+ la fin des couilles.

la fin des couilles

conner
feat.
kyle

	Et tout à coup tu te rends compte que tout est fini, pour de bon. Il n’y a pas de marche arrière, tu le sens. Et puis après tu essaies de te rappeler à quel moment tout a commencé et tu découvres que c’est plus vieux que ce que tu pensais, bien plus vieux. Et c’est là, seulement à ce moment-là que tu réalises que les choses n’arrivent qu’une fois. Et quelques soient tes efforts, tu ne ressentiras plus jamais la même chose, tu n’auras jamais plus la sensation d’être à trois mètres au-dessus du ciel. Δ
Encore une journée typique pour les couilles ! Les cours ont à peine repris mais on sait déjà que notre voyage en Australie approche à grands pas. Motivés tout les jours, on ne fait que sortir depuis notre retour d'Ibiza. C'est sans doute grâce à Conner que je tiens le coup par rapport à Fizzy, que j'essaye de ne plus y penser et de tourner la page. Après avoir passer la journée dehors à tester les nouveaux cocktails d'Imo et après jouer au karting légèrement pompette, on rentrait à la maison pour préparer une mission commando contre les poules. D'ailleurs, on ne comprenait toujours pas pourquoi nos pères avaient acheter une maison avec un poulailler. Conner est en train d'allumer la console pendant que je suis dans la cuisine pour remplir des capotes de lait, d’œufs et de tout les ingrédients qui peuvent rendre le mélange encore plus dégueulasse. Les caméramans trainent autour de nous, histoire de capturer nos moments les plus cons et les diffuser pour notre télé-réalité. Puis soudain, je reçois une alerte sur mon smartphone, celle de l'application du Barman qui publie parfois son journal sur internet. Forcément, je laisse les capotes de côté pour m'affaler sur le comptoir de la cuisine et commencer à me taper des barres sur les rumeurs pourries auxquelles on est tous censé croire. Je survole l'article pour également lire les choses qui me concernent. Tiens, on parle de ma rupture difficile, les nouvelles vont vite dans le coin. Et à la fin de l'article ? Une pièce jointe liée au paragraphe qui m'a fait le plus rire : la liaison de Conner et Bunny pendant que j'étais encore avec elle. J'ouvre la vidéo et les images qui suivent me donnent un haut-le-cœur. Wtf, c'est quoi ce bordel ? Ils sont en train de.. baiser. Automatiquement, je perds ma légendaire bonne humeur et mon éternel sourire en me redressant, trop sur le cul pour dire quoi que ce soit. In en profite pour me filmer quand je commence à me diriger vers le salon, les caméras pensent sans doute faire exploser les audiences si une bagarre éclate. Les gens aiment les emmerdes, c'est pas nouveau. En rejoignant Conner près du canapé alors qu'il insulte les gens qui jouent contre lui en ligne, je me mets à croiser les bras en fixant l'écran à mon tour. En temps normal, j'aurais pris le micro et je l'aurais aidé à insulter les autres, tels deux gros rageux. « Tu l'as baisé ? » C'est tout ce que je veux savoir, même si je connais la réponse. Je vois que Conner se crispe, sachant probablement de quoi je parle lorsqu'il croise mon regard. Il pose alors sa manette et reste silencieux. « Putain, j'y crois pas.. J'peux pas y croire. » Je secoue la tête en chuchotant, sans le quitter du regard, les poings et les dents serrés. Y'a un gros silence qui s'installe, un gros malaise. Je suis complètement paumé, je remets tout en cause. Je déteste Bunny, je déteste Conner, je déteste Bristol. J'ai été pris pour un con pendant des années, j'ai du mal à déglutir. Impulsivement, je pousse le caméraman qui s'approche pour faire des gros plans sur nous. J'ai pas envie qu'ils diffusent ces images. « Et notre code d'honneur, t'en as fait quoi, bordel ? Tu sais... les potes avant les putes. » On s'était pourtant promis qu'aucune meuf pourrait se mettre entre nous pour foutre la merde, que notre amitié était bien plus forte que n'importe qui. Alors, sans réfléchir, j'ai frappé Conner. Je lui ai collé mon poing dans la gueule. C'est sans aucun doute la première fois que je le frappe dans le but de vraiment lui faire mal. J'me sens trahi. Et je crois que c'est comme ça que je viens de perdre mon meilleur ami, mon frère, ma couille, la personne en qui j'avais totalement confiance ici, la personne la plus importante pour moi.
© Gasmask

