'importe où je déciderais d'aller, mais je n'étais pas prête à quitter Bristol ... Ensuite, pourquoi m'envoyer des gens pour me suivre .. ?
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Tout le monde sait qu'il me suffit de deux ou trois verres pour perdre entièrement le contrôle de la situation. Influençable comme jamais, je ne pouvais rien refuser et enchaînais les boissons qu'on me tendait. Sans réfléchir, je les descendais comme si ça m'importait peu de finir complètement déchiré et me réveillé me lendemain avec la pire des gueules de bois. Le bar est encore très animé à cette heure là, mais la table où je suis est sans doute la plus bruyante. Une soirée entre mecs pour marquer le retour à Bristol, pour marquer le début des vacances, pour marquer le coup tout simplement. Mon rire se mêle facilement à celui des autres, j'ai l'air tout joyeux alors que je suis de loin le plus réservé en temps normal. On pouvait me dire de faire n'importe quoi, je le ferais bêtement sans réfléchir. D'ailleurs, je me surprends moi même une cigarette à la bouche. Depuis quand je fume ? C'était devenu la question existentielle de la soirée. Persuadé d'avoir trouvé ma nouvelle vocation, je laisse mes potes m'entraîner dans leurs conneries. 
