N’ayant pas d’automobile à sa disposition car il a toujours préféré marcher en plein air, Milo se rend chez lui à pieds après son service au cinéma. Après avoir nettoyé une salle remplie de pop corns écrasés à cause d’une séance destinée pour les enfants, il décide de retrouver son petit appartement ainsi que sa solitude, pour pouvoir se détendre et observer les gens par la fenêtre. Il n’aime pas beaucoup la foule mais il est obligé d’emprunter un chemin souvent pratiqué, ainsi il passe devant beaucoup de gens qui semblent fixer le même point. Un homme, grand, beau, en train de jongler avec des quilles. Il écarquille les yeux en remarquant qu’il s’agit de son Oscar, celui dont il est fou amoureux… il s’autorise même un petit sourire timide que personne ne verra, puisque sa bouche est dissimulée par une écharpe. Qu’est-ce qu’il fait là ? Il est censé être en Australie avec sa famille, les journaux n’ont en tout cas rien signalé, ça doit être vraiment une affaire d’ordre privé qui n’a pas encore été dévoilée au grand public. Il est tout de même curieux, aimerait en savoir davantage sur les raisons qui l’ont poussé à se rendre ici. Est-ce que sa famille n’est pas loin et sont-ils en voyage ? Il l’observe alors de loin, obnubilé comme à chaque fois par son charme légendaire et ses acrobaties les plus extraordinaires. Il ne le quitte pas un seul instant des yeux, bouge constamment la tête pour ne pas en perdre une miette lorsque des gens passent devant lui. Il a choisi un endroit stratégique pour le regarder comme bon lui semble, il s’est assis sur un banc à quelques mètres de lui et juste en face.

Il reste bien une heure à le regarder, jusqu'au moment où il décide de le remercier pour ce spectacle toujours aussi sublime qu'il lui offre. Comme si c'était uniquement pour lui... Il se lève, s'approche du chapeau dans lequel il faut placer l'argent puis glisse 100 livres qu'il avait soigneusement préparées et fourrées dans sa bouche. Comme ça il n'a pas besoin d'affronter son regard et peut directement repartir, sans un mot. Alors qu’il se met à marcher à une vitesse folle, il sent une main se poser sur son épaule, qui le freine avec douceur dans sa course. Quand il se retourne pour voir l’individu qui l’a empêché de fuir, il a la surprise de tomber sur son acrobate tant aimé. Il a des yeux gros comme des billes, les joues qui deviennent instinctivement rouges. Il lui demande s’il n’a pas fait une erreur dans le total des billets, alors il agite vivement la tête sur le côté pour lui faire comprendre que non. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Milo est complètement en admiration devant cet être, mais il tente de parler quand même. « Os… Osca… Oscar, il lâche avec beaucoup de difficulté, en bégayant, car son prénom est le premier mot qu’il lui aura prononcé durant toutes ces années à l’aimer éperdument. » Ce n’est définitivement pas un bon début, ni une grande réussite d’avoir osé prendre la parole, mais on ne peut pas lui en vouloir. Milo a toujours été doté de cette timidité poussée à l’extrême, mais elle est clairement plus voyante et excessive lorsqu’il se tient devant ce qu’il considère comme l’amour de sa vie. C’est doublement déstabilisant de se tenir face à lui, de devoir ouvrir la bouche et oser parler. Il n’a déjà pas l’habitude d’entamer la conversation ou d’utiliser la communication dans sa vie quotidienne, alors le faire avec l’acrobate se révèle être presque impossible.

Pourtant il tente, prend sur lui, respire un bon coup avant de lui poser une question qui l’intrigue depuis qu’il l’a vu debout en pleine rue. « Moi ? » Un simple mot sans que sa bouche pose de soucis ou le freine dans sa tentative de sociabilité. Une seule syllabe et il est pourtant très fier d’avoir réussi à la prononcer sans difficulté. Dans sa question, il tente de savoir s’il le reconnaît. Il s’est souvenu de lui, alors ? Il ne va pas se moquer de lui pour la dernière fois, quand il s’est enfui lorsqu’il s’est tenu devant lui sans arriver à ne prononcer rien qu’une lettre ? Il continue finalement sa question en tentant de savoir si c’est bien lui qui vient tous les ans, mais Milo ne sait pas quoi dire alors il se contente se secouer la tête positivement en guise de réponse. Il se fait la réflexion qu’il aurait peut-être mieux fait de repousser son bras et de s’enfuir une deuxième fois, mais il est maintenant trop tard. Il a fait un grand pas avec ces deux mots prononcés, il est déjà fier de lui-même s’il paraîtra comme un débile. De toute façon ce n’est pas en restant à l’écart et en s’enfuyant qu’il va pouvoir entrer dans la vie de l’acrobate et c’est pourtant ce qu’il souhaite depuis maintenant dix ans, même s’il n’a jamais osé. Alors il se lance, prend son courage à deux mains et tente d’être un homme, pour une fois. « Pour… pourquoi tu n’es… tu n’es pas en Australie ? il demande curieusement, en le regardant dans les yeux, avec cet air obnubilé. » Il aurait aimé lui dire qu'il a vu ça dans les journaux, qu'il suit toutes les actualités le concernant, mais il a déjà suffisamment dit de mots. C’est un peu comme s’il venait de rencontrer son idole, alors ses yeux brillent. Il est toutefois bien trop occupé à l’admirer en ouvrant quelque peu la bouche, qu’il ne peut pas se concentrer sur le bonheur qu’il ressent et sourire. Il semble fasciné par sa bouille et sa grandeur mais c’est clairement l’amour qui est en train de l’emporter une nouvelle fois.

Milo n’y croit pas ses yeux de se retrouver devant l’homme qu’il aime, il en reste bouche bée au départ en l’écoutant avec attention. Il ne peut pas encore laisser des mots glisser entre ses lèvres, il n’a pas encore la faculté de faire des phrases sans bégayer. Il est en vérité obnubilé par son visage, même s’il n’ose pas trop le regarder non plus, préférant baisser régulièrement la tête pour éviter de croiser son regard. Même lorsqu’il tente tout doucement de communiquer, il a beaucoup de difficulté à le regarder dans les yeux et se contenter de jeter le regard au sol en rougissant à chaque fois qu’il doit prendre la parole. « Je sais… il lui répond simplement, parce que depuis le temps il connaît son prénom. Mi… Milo, il souffle d’une voix très douce. » Il semble vraiment être un empoté parfois mais le garçon ne sait pas comment se comporter et ne parvient pas à s’ouvrir devant un homme aussi beau que lui.