Invité

La fin des couilles feat Kyle

Cette semaine, chez les couilles… Je nous adore Kyle et moi d’en être arrivé jusque-là, je ne sais pas à quand cela remonte exactement, tout ce que je sais c’est que ça ne se terminera jamais et c’est le principal, non? Nos vieux nous ont acheté une baraque de rêve et c’est la meilleure chose qu’il pouvait m’arriver : être loin de cette tentation nommée Bunny et vivre heures vingt-quatre avec mon meilleur pote. Les journées entre couilles, comment se résument-elles? Les yeux à peine ouverts suite à notre grasse matinée, on enchaîne les cocktails que nous prépare si gentiment ceux qui souhaitent s’improviser barman d’un jour et ce, malgré notre gueule de bois. Depuis que je suis redevenu pro-rider actif, j’ai trop de thunes à dépenser, alors nous profitons de ce que la ville a à nous offrir. Le midi, c’est devenu un rite, on trinque avec un kebab. Après c’est branlette autour de la piscine, lunettes de soleil, maillot de bain, on se raconte de nombreuses conneries, la chaîne tient à nous payer des nanas, alors on joue le jeu, Kyle n’a pas encore le cœur à se les taper, alors j’attends, même si c’est dur, dans tous les sens du terme. Quand les poulettes ne sont pas là, nous partons chasser celles dans le jardin, j’éprouve un malin plaisir de leur balancer leurs propres œufs en pleine gueule à ses salopes. Cinq heures, l’heure de l’apéro devant call off, j’allume la console tandis que Kyle se charge du petit remontant. Toujours torse-nu, je lance un sourire à la caméra qui fait un gros plan sur moi, conscient que ce geste à lui seul fait augmenter les audiences, à ce train-là, je vais pouvoir me payer la lambo dont je rêve depuis toujours sans que mon père n’allonge le moindre centime. Accroché à la manette, yeux rivés sur l’écran plasma, je lâche un flot continu d’injures sur les adversaires qui tentent de me tuer, je suis tendu comme un ressort, prêt à bondir à tout moment, comme-ci cela changeait quelque chose. Ça me rappel cette seule après-midi où il avait fait moche à Ibiza, Kyle était en train de se taper Chuck et pour passer le temps j’avais joué à ce stupide jeu avec Keeran qui est aussi doué pour la console que pour la baise, si vous voyez ce que je veux dire… Bref, dans les deux cas, elle ne sait pas tirer ! Soudain, Kyle se plante devant l’écran et langue sur le côté je plonge sur le canapé, afin de voir ce qu’il se passe sur l’écran :

- Putain, tu fais chier man, j’ai faillis me faire...

« Tu l’as baisé? »

Tuer. Je m’immobilise, c’est comme une douche froide… Il sait. Comment??? J’ai encore la bouche entrouverte et les yeux rivés sur la partie, bien que je sois mort, mais je n’ose pas le regarder, mais c’est quand-même ce que je finis par faire, lentement, trop lentement… Je pose la manette et lève mes mains, du coin de l’œil je regarde les caméras et honteux plus que jamais, je murmure un putain de cliché auquel il ne croira jamais:

- Ce n’est pas ce que tu crois…

« Putain, j’y crois pas.. J’peux pas y croire. »

Maintenant debout, je suis planté devant lui, comme un con, car je ne trouve rien à dire pour me justifier. Lui dire que oui, je me suis farci son ex alors qu’ils étaient encore avec elle, c’est tout simplement impardonnable. Je n’étais au courant de rien, je n’avais pas fait le rapprochement avec sa Bunny et quand je l’ai appris je lui ai fait vivre un enfer à cette pétasse. C’est du bidon comme excuse ! D’autant plus que maintenant, les choses ont changé…

« Et notre code d’honneur, t’en as fait quoi, bordel? Tu sais… les potes avant les putes. »

Véritable coup de poignard, je peine à garder le contact visuel avec lui, je me mords la lèvre inférieur, troublé par la boule qui grandit dans ma gorge. Puis soudain, ma mâchoire part sur le côté, je sursaute à peine, car ce coup-là par contre je l’avais senti venir. Je déglutis difficilement :

- Je suis désolé.

