la dette

Invité

son cuire trop fin, le couvre jusqu'aux reins.
kill remonte la rue jusqu'à la grande place, le joint au bec.
il a les mains enfoncées dans ses poches. mais ça protège pas du froid.
ses doigts engourdis triturent le plastique d'un joli paquet de coke.
il frissonne, juste un peu, c'est vague, t'façon il est dans un autre monde là, kill.
parceque dans sa poche gauche, entre les liasses de billets, y'a sa flasque.
la fameuse, la belle, l'ambrée, du rhum.
le rhum rince les monstres qui bataillent dans ta tête.
le rhum éteins l'incendie qui t'ravage tout entier.
mais surtout, le rhum étouffe le froid.
l'regard vague, et la mine un peu défaite, il tire sur son joint.
la place, enfin, t'as rendez vous kill, faut bien liquider un peu d'coke.
tu vois personne.
tes yeux mornes balaient l'espace entre les bâtiments. putain de place trop vide.
le calme t'indispose, tu vas pour t'poser contre un muret.
mais tu n'arrives pas jusque la bas.
un coup violent à l'arrière du crane te fais lâcher ton joint.
flash de couleur dessous les cils. putain.
le sol se rapproche quand tes genoux menacent de plier sous ton poids
putain, putain, putain
tu récupère un semblant d'équilibre
tu clignes, une fois, deux fois, tu te retournes, pour découvrir un batte
tu lèves les yeux vers l'agresseur une seconde avant de recevoir un coup de tête magistrale en pleine gueule.
le sang coule, au milieu de tes injures, tu recules, titubant.
t'as des tigres plein les yeux, et des couteaux qui t'grattent sous les gencives.
t'as qu'une envie, lui cogner la tête par-terre le plus fort possible,
t'as l'désir d'repeindre la chaussée avec son sang.
mais cette fois le sol se rapproche sans que tu puisses l'en empêcher,
tu tombes à genoux,
à quatre pattes,
à terre,
et c'est ta propre gueule que le bitume écorche.
elle est laborieuse la respiration, tu t'accroches en pensée, tu comprends plus ce qu'il te dit, un sifflement emplit ton crane dès l'instant où son pied vient faucher ton visage.
rideau.

Invité

tu bouges pas sevan.
il y a cette petite musique qui s'émane de ta caisse. t'es posé, t'es cool. c'est peut-être dû au petit spliff que tu viens de te fumer.
t'aurais pu être avec les autres, ou juste posé chez toi comme les gens normaux. mais t'es pas normal toi. tu fais parti de ceux qui ont du mal à s'entendre penser. t'as trop d'idées dans la tête alors ton monde c'est la rue. tu hurles. tu cries. mais surtout tu frappes.
bah oui, parce que dans le fond c'est ça ton histoire sevan.
t'es heureux dans la violence. verbale, physique. tu t'laisses transporter lorsque tu sens l'adrénaline t'envahir.
encore une fois, t'es pas normal. t'as trop d'besoins en toi, trop d'envie, trop d'peurs, tropd' désirs.
tu prends l'air, cette batte qui traine au sol derrière toi. t'as l'impression d'être le héros d'un clip de musique classique. une douce symphonie pour compléter le tableau. le tien, le sien. certainement plus l'art de celui qui laisse son sang trainer au sol.
t'es un monstre, dans ton regard, c'est rouge. rouge sang, rouge passion, rouge tout court. il y a des cris, les leurs. tu entends les sons des os craqués en rythme. et toi, tu t'agites. comme un danseur qui bouge en rythme. toi ça vient du coeur. ça provient de toute cette rage que tu contiens.
pourtant, on dirait pas comme ça. t'as l'air sympa au premier abord. mais pourquoi chercher un ange dans ce siècle, c'est comme chercher un angle dans un cercle. ils fuient. ils pleurent. et toi, tu souris. horriblement, tristement.