Oscar a l’air de se souvenir de lui et Milo ne peut que s’en réjouir, il ne pensait même pas l’avoir marqué à ce point. Il peut comprendre que sa fuite soit un élément marquant, mais il n’avait pas pris conscience que le fixer autant ferait en sorte qu’il le remarque. Il avait donc raison à chaque spectacle, quand il s’imaginait que l’acrobate le regardait souvent lui aussi… Il avait peur que ce ne soit que son esprit amoureux qui lui dicte ces pensées-là, toutefois il comprend désormais qu’il l’avait vraiment repéré de son côté. Il s’emballe probablement, mais l’amour est le sentiment qu’il est capable de vivre, alors il a tendance à le rendre disproportionné et à croire à des choses qui ne sont pas forcément vérifiées. « Si, il prononce en souriant légèrement, sa bouche toujours couverte par son écharpe. » Il est content qu’il se souvienne de lui, qu’il évoque un détail aussi futile qu’une chevelure plus longue. Il aimerait lui dire qu’il s’est rendu chez le coiffeur il n’y a pas très longtemps car il en avait bien besoin, mais qu’il préfère quand ses cheveux forment une espèce de touffe blonde. Il se retient parce qu’il a la sensation que ce n’est pas un détail qui peut vraiment intéresser quelqu’un, Milo aimerait faire bonne impression seulement il ne sait pas comment s’y prendre. Il préfère éviter tous les risques susceptibles de paraître bizarre ou de le repousser à tout jamais, même s’il conçoit que sa timidité pourrait être la première raison d’un désintéressement total de sa part. « Je… je suis désolé… si tu as trouvé ça troublant, il lâche de manière gênée, ne désirant pas l’embêter avec son observation constante. »

Plus la conversation continue, plus Milo tente de communiquer. Il a énormément de difficultés à le faire, tente de trouver ses mots, fais beaucoup de pause entre chaque. Ses efforts ne sont pas forcément perçus puisque Oscar ne le connaît pas encore, mais il peut être fier de ne pas s’être sauvé en courant. « Le cirque… fini ? il répète ses mots avec difficulté, comme pour tenter de comprendre ce que tout cela signifie. Je… je ne vais plus… plus pouvoir... te… te re… regarder alors ? Ni… te… te voir ? il demande innocemment, très triste de savoir qu’il ne pourra plus jamais l’observer lors de ces acrobaties, en tout cas pas entouré de sa famille et dans ce chapiteau. » Ce cirque représentait le seul moment où il avait le droit de le voir, sans même lui parler, alors il n’aura désormais plus l’occasion. Il ne retournera par ailleurs jamais voir le spectacle des Caelan, pour la simple et bonne raison qu’à ses yeux, il était le centre du spectacle même s’il n’était pas le membre de la famille qui participait le plus aux numéros. Sans lui, ça rime à rien alors il n’aura plus aucun intérêt à participer et dépenser de l’argent pour un billet, car il y allait seulement pour le voir. Il ne lui fait pas part de ses dernières pensées, il pense qu’elles n’en valent pas la peine.

« Un café ? il reprend une nouvelle fois ses propos, c’est certainement plus simple pour lui de s’adonner à une répétition. » Il ignore ce qu’il est censé faire, quelle réponse il doit lui offrir. Il ferait probablement mieux de s’enfuir, il se sent stupide en face d’un homme comme lui, aussi séduisant et talentueux. La raison semble bonne en plus : il prétend que Milo connaît des éléments de sa vie, alors il aimerait avoir un retour. Le blond sait beaucoup trop de choses sur lui mais il ne répond rien, à défaut de ne pas avoir le courage de passer pour un psychopathe. Tout simplement parce que ce n’est pas le but et que maintenant qu’il est près de lui, il a envie d’y rester, il n’aimerait pas que ce soit lui qui s’enfuit la deuxième fois…  « Non je… il… il faut que… je ne peux… il bégaie sans trop savoir quel argument lui donner. Oui, il finit par accepter, en respirant un bon coup par la suite. » Il est effrayé, paralysé par cette invitation à laquelle il ne s’était pas du tout préparé. Il ne sait pas si c’est la bonne décision, mais il a choisi de se laisser tenter pour une fois. Il ne peut pas dire non quand il plonge dans ses beaux yeux. « Chez moi ? il propose à son tour, ce qui semble satisfaire Oscar. »

L’acrobate retourne à la place qu’il s’est attribuée puis range ses affaires pour accrocher ensuite ses sacs autour de son cou et sur ses épaules. Il n’ose pas lui apporter son aide, il est effrayé à l’idée qu’il veuille s’en occuper tout seul ou qu’il lui offre un repoussage qu’il n’est pas en mesure de supporter. « Comme moi ? il l’interroge lorsqu’il prétend qu’ils sont identiques, il se demande bien en quoi. Je suis timide… » Non sans blague ? Oscar ne sera pas le premier à le découvrir, surtout que ce malaise est davantage présent lorsqu’il se tient en sa compagnie, bien qu’il fasse du coup encore plus d’efforts qu’avec un autre. Puisqu’il désire profondément l’avoir ou tout du moins lui appartenir, il faut qu’il le conquière d’une manière ou d’une autre. Et même si Milo est séduisant, il ne sait pas séduire, mais il tente en tout cas de passer au-dessus de sa timidité du mieux qu’il le peut pour ne pas laisser cet homme lui filer entre les doigts. Ils entrent finalement au niveau du couloir puis ils retirent leurs affaires encombrantes, ainsi l’anglais n’a plus d’autres choix que de découvrir sa bouche.

Ils pénètrent dans son appartement en désordre, il se sent quelque peu honteux en remarquant à quel point il peut être bordélique. Des vêtements traînent un peu partout, à savoir s’ils sont propres ou non ; un empilement de vaisselle s’est formé dans le lavabo, des bouteilles d’alcool traînent sur la table de salon. Autant dire que sa mère n’est pas encore passée derrière lui et qu’elle devrait probablement arriver dans quelques jours. Il ne s’en excuse pas, le laisse entrer en le regardant. Quelques photos d’Oscar traînent sur le bureau de son salon, il ne s’est pas encore occupé de les placer dans l’album où se trouve toute la vie de ce dernier. Il n’y fait pas attention d’ailleurs, ne pense pas à ces clichés et articles découpés qui pourraient pourtant montrer son attachement si jamais l’acrobate les remarquait. Il est trop heureux d’être avec lui pour se concentrer sur autre chose que son visage et sur l’amour qu’il lui porte, il n’existe plus rien autour d’eux. « Je ne… sais pas… pas faire… le café, il ose dire toujours aussi timidement. Je n’ai pas de cafetière… il avoue les joues rougies, comprenant qu’il l’a emmené chez lui pour un café qu’il ne peut même pas lui offrir. » Il n’a jamais tenté d’en faire par lui-même, sa génitrice s’occupe parfois de lui en préparer et il n’a plus qu’à le réchauffer au micro-onde, ça il sait faire. De toute façon le premier café qu’il boit est celui préparé par ses collègues, quand il arrive au boulot. Après il n’en consomme plus donc n’a jamais eu l’occasion d’essayer.