Cette phrase signe la fin de notre amitié, la fin des couilles, pas besoin de le regarder pour le comprendre, je crois que je suis le mieux placé pour le savoir, car je connais Kyle comme personne. Au fond de moi, je savais que ce jour allait finir par arriver, à partir du moment où je me suis réveillé aux côtés de cette blonde et que le soir-même je l’ai vu accroché au cou de mon meilleur ami. Du coin de l’œil, je vois l’une des caméra faire un gros plan sur nos visages et c’est ce qu’il me fait exploser, le crochet du droit que j’aurais rendu à n’importe qui mis à part Kyle, et bien c’est le caméraman qui se le bouffe. Ça ne les concerne plus, je veux qu’ils dégagent, je leur balance leur matos valant des dizaines de milliers de dollars en pleine gueule, leur gueulant de partir. Lorsque la pièce est enfin vide, je me plie en deux pour retrouver ma respiration plus rapidement, j’ai le coin de la lèvre fendue, du revers de la main j’en essuie le sang auquel je jette un rapide coup d’œil avant de dire entre deux souffles :

- Je ne sais pas ce que tu as vu ou entendu, mais je vais te donner ma version des faits. Il y a environ deux ans, quand tu étais en couple avec Bunny, j’ai couché avec elle, mais j’ignorais son identité. Ça ne voulait rien dire ! Pour moi en tout les cas… Mais je savais qu’elle était la première fille à qui tu accordais de l’importance. Puis une dizaine de jours après tu l’as surprise avec Zeke et le problème était réglé, du moins c’est ce que je croyais… Et puis il y a quelques mois, il y a eu cette accident, tout était de ma faute, alors j’ai essayé de réparer mes bêtises, mais je suis tombé amoureux Kyle.. Amoureux de la fille que tu aimes. C’est une évidence et je crois qu’au fond de moi je le sais depuis le moment où j’ai appris que le bébé que Bunny a perdu ce soir-là, et bien c’était le tiens…

code par (c) eylika. photo de Tumblr.