Invité

le sifflement, intôlérable.
le sifflement, comme une onde électrique à l'intérieur du crane,
les battements de ton cœur pour épuiser tous les silences
pas de larmes aux creux des paupières, juste du sang pour tacher la détresse
c'est d'autres pieds qui chacaillent le bitume, et d'autres mains pour sauver ta carcasse.
une sorte d'oracle sous l'orage, pour faire reculer les vautours.
une autre batte pour les mettre en déroute, tes vautours.
dans l'coin que des charognards, et des montagnes de haines pour seules horizons
le sifflement s'éloigne, et tu grognes en t'retournant sur le dos
c'est qu'tu voudrais bien voir, bien voir de quoi il a l'air le nouveau héro
celui que t'as pas demandé
celui que t'aimerais éborgner. plus que l'autre peut être
ce que tu peux être con parfois.
le type au dessus, il a la gueule des noyés un peu trop écorchés.
le type avec ses encres plein l'épiderme et sa batte en écarlate,
il te remet juste une sale vérité en pleine gueule,
comme une gifle, t'as pas été à la hauteur kill.
tu regardes quoi putain tu craches en te redressant en position assise.
t'es hautain, et trop fier pour dire merci.
pas encore assez con pour essayer de t'remettre sur tes pieds.
t'estime t'être suffisamment affiché comme ça.
tu cherches tes clopes dans ta poches, retire aussitôt tes doigts en étouffant un juron. ta flasque est en miettes, et des morceaux de verre criblent désormais ton index.
fais chier bordel ! ta main amochée plonge a nouveau dans ta poche, de laquelle tu entreprends de retirer les débris coupant.
méprisant les plaies qui rougissent tes doigts et ta paume.
t'aimerais juste qu'il disparaisse.

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et la symphonie s'arrête lentement.
les corps gisent au sol et toi tu les regardes avec ce sourire, avec cet air diabolique. tu es monstrueusement noir, affreusement sombre.
mais tu ris encore plus lorsqu'ils se relèvent en prenant la fuite. d'ordinaire, tu serais capable de les poursuivre pour les torturer un peu plus mais là ce soir, t'es un peu flemmard.
tu t'attardes sur celui qui reste au sol à grimacer, la gueule en sang, l'air arrogant. tu pouffes de rire sevan, parce que tu le trouves pitoyable.
il crache des mots, sûrement des injures que tu ne comprends pas. alors tu souris, comme le démon qui vient de trouver lucifer.
- amateur.
t'aimes la provocation, t'aimes emmerder, mais bon t'es quand même venu lui filer un coup de main, même si c'était principalement pour ton propre plaisir. il galère, il cherche et tombe à nouveau sur un os, la main ensanglantée, tu l'observes grimacer, batte de baseball sur l'épaule. ta main libre sort un paquet de ta poche et tu lui balances.
- tiens.
t'avances dans sa direction et tu t'accroupies à sa hauteur. sourire aux lèvres, la situation est assez ironique.
- t'as vraiment pas une gueule de porte bonheur, putain.

Invité

amateur. Ceux sont ses mots, en petites lames pour retourner la peau, et venir piquer droit dans l'égo. comme une mauvaise aiguille, porteuse de poison. "amateur" brûle au feu de tes veines et le sang bouillonne de réagir. Les crocs a nouveau, menacent d'intervenir. le provocateur a des airs de volatile moqueur et la noirceur d'encre sur l'épiderme te ferais pencher pour un corbeau. au coassement agaçant.
mais tu restes dans ta poussière Kill. Tu sais pas bien pourquoi, cet oiseau là, tu lui tordras pas l'cou, pas tout de suite. tu le fixes tandis qu'il fouille distraitement la poche de son blouson. tu le surveilles en coin. c'est louche cette intervention, c'est louche de se jeter entre l'inconnu et la presque-mort. toi tu comprends pas trop c'qu'il veut le type/corbeau.
tiens.
Tu attrapes le paquet de cigarette au vol, un réflexe même si la tête te tourne, ton bras a réagis tout seul. les cigarettes ont prit cher a l'atterrissage, tu rouvres les doigts sur le carton broyé. et en tire tout naturellement un baton de nicotine abîmé. pas de merci. tu l'allumes d'un geste, guettant ses pas qui se rapprochent de toi. investissant ton espace. il sait donc pas que c'est blessé qu'un fauve représente la menace la plus sérieuse ? tu tires sur ta cigarette comme une brute. et le tabac nicotine s'infiltre dans tes poumons, berce tes sens. calme le monstre dans le fond de ton corp.
t'as vraiment pas une gueule de porte bonheur, putain.
un mouvement d'humeur conduit ta main serrée en poing directement dans le cou du corbeau. faisant preuve d'une vivacité impressionnante. tu frappes a la trachée, et le bouscule juste ce qu'il faut pour l'éloigner de toi. juste ce qu'il faut pour lui faire ravaler son sale sourire. immédiatement tu sors le cran d'arrêt, qui clique quand tu l'ouvre. la lame luit dans la nuit. c'est un avertissement.
continues a te payer ma tronche et j'donne pas cher de ta peau, monsieur le héro. craches-tu en insistant sur le dernier mot avant de lui relancer son paquet de clope.