Il prend finalement le temps de jeter un coup d’œil par la fenêtre, en se collant à cette dernière comme il adore faire régulièrement. Il voit une blonde et un homme brun aux sourires éclatants, alors il se tourne vers Oscar avec un énorme sourire enfantin. « Tu vois… ces gens ? il les pointe du doigt alors que ces deux individus discutent en bas de l’immeuble. Ils sont amoureux depuis deux ans déjà… Je le sais, il y a tout plein de signes. Mais aucun des deux ne le sait. Je les observe tout le temps. » Il s'ouvre car c'est le seul sujet où il s'autorise à le faire, probablement parce que ça lui tient à cœur de partager ses moments d'observation avec lui. L’amour c’est le seul domaine où il s'y connaît, il ne ressent plus rien d’autre alors il se concentre uniquement sur ce sentiment. Il tente de déceler l’amour chez les autres et il a une bonne capacité à repérer ce genre de choses. Il observe les gens avec attention, si bien qu’il en oublie même de lui demander ce qu’il souhaite à boire. Non maintenant il est dans la peau du monsieur rêveur et dans sa phase d’observation. Autant dire que ce n’est pas une très bonne approche que de finir par retrouver son monde merveilleux en la présence de son invité surprise…

Un aussi beau visage ? Milo ne peut qu’être gêné en l’entendant formuler ce compliment, il n’a pas l’habitude que l’on lui dise. Il ne s’est jamais considéré comme un homme séduisant qui pouvait plaire à quelqu’un alors il est surpris que ça puisse être le cas, surtout lorsqu’il est question de la personne dont il est fou amoureux. Il ne parvient pas à comprendre comment un gars comme Oscar puisse apprécier ses caractéristiques physiques mais il ne peut que s’en contenter et le remercier. « Oh merci… tu es gentil… il répond en rougissant de plus bel, la tête légèrement baissée. » Il est encore plus intimidé car il ne se rend pas compte du charme qu’il peut dégager, et une flatterie venant de lui, c’est presque inestimable et surtout inattendu. « Alors je… je ne m’excuse plus… il conclut simplement, car il ne tient pas à le froisser en demandant encore pardon. » De plus, il ne semble pas plus dérangé que ça à l’idée d’être le centre de son attention. Il avait beau l’être plus ou moins pour le public entier, il l’était véritablement aux yeux de Milo. Il ne regardait que lui, à chaque seconde, dès le moment où il faisait son entrée sur scène. Même s’il l’a remarqué, ça n’a pas semblé le déranger plus que ça et le blond ne peut que s’en réjouir, puisque de toute façon il n’aura pas pu détourner le regard. Devant un sex-symbol pareil, la tâche aurait été beaucoup trop difficile.

Oscar lui explique finalement qu’il n’aura plus la chance de le remarquer dans le cirque familial, seulement dans la rue désormais. Milo n’est pas forcément déçu puisque dans tous les cas, il continuera à l’admirer sur tous les points, notamment sa beauté et son talent. Mais il ne peut pas dissimuler le fait que lui retirer Ozzy reste une grande perte pour son petit cœur sensible. « J’aimais bien Ozzy… il souffle doucement, forcément blessé d’apprendre une telle nouvelle. Je vais… devoir faire mon deuil, il déclare très sérieusement, car c’est loin d’être une blague – son humour n’est pas très développé en plus. » S’il est tombé amoureux d’Oscar à la base, c’est grâce à ce personnage de cirque, alors il ne pourra jamais vraiment l’oublier. Il aimait le maquillage qu’il utilisait, les costumes qu’il portait… ça lui donnait un certain charme, même si c’était uniquement le temps d’une soirée. Alors il a un certain regret au fond de lui en sachant qu’il ne pourra jamais le revoir dans de telles tenues. Bien sûr, il se contentera des spectacles de rue effectués, il ne pourra jamais se lasser de le regarder mais il gardera cette déception qui finira par se dissiper avec le temps. En tout cas Oscar saura faire en sorte de la retirer, avec ses nombreux numéros. « Je te… te donnerai toujours beaucoup… beaucoup d’argent pour… pour compenser, il continue en souriant légèrement, dans le seul but qu’il comprenne qu’il recevra régulièrement cent livres. » Peu importe le show qu’il donnera, peu importe les acrobaties entreprises ou l’activité choisie, il lui glissera chaque fois un billet dans le chapeau prévu pour. « J’y allais pour… pour toi… pour te voir… il avoue avec les joues rouges. » Il n’a plus aucun intérêt de se rendre dans le chapiteau si le responsable de son admiration n’est pas présent. Au fond il n’a jamais été passionné par le cirque, seulement obnubilé par ce fameux Ozzy. Il aurait parfaitement pu être un sportif de haut niveau qu’il aurait participé aux nombreux matchs auxquels il aurait pu participer, il l’aurait suivi peu importe sa passion et ses compétences.

Ils finissent par marcher en direction de l’appartement de Milo, pour boire un café. « Ce n’est pas… de ta faute si tu me… me mets mal à l’aise, parce que je suis… timide et que… que je te… te regarde depuis mes 14 ans. Tu es… mon… mon idole un peu, c’est déstabilisant, il lâche pour lui faire comprendre qu’il n’est pas vraiment responsable des angoisses qui s’infiltre en lui. » Il ne peut pas encore lui avouer son amour, mais Oscar aurait probablement mieux compris s’il avait connaissance de ses sentiments. Il est pourtant quelqu’un de dynamique qui semble mettre en confiance les gens, mais il va falloir beaucoup de temps pour Milo afin d’être complètement à l’aise. Il a besoin de temps pour s’adapter à lui, pour au moins se lier d’amitié avec lui. Une fois chez lui, ils se retrouvent bien rapidement devant la fenêtre. Milo s’occupe de rêvasser en observant deux amis amoureux qui l’ignorent encore et ça depuis deux ans. L’acrobate s’intéresse à sa capacité d’observation et ça enchante le blond, car c’est le seul véritable domaine où on peut considérer qu’il est doué. « Oui, il tourne la tête vers lui pour lui déclarer, en lui adressant un énorme sourire de gamin, fier de lui. Leur dire ? Mais je les connais pas… il souffle, très étonné par sa demande. » Il y réfléchit quand même, mais ne s’est encore jamais posé cette question. Il n’a jamais eu l’idée d’aller voir chacun d’eux pour les regrouper, certainement parce qu’il est trop timide pour ça. « Tu… tu m’aiderais à leur dire ? il demande d’un ton presque dépité, comme s’il n’en était pas capable tout seul. » Et c’est clairement le cas, il ne pourra sans qu’on lui apporte de l’aide.