la fin des couilles

conner
feat.
kyle

	Et tout à coup tu te rends compte que tout est fini, pour de bon. Il n’y a pas de marche arrière, tu le sens. Et puis après tu essaies de te rappeler à quel moment tout a commencé et tu découvres que c’est plus vieux que ce que tu pensais, bien plus vieux. Et c’est là, seulement à ce moment-là que tu réalises que les choses n’arrivent qu’une fois. Et quelques soient tes efforts, tu ne ressentiras plus jamais la même chose, tu n’auras jamais plus la sensation d’être à trois mètres au-dessus du ciel. Δ
Conner ne nie pas, bien évidemment. Aussi longtemps que je me souvienne, il n'a jamais su mentir. D'ailleurs, c'est sans doute pour ça qu'il n'arrivait pas à tromper les meufs en toute discrétion, il n'était pas assez bien organisé pour ça. Enfin, ça c'est ce que je croyais. Aujourd'hui, c'était comme un coup de poignard dans le dos, un coup que je découvrais beaucoup trop tard. J'ai l'étrange impression de plus le connaître, de m'être trompé sur lui sur toute la ligne, pendant ces deux dernières années. En fait, c'était tellement un truc de dingue que je me mets à regarder autour de moi nerveusement, prêt à me prendre un fou rire quand on m'aura annoncé que je passe en ce moment à la radio et qu'il s'agit d'un gros canular. Mais j'ai beau attendre quelques minutes et aucune caméra cachée n'apparait. L'espoir qu'il s'agisse d'une grosse blague se dissipe peu à peu, surtout quand je me mets à fixer Conner, sa lèvre fendue. Il ne se défend même pas. Je crois que j'aurais préféré qu'il s'énerve lui aussi, ça m'aurait moins fait mal de le voir gueuler lui aussi. Le coup que j'attends, il ne me le rend pas. À la place, il fait pire en décidant de vider tout son sac. « Quand est-ce que vous allez tous enfin comprendre que j'en ai plus rien à foutre de cette meuf ? » Et c'est vrai. Je crois que c'est réellement le cas à présent. Trop d'histoires, trop de non-dits, trop de secrets. Depuis que Bunny faisait à nouveau parti de ma vie, tout partait en couilles. Cette fille a le démon en elle, j'en étais maintenant persuadé. Putain, j'étais bien moi, à sauter tout ce qui bouge, à ne rien prendre au sérieux, à enchaîner les fous rires et les soirées, persuadé que rien de mal ne pourrait me tomber dessus puis elle a débarqué, elle a repointé le bout de son nez et c'était comme si elle avait tout foutu en l'air. Comme ça, juste avec sa simple présence. Elle avait soufflé sur le château de cartes et, pouf, il s'était détruit en un rien de temps. Maintenant, c'était fini. J'étais réellement prêt à la tourner cette page, à même fermer ce livre pour en commencer un nouveau. Il le fallait. Conner, je l'ai toujours considéré comme mon frère. Il y a encore quelques jours, j'aurais pu le laisser dormir à poils avec elle en sachant qu'il ne la toucherai jamais. Je savais bien que les choses étaient moins tendues qu'avant l'accident de voiture mais tout est allé trop vite. Maintenant, il est amoureux. De mon ex. Alors non, je n'aime pas Bunny. La seule fille que j'aimais, c'était Fizzy et elle aussi, je l'ai perdu. Ouais, j'ai tout perdu, j'ai jamais été doué pour garder les gens à qui je tiens près de moi. « Attends.. Qu'est-ce que tu viens de dire ? » J'étais en train de gueuler, à secouer les bas dans tout les sens, à faire les cent pas dans le salon quand trois mots m'ont interpellé pour me stopper en plein dans mon élan. "Bébé", "le tien".. Je commence à tirer une gueule de trois mètres de long. Non, ça me pouvait pas être ça. Je lance un regard horrifié à Conner qui me balance la nouvelle sans prendre aucun pincette. L'enfoiré, il essaye de me prendre par les sentiments ! « Putain, non en fait, ne dis rien ! J'ai pas du tout envie de savoir. » Je me mets à chanter à tu-tête en me bouchant les oreilles, je gueule comme un attardé pour être sûr de ne pas entendre ce qu'il risque de répéter. Ouais, la technique de l'autruche mon gars, mes vieux démons me rattrapent, et je n'assume plus rien. Toujours à fuir les problèmes et les responsabilités, je découche mes oreilles après avoir vérifier que Conner n'allait pas me sortir un autre dossier. Sérieux, je me chie dessus et il se rend pas compte à quel point il peut ruiner toute ma vie avec de simples mots. « Tu sais ce qu'on va faire maintenant ? On va séparer cette maison en deux, d'accord ? Ça, ce sera mon côté, et ça ce sera le tien. Et on se parlera plus. » Borné comme je suis, je n'écoute même plus et je commence à pointer tout pleins d'endroits de la maison, mes côtés, les siens. Je n'avais plus rien à faire avec un traître comme lui, du coup c'est ce que je me répétais en boucles dans ma tête pour me convaincre. Au fond, je suis carrément certain que je suis encore plus triste que lui. Évidemment, je ne le montre pas, trop fier pour ça et à la place, je fonce chercher le gros rouleau de scotch posé sur l'étagère puis je commence déjà séparer la maison avec. « Bien entendu, tu peux garder le poulailler. » La pire des sentences possibles. Qu'il se coltine les poules ! Et là le chien se met à couiner, juste entre nous. Je lance un regard de cow-boy comme dans les westerns à Conner, prêt à bondir sur le petit chiot pour obtenir un allier de taille et ne pas être seul dans cette guerre.
© Gasmask