Alors que tout se passait bien et que Milo s’occupait de regarder ces deux personnes, Oscar continue la conversation sur un sujet qui étonne le blond. Lorsqu’il tourne la tête vers lui pour observer ce qu’il fait, il remarque qu’il est au niveau de son bureau et avec des clichés entre les mains. Cette image lui fait comprendre soudainement ce qu’il se passe. Il se dirige instinctivement vers l’acrobate, lui prends les photos des mains et semble vraiment paniqué. « Non, rep… repose ça… Tu… tu n’étais pas censé… les… les voir. » Il range tout dans un tiroir où se trouve quelques albums et rougit comme pas possible. Il espère qu’il n’a pas compris, qu’il pense seulement qu’il s’agit d’une admiration excessive. « Oui… ma maman dit que… que je suis… suis trop fasciné par toi, il avoue en baissant la tête et en rougissant, comme à son habitude. » Il a tellement honte qu'il ait découvert ces clichés, il aurait aimé ne jamais l'avoir invité dans son appartement. Mais tu es… si… si beau et je n’ai… n’ai jamais rencontré quelqu’un… quelqu’un d’aussi beau, Oscar, il tente vainement de complimenter son physique. Tu m'en... m'en veux, pour gar-garde des photos de toi ? » Il n’est pas censé en dire trop non plus, il ne peut pas encore lui avouer ce qu’il ressent vraiment, mais ça ne saurait tarder… Milo n’est pas un menteur, ni même quelqu’un qui retient vraiment les choses qui le pèse ou lui tient à cœur et cacher ça depuis dix ans est déjà un véritable exploit.

L’acrobate semble vraiment inquiet de la déception éprouvée par l’Anglais, mais il ne peut pas l’être en totalité. Oscar n’est pas vraiment capable de le décevoir. « Je suis juste… juste déçu de ne plus… de ne plus avoir la chance… la chance de voir Ozzy… mais je… je suis heureux si toi… toi tu l’es, il commence par répondre avant de poursuivre toujours en bégayant atrocement. Je suis con… content que tu sois à Bristol… tu t’y plais d’ailleurs ? tu… tu vas… vas y rester ? » Il tente du mieux qu’il peut de changer de sujet, histoire qu’il oublie cette histoire de photos et de fascination qui le gêne au plus haut point. Il file finalement dans la cuisine pour lui préparer un verre d’eau et lui apporter, avant de se faire une place sur le canapé. Il pose les autres vêtements par terre, à côté de la table basse, afin que Oscar puisse avoir une place. « Tu peux t’assoir, au fait… il propose en tapotant la place avec sa main. Pourquoi tu voulais me parler ? Parce que… je t’ai beaucoup regardé ? il ose demander, assez gêné. » C’est sans doute uniquement de la curiosité et rien d’autre, mais il demande au cas où. Milo ne préfère pas trop s’emballer même si au fond de lui, il a toujours cru qu’il finirait un jour ou l’autre dans ses bras. Peut-être que c’est déjà un bon début pour réaliser ce rêve… ?

Alors qu’ils se mettent à marcher en direction de l’appartement de Milo, histoire de boire un café, ils évoquent tous les deux le cirque. Le blond saisit les raisons de son arrêt, mais a beaucoup de difficulté à admettre cette fin, à réaliser qu’il ne verra plus ce personnage si attachant. Pourtant Oscar trouve une alternative qui a le don de lui plaire. « Tu ferais ça pour moi ? il demande les yeux brillants, avec un sourire de gamin qu’il ne peut pas encore apercevoir à cause de son écharpe le protégeant du froid. Et si je te paye pour… pour que tu sois ha… habillé en Ozzy, tu… tu viend… viendrais chez moi pour faire… faire un spectacle, jus… juste pour… pour moi ? il propose son idée saugrenue, ne comprenant absolument pas que son invitation peut paraître étrange et être mal interprétée : il pourrait être comparé à une geisha au masculin s’il acceptait. » Milo a le souci d’être une personne bizarre à lui tout seul, alors il doit faire avec les jugements des autres sans qu’il en prenne d’ailleurs vraiment conscience. C’est pourquoi il ne verrait même pas si Oscar se moquait de lui ou le considérerait comme un extra-terrestre, il se contenterait uniquement de lui demander pourquoi il lui a répondu par un refus.

Oscar continue sur une sorte de monologue à propos de l’argent et de la récompense bien méritée grâce au spectacle qu’il offre à son public. Milo aimerait le remercier avec un bon nombre de billets à chaque fois, car il sera très heureux de le voir en pleine rue et pouvoir continuer à observer ses numéros. « D’accord, il répond simplement quand il lui fait comprendre qu’il ne faudra pas donner cent livres à tous les coups. Dix… dix livres ? il propose pour marchander, car cinq lui paraît trop peu devant la magie dans laquelle il l’amène. » Il peut comprendre son besoin d’autonomie, même si Milo ne l’est absolument pas. Il a perdu toute notion d’indépendance suite à son traumatisme et s’est chaque fois raccroché à sa mère, n’ayant jamais dépassé cette épreuve ou trouvé un semblant de courage pour surmonter cette affliction. Elle lui prépare la plupart de ses plats, sinon il ne mange que des céréales ; elle joue à la femme de ménage quand son apparemment en a bien besoin, l’accompagne dans les démarches administratives ou lors des rendez-vous importants. « On pourra y aller… tous les… deux, quand… quand ils passeront à… à Bristol ? » Décidément il trouve beaucoup d’occasions pour revoir l’acrobate, il prend son courage à deux mains pour faire avancer cette relation. Il ne sait pas à quoi s’attendre, ni même si Oscar aime les hommes, mais il aimerait observer une évolution à leur lien si spécial. Même s’il ne veut rien former entre les deux, Milo aimerait au moins qu’il accepte de lui prendre sa virginité, qu’il garde précieusement pour cet homme qu’il aime éperdument depuis dix ans déjà.

Milo ne tarde pas à lui demander son aide lorsqu’il lui conseille d’avouer cet amour à ces deux êtres. « Ils se voient tous les Mardis… ça te dit de venir Mardi prochain pour… pour leur annoncer tous… tous les deux ? il demande avec douceur, en le regardant » Il part finalement dans la cuisine pour lui offrir un verre d’eau, puis s’assoit sur son canapé en tentant de faire de la place parmi ses nombreux vêtements. Oscar le rejoint immédiatement et touche sa cuisse en posant sa main dessus. Il regarde très longtemps, les yeux gros comme des billes et uniquement fixés là-dessus, ne détachant pas son regard de ses doigts qui sont collés à cette partie de lui. Il n’avait jamais imaginé qu’il le toucherait, ne s’était pas préparé psychologiquement à recevoir ce qu’il appelle de la tendresse de sa part, en tout cas pas dès le premier soir. Il doit par ailleurs faire un effort surhumain pour continuer à absorber ses paroles, il ne parvient toutefois pas à se contenir et rougit énormément, complètement intimidé par ce geste qui lui retourne l’estomac. Il ne pense pas à le repousser, il adore son contact. « Je te remercie… » Il lui dit parce qu’il est content de savoir qu’il ne lui en veut pas d’avoir gardé des photos de lui, alors qu’il aurait très pu prendre la fuite ou se moquer de lui.

Il s’intéresse à Milo, comme il le fait depuis le début, et ça ne peut que réchauffer le cœur du blond. « Tous les articles des journaux qui… qui te con… concernent, je les… les garde dans un album, il répond de manière très gênée, les joues rouges. J’ai eu… eu peur la… dernière… dernière  fois. Alors j’ai couru, il s’explique même s’il doit déjà le savoir. » Il n’est pas bête, vu de la manière qu’il bégaie, ce n’est pas étonnant de savoir qu’il l’a gravement intimidé ce soir-là. « Euh… J’ai 24 ans… Je vis ici depuis… depuis toujours et je… travaille dans… dans un cinéma, il répond à sa question sans savoir ce qu’il pourrait ajouter d’autre. Je te retourne pas… pas la question… je sais déjà tout de toi, il avoue avec un petit sourire enfantin. » Quand il retire ses doigts de sa jambe et que Milo se sent prêt à s’exprimer sur ce fait, il reprend la parole. « Ta main… sur ma cuisse… c’était plaisant, il avoue les joues rouges, ne se remettant toujours pas du geste entrepris par le châtain. » Du rentre-dedans ? Une invitation à recommencer et à continuer ? Ce n’est pas le genre de Milo, il ne le fait pas exprès… bien que si la formule 'et plus si affinités' devait s’appliquer un jour ou l’autre avec Oscar, il ne refuserait jamais de la réaliser.  « Tu… habites où ? Tu veux… dormir à l’appartement ? il enchaîne pour changer de sujet, car au final il s’est encore plus gêné tout seul. » Il est encore à l’époque des pyjamas party, sauf qu’Oscar n’en a pas… problème qui peut toutefois se régler. Sa demande n’a rien d’une invitation sexuelle, il pense juste sincèrement que ça passe encore ainsi à leur âge. Il ne sait plus quoi dire pour faire la conversation, alors il décide de compter sur Oscar et de le laisser trouver un sujet qui leur permettrait de poursuivre. Parce qu’il n’a pas envie que ça se termine maintenant, il aimerait que ça continue, pouvoir entendre sa voix encore et encore.

Milo se sent très idiot quand Oscar lui fait comprendre que sa demande est très étrange. Il comprend peu à peu qu’il n’est peut-être pas sur la bonne voie s’il comptait faire partie de son entourage, il ne s’y prend pas forcément très bien avec lui. Seulement il a un problème de communication et encore plus de sociabilité, le blond n’est pas un homme comme tout le monde. Le traumatisme qu’il a connu en étant encore adolescent ne lui permet pas aujourd’hui de prendre conscience de la réalité, il est encore dans cet état plein d’innocence et est un véritable enfant. Il ne remarque donc pas ses bizarreries et en a assez qu’on le pense comme quelqu’un de bizarre, car il ne comprend pas pour quelle raison il reçoit un tel jugement. Il aurait seulement voulu ne pas paraître ainsi aux yeux de celui qu’il aime… « Bizarre… ? Oh… Ou… Oublie alors… je suis… dé… désolé, il retire finalement sa demande, se disant que c’est le seul moyen pour qu’il ne le voit plus de la même manière. » Il aimerait qu’il lui explique pourquoi il le pense, mais il préfère s’abstenir et se contenter d’un changement de sujet qui lui fera peut-être oublier ce mot tant redouté. « Tiens, il dit en tendant son téléphone pour qu’il note son numéro, avant qu’Oscar n’oublie ou change d’avis entre-temps. » Une fois inscrit, il prend le soin d’ajouter son prénom, sans oser mettre un cœur au bout, de peur qu’il le voie un jour et comprenne l’amour qu’il ressent à son égard. Ils se connaissent à peine au fond, il doit encore attendre pour placer ce signe derrière un surnom. « A la… télé alors, il répond simplement, s’en fichant pas mal de la décision prise, tant qu’il a la chance d’être avec Oscar. »

Ils rentrent alors dans l’appartement de Milo, s’aventurant dans le salon et notamment face à la fenêtre, par laquelle ils observent deux personnes qui ne prennent pas encore conscience de leur amour réciproque. « Un dingue… Ah, décidément… tu as… pas… une très… très belle ima… image de moi, il parvient à souffler malgré sa gorge nouée et les larmes qui se sont infiltrées aux coins de ses yeux. On fera… comme… comme tu dis… dis de faire. Moi je… je sais… sais pas. » Il a besoin d’être rassuré et sans le vouloir, c’est comme s’il lui demandait quelques mots doux alors qu’il vient à peine de le rencontrer. Milo ne sait pas interagir, ni même bien se comporter dans les débuts de relation ou amitiés, alors il fait à sa façon et on ne peut pas dire que ce soit vraiment une grande réussite. « Oui, la plupart de… de mon temps est… est pour… pour l’observation. J’aime ça, il répond tout d’abord en souriant à nouveau, content qu’il ait pris l’initiative de changer de sujet. » Il réfléchit ensuite quelques secondes, prenant un air très sérieux, en posant sa main sous son menton et un doigt sur sa bouche. « Je sais que… que tu n’as pas eu beaucoup de relations… tu n’as pas l’air… l’air de cher… chercher l’amour quand tu regardais les autres, j’ai… j’ai supposé que… que tu ne t’es ja… jamais pré… préoccupé de ça. Ensuite tu es quelqu’un de… de passionné, drôle et qui est exigeant envers lui-même en… en prenant tous les risques… risques possibles pour… pour épater le public, il commence par lui faire un résumé des petites choses, avant de reprendre sur quelque chose dont il est moins certain. Et j’ai cru déceler une… une certaine peur dans… dans tes yeux lorsque tu étais en hauteur… J’ai supposé que tu avais un vertige bien caché et… et que… que tu sais contrôler, puisque tu n’es pas retombé. Mais tu… tu ne l’avais pas aupa… auparavant, cette peur. C’est à cau… cause de la chute de la dernière… dernière fois ? C’est comme… comme une appréhension ? Tu as peur… peur que ça recommence ? il s’intéresse, très heureux de pouvoir lui poser ces questions qui ont longtemps été sans réponses. »

L’acrobate pose finalement sa main sur la cuisse du blond sans vraiment faire attention, geste qui perturbe ce dernier au maximum. Son cœur tambourine fortement et ses joues ont rougi à un tel point qu’on pourrait le comparer à une tomate, prête à exploser quand il lui dit que cette couleur lui va bien. « Oh… merci… je… je vais pas… pas arrêter avec toi ahah… il rit nerveusement, comprenant qu’il n’arrêtera jamais de sourire comme un idiot et rougir avec cet individu qu’il aime un peu trop. Non… tu m’intimes c’est tout… il sourit de manière gênée, ne voulant pas qu’il pense ça de lui. » Il est content de s’être amélioré, d’avoir su affronter cette peur après dix ans. Il lui parle enfin et il ne peut qu’en être comblé. Oscar ne connaît pas encore ses sentiments, certainement pour cette raison qu’il s’inquiète à ce sujet, mais il est normal qu’il soit aussi gêné en discutant et quand il porte le regard sur lui. « Un réflexe… ah… tu le fais avec… avec beaucoup de monde ? il ose le regarder avec ses yeux emplis d’innocence. » Il pense que ce geste était symbolique et rare, qu’il était un des seuls à en avoir le droit, il va donc tomber bien bas en comprenant qu’il n’a pas fait exprès. Il poursuit finalement avec une drôle de question : l’invite-t-il uniquement pour dormir ? Milo lui offre un regard très surpris et empli d’incompréhension, tout en arquant les sourcils. « Eh bien oui… Pour quoi d’autre ? Il y a un autre sens à dormir ? il demande curieusement en jetant un regard innocent. Tu veux peut-être faire… faire autre chose ? Regarder un film ? » Il n’a pas fini les montagnes russes, elles continuent lorsqu’il réclame l’album photographique. Il prend peur, il ne peut pas du tout lui montrer ça, c’est impossible. « Quoi ? Euh... je ne peux pas… pas te… te montrer ça… il avoue en baissant la tête de honte. » Des ‘il est sublime, c’est même le plus beau et… je l’aime. Comment ne pas être fou d’un visage pareil ?’, ‘J’ai vu Oscar aujourd’hui à un spectacle, j’ai failli m’évanouir devant autant de beauté, en plus je crois qu’il m’a regardé plusieurs fois’, ‘Je suis définitivement amoureux de lui, il a été exceptionnel ce soir… toujours aussi drôle, talentueux, magnifique et parfait’… autant dire que s’il lit tout ça, Milo se retrouve dans un beau pétrin. « Bon, on va dormir ? il reprend avec un petit sourire, se levant pour finalement se diriger dans sa chambre tout autant en bordel. »

Milo est soulagé quand il commence par lui expliquer pourquoi il le trouve bizarre, probablement car il utilise un ton doux que le blond apprécie particulièrement. La tendresse fonctionnera toujours si quelqu’un veut l’apprivoiser ou lui faire comprendre qu’il adopte un comportement bizarre. Lui signaler qu’il l’est sans lui expliquer pour quelle raison ou utiliser la moquerie n’aura jamais un bel effet sur lui : il ne fera que pleurer en ayant une mauvaise estime de son image. « Des choses ? il reprend les propos de l’acrobate, ne sachant pas de quoi il s’agit. » Dans sa tête, il lui proposait d’être Ozzy lors d’un spectacle privé uniquement pour l’admirer et qu’il puisse faire revivre son personnage, ainsi il ne saisit pas ce qu’ils auraient pu éventuellement faire d’autre, à part peut-être discuter ensuite du spectacle. Milo n’avait jamais osé s’imaginer un rapprochement avec lui, car il se pensait incapable de décrocher un mot. Même s’il bégaie à chaque fois qu’il ouvre la bouche, une grande fierté le submerge pour chacun des mots qu’il prononce. Il fait des efforts pour pouvoir avoir la chance de le connaître davantage et de peut-être devenir un jour ou l’autre son ami… ou même petit-ami ? « Quoi ?! Non ! Désolé… je ! Non ! Jamais ! il s’écrit très nerveusement, ne sachant plus du tout où se mettre, les joues totalement rouges. » Il ne pensait pas du tout à mal alors il est véritablement surpris de prendre conscience que son invitation pouvait porter à confusion. « Effectivement… je suis bizarre, il confirme en riant légèrement, pas du tout blessé par cette explication faite avec douceur. » Et puis Milo est surtout rassuré du fait qu’Oscar ne l’ait pas du tout pris ainsi, qu’il ne lui en veut pas. Le reste il s’en fiche, le pardon de son acrobate est l’essentiel à ses yeux.

Oscar semble vraiment désolé quand Milo est très triste des mots qu’il peut utiliser ; après bizarre, c’est au tour de dingue de sortir de sa bouche. Il prend le temps de lui expliquer son raisonnement et le blond apprécie encore une fois. Il ne peut s’empêcher de le trouver adorable quand il est maladroit, parce qu’après il fait tout pour se faire pardonner et autant dire que ce n’est pas bien difficile. Milo craque complètement, peu importe le mort qu’il pourra prononcer. « Et qu’est-ce que je peux leur écrire dans ce mot ? il demande curieusement, ne sachant pas comment exploiter son idée. » Il trouve l’aide de son acrobate très précieuse, car il n’aurait jamais la bonne méthode de procéder sans lui. Il pourrait se débrouiller seul mais ce sera un raté car il ne sait pas s’y prendre. Il connait parfaitement l’amour, mais cette démarche serait vouée à l’échec puisqu’elle ne concerne plus uniquement ce sentiment. « Oui et désolé… Mais je… je garderai tout secret, il répond à l’aide d’un sourire timide, comme pour le rassurer. Si tu retombes… je… je t’aiderai tou… toujours à te relever, il signale avec une sincérité déconcertante dans sa voix. » Milo le pense réellement. Il sera là à l’encourager de recommencer, à le dissuader de mettre de côté cette passion qui l’anime lorsqu’il exerce ses numéros en tout genre.

Décidément Oscar se perd dans ses mots et s’emmêle les pinceaux, il en conclut alors qu’il est très intimidé par Milo. Ce qui étonne ce dernier, car il n’a franchement rien en sa possession pour lui permettre d’être gêné. A moins que ses bégaiements intensifs commencent à déteindre sur lui ? Il refuse que ce soit le cas, il doit faire en sorte de le mettre à l’aise. Il paraît que le premier rendez-vous est le plus important : si les deux personnes s’entendent bien alors tout ira pour le meilleur des mondes, dans le cas contraire il vaut mieux se quitter avec douceur sans ne plus jamais se revoir. Il faut donc qu’il évite le chaos ou la possibilité de ne plus jamais le revoir, puisqu’il refuse même d’y songer. « Non il ne faut pas… Ne sois surtout pas gêné avec moi… il lui fait comprendre car il n’a pas la moindre envie d’apercevoir ce type de sentiments sur son visage. »

Il est content d’apprendre qu’il lui a touché la cuisse à lui tout seul, content d’apprendre que ça fait de lui une exception. Milo n’a pas besoin de plus pour esquisser son plus beau sourire. Sourire qui disparaît rapidement lorsqu’il lui demande son album photos. Il panique car le contenu est beaucoup trop gênant, il se retrouve alors dans l’impossibilité de lui montrer. « Oui, promis, il lâche sans trop savoir quand il en aura la possibilité en vérité. » S’ils sont ensemble un jour ou qu’il découvre ses sentiments, alors ça pourra se faire. Ils se dirigent dans la chambre, il demande après la douche. « Oh oui bien sûr ! C’est juste dans la pièce à droite… il… il y a des serviettes dans… dans le placard, sers-toi ! Par con… contre… je n’ai pas de pyjamas pour… pour toi, tu es trop… trop grand ! il commente en riant quelque peu, avant de rougir légèrement. » Oscar quitte la chambre, quant à lui il enfile son long pyjama tintin et s’installe dans le lit. Il est positionné sur le flanc gauche et regarde devant lui, donc vers le mur. Il sourit en pensant à tout ce qu’il vient de se passer, tout en attendant l’objet de sa fascination.

Quand Oscar tente de l’aider à mettre en œuvre une sorte de plan pour faire en sorte que ces deux êtres puissent découvrir les sentiments amoureux de l’autre, Milo le regarde et l’écoute attentivement. Il prend note de ses conseils, les écrira par ailleurs très probablement sur un carnet pour ne pas oublier. Il est rassuré à l’idée de pouvoir compter sur lui et de bénéficier de son aide, de ne pas devoir se retrouver seul face à ce qu’il considère comme un problème. Il n’aurait pas su comment s’y prendre et aurait certainement procédé de la mauvaise manière. « D’accord, je… je te fais… fais confiance ! Je fe… ferai comme tu me… me diras ! il lâche avec un grand sourire, sans doute car il aime l’idée proposée et l’aide apportée. » Finalement Milo prend l’initiative d’admettre qu’il connaît certaines choses sur lui, alors il lui avoue qu’il est effrayé à l’idée de tomber à nouveau et de ne plus être capable de se relever. Milo sera toujours derrière lui, peu importe ce qu’il se passe, alors il ne sera jamais capable de laisser une telle chose se produire. « On ne… ne sait jamais ! Moi je serais… serais toujours là pour toi ! il s’exclame d’un air très convaincu. D’accord… mais je ne fais pas… pas exprès d’être gêné par toi, il souffle doucement pour qu’il comprenne que ce n’est pas de sa faute. »

Il l’invite finalement à dormir, Oscar accepte et demande après une douche, après avoir signalé qu’il dormait chaque fois en boxer. Milo se sent chanceux d’avoir le privilège de pouvoir l’admirer dans sa quasi nudité et il s’en sent déjà tout perturbé. En l’attendant, dans son pyjama tintin et allongé sous les couettes, il l’imagine d’ailleurs tout nu et sourit de plus bel. Il est actuellement très heureux du dénouement que prend ce rendez-vous, il compte tout de même partager le même lit que lui cette nuit, il a fait du progrès depuis tout ce temps à le fuir. C’est quand Oscar revient de la salle de bain et s’allonge à côté, que tout bascule. Puisqu’il a soulevé la couette, il a pu voir sa tenue et elle semble l’amuser à un point que Milo ne comprend pas. L’acrobate se moque de lui, rit bruyamment puis s’excuse dans la minute qui suit. Le blond aurait voulu lui pardonner mais il se sent trop honteux pour être capable ne serait-ce que d’y songer. Il a envie de s’enterrer dans un trou, de verser toutes les larmes de son corps et pour couronner le tout, il aimerait mourir à cet instant. Parce que ce à quoi il aspirait pendant dix ans vient tout juste d’être brisé. Il prend conscience qu’il ne sera jamais doté des qualités essentielles pour lui plaire, qu’il ne l’attirera jamais, or il aurait voulu l’aimer et être aimé en retour.

Il aurait voulu avoir Oscar pour lui tout seul, pouvoir ressentir cette fierté de l’avoir comme petit-ami. Mais son rire lui glace le sang et il arrête de respirer durant quelques secondes, avant de commencer à pleurer. « J’aime bien… bien tintin. Maman dit que… que c’est ridicule et que je… je devrais jeter mes pyjamas enfantins… mais moi… moi j’aime bien, il souffle tout doucement, en tentant de faire cesser ces perles salées qui glissent toutes seules. Tu n’aimes pas tintin ? Et… et Mario ? Et… Et Batman ? Superman ? J’ai… j’ai des pyjamas avec… avec eux aussi… tu préférerais ? Je… je veux mettre un… un pyj… pyjama qui te plaît, il continue en ne quittant plus ses bégaiements. » La honte semble couler dans ses veines, la tristesse s’emparer de son corps, alors aussi surprenant que cela puisse paraître, il commence à se déshabiller. Il ne lui reste plus qu’un caleçon puis il se rallonge, tournant le dos à Oscar, soulagé d’être débarrassé de ces vêtements qui viennent de l’humilier. Il verse une dernière larme, reprend sa respiration puis se sent apaisé.

Milo s’est senti ridicule le temps de quelques minutes mais il comprend qu’Oscar compte bien se rattraper alors ça le soulage. Il ne tenait pas à se disputer avec lui éternellement, probablement parce qu’ils viennent de se rencontrer et que débuter sur une dispute ne promettait rien de bon pour la suite de leur relation. Il est de toute manière incapable d’être fâché contre lui ou de le détester, pour la simple et bonne raison qu’il est fou amoureux de ce type. Il est seulement triste et humilié, il s’en veut plus à lui qu’à Oscar, car il regrette d’avoir mis un tel pyjama devant lui. Il comprend finalement que son rire n’était pas forcément provoqué en signe de moquerie, mais représente plus un réflexe sous le coup de la surprise. L’acrobate ne tarde pas à lui déclarer qu’il aime Superman et Batman, mais que s’il reste en boxer, ce n’est pas plus mal. Milo est rassuré car il ne se sentait pas vraiment à l’aise de s’être autant dénudé devant lui par impulsion. Il est timide et n’a pas confiance en lui, alors il trouve son corps pas vraiment attirant ni même beau à regarder. C’est pourquoi il esquisse un léger sourire à ce compliment, parce que savoir qu’il lui plaît ne peut que le satisfaire. « Alors je reste comme ça rien que pour toi, il déclare sans abandonner ce magnifique sourire. »

Alors que le blond avait pris l’initiative de lui tourner le dos pour se calmer et ne pas montrer sa peine, Oscar ne semble pas apprécier cette distance imposée. Il colle son torse-nu contre le dos du garçon déjà perturbé par sa présence. Milo tourne légèrement la tête vers lui pour tenter de lire dans ses yeux et comprendre ce qu’il est en train de faire, mais il la repose instinctivement sur l’oreiller quand ses bras viennent entourer sa taille. Le timide est, on peut le dire, paralysé sur place et ne bouge plus d’un pouce. Seul son abdomen connaît des mouvements importants, puisque sa respiration s’est accélérée à une vitesse folle, relevant son torse toutes les secondes. La main d’Oscar posée sur son ventre doit bien évidemment le sentir. Milo ne sait franchement plus où se mettre ni même quoi faire, alors il reste planté là. Il se laisse faire et se laisse emporter par ce torrent d’émotions positives mais étranges qui l’envahit. Il ne comprend pas ce qu’il se passe, mais à chaque souffle chaud contre sa nuque, caresse sur sa peau et baiser sur son épaule, Milo reçoit une déferlante de frissons. « Pas… il commence tout d’abord à dire, pour finalement finir 10 secondes plus tard. Grave. »

Il est complètement déstabilisé par son contact, il ignorait qu’il retournerait son ventre autant, que son cœur s’agiterait de cette manière contre sa poitrine et qu’il aurait l’impression de défaillir. « Oui… il répond simplement lorsqu’il veut savoir s’il est pardonné – il ne lui en a jamais vraiment voulu de toute manière. » Il est à deux doigts de s’évanouir en se concentrant autant sur ce qu’il ressent, alors il finit par se retourner pour esquisser un tout petit sourire. Il est heureux, ce n’est pas le problème, seulement beaucoup trop perturbé pour le montrer. Ses bras restent le long de son corps car il ne sait pas quoi en faire et est encore coincé pour oser rendre le contact plus intense. « Et toi… tu pourrais me… me faire l’amour ? il lâche comme une récompense pour le sourire offert, même s’il n’y a aucun rapport logique entre les deux. » Milo n’a pas acquis les codes sociaux et les règles de l’amour, alors il est prêt à s’offrir à lui même s’il le connaît à peine… enfin, il sait qui il est, c’est plutôt lui qui représente un véritable mystère pour Oscar.

La proposition de Milo s’était glissée entre ses lèvres sans même qu’il se rende compte, il a probablement pensé un peu trop fort. Il a attendu dix ans pour rencontrer ce type et avoir la chance de lui parler un jour, ou plutôt d’oser l’approcher, mais il a surtout espéré qu’il serait son premier. C’est pourquoi Milo demande ce qu’il souhaite profondément depuis dix années, lorsqu’ils sont torse-nus et si proches l’un de l’autre. Sa proximité le rend fou de joie, mais aussi d’amour et de désir. Il ne ressentait plus que ces drôles de picotements au creux de ventre, encore moins cette chaleur incroyable entre ses reins. Milo a le corps tout retourné et perturbé, alors il a lâché ces quelques mots avec tant d’innocence que ce n’est pas bien surprenant qu’Oscar choisisse d’abord l’étonnement, puis finisse par rire nerveusement. Milo se sent bête lorsqu’il prend conscience que non seulement il a dévoilé son plus grand désir à voix haute, mais surtout quand il comprend qu’il n’est pas réciproque. Des larmes coulent toutes seules contre ses joues, de honte et de tristesse. Il se sent stupide de ne pas avoir su retenir sa langue, de lui avoir confié ce souhait qui devait rester dissimulé encore quelques semaines, d’avoir été vaincu par cette excitation qui le submerge. Il aimerait pourtant tellement connaître ce plaisir de la vie, cette transe et le septième ciel que tout le monde évoque, ce bonheur de l’avoir eu pour première fois.

Il écoute tout de même attentivement ses justifications, tente de se contenir mais il évacue davantage sa souffrance lorsqu’il lui balance une phrase dure en pleine figure. Milo sait pertinemment qu’il n’agit pas de la bonne manière et qu’il ne l’aurait pas dû, il aurait vraiment aimé qu’il ne lui répète pas une nouvelle fois et ne le fasse pas passer pour l’homme le plus bizarre de la Terre. « Mais moi je te connais depuis dix ans… ça fait dix ans que je veux ça… C’est parce que tu es proche de moi, du coup je suis perturbé et je dis des trucs bizarres… il tente de s’expliquer en versant des larmes. C’est à cause du pyjama tintin hein ? Du coup tu ne me trouves pas du tout attirant ? il demande de manière inquiète, ayant peur d’avoir tout gâché à cause d’une simple tenue. » Il doit pourtant comprendre un jour ou l’autre qu’il l’est définitivement, il ne possède pas les codes sociaux qui lui permettraient pourtant d’adopter les bons comportements et de pas paraître étrange aux yeux des autres. Mais si tel était le cas, alors il ne serait plus Milo. Il se demande si ça ne serait pas mieux, s’il n’aurait pas plus de chances de plaire à l’acrobate. Et pourtant, il lui annonce finalement qu’il lui plait et le trouve mignon. Même s’il continue de pleurer, il ne peut s’empêcher de sourire en même temps. Il n’y croit pas ses yeux, est actuellement très heureux de savoir ces deux éléments. Oscar a le don de le mettre dans une position embarrassante, pour la simple et bonne raison qu’il l’envoie dans un tourbillon d’émotions incompréhensibles qui sont tiraillées entre la joie et la tristesse. « Si je te plais et qu’on… qu’on en a envie tous… tous les deux, alors pourquoi tu… tu refuses ? il demande tout bêtement, ne comprenant pas ses raisons. » Il tente pourtant de lui expliquer : il aimerait garder cette alternative pour plus tard, lorsqu’ils se connaitront davantage. « Tu peux le faire une fois avec moi et ne pas t’en aller ensuite. Même plusieurs fois… il murmure tout doucement, n’émettant qu’une simple supposition, celle qui toutefois lui plairait le plus. »

Milo ne connaît pas la démarche à suivre alors il ignorait qu’il y avait tout un procédé pour arriver à ses fins. Il ne voulait pas précipiter les choses, seulement assouvir ses désirs et besoins. Il ne pensait pas à mal, mais comprend mieux qu’il va falloir attendre et apprendre à le connaître, même s’il a la sensation d’en savoir déjà énormément sur cet être qui le chamboule. « D’accord, il répond simplement même s’il ne sait pas dans quoi il s’engage en acceptant de prendre son temps. Mais tu seras mon premier quand même, un jour ? Même si je ne te plais pas au final ? il demande en clignant doucement les yeux, scrutant son regard innocent dans le sien. » Oscar s’en doutait peut-être ou n’en savait strictement rien, mais Milo n’a pas encore perdu sa virginité. Même qu’il attend depuis dix ans pour la perdre avec cet homme dont il est éperdument amoureux. D’ailleurs quand ce dernier dépose un baiser tout doux contre ses lèvres, il rougit, cligne des yeux et sourit finalement comme un débile. C’était pourtant un bisou court mais il trouve ça étrangement mignon et a le cœur qui bat fortement. Il se surprend même à tenter de mettre sa timidité de côté pour se blottir complètement dans ses bras, levant toujours la tête vers lui. « Je peux en avoir un autre ? Un plus long ? il en réclame un second, ayant retrouvé son beau sourire enfantin, déjà accro à ses lèvres toutes douces. Ça fait de toi mon petit-ami ? il continue avec l’expression du bonheur collée au visage. » Un bisou signifie énormément pour le garçon, il a souvent vu ça dans les films : les acteurs s’embrassent et vivent ensuite une histoire d’amour intense. Alors il croit dur comme fer que c’est automatiquement la même aventure qu’il est en train de vivre.