(jay) people are poison.

People are poison

La saturation, il y a un moment où cela vient dans ce repas qu'on appelle vie : il ne faut qu'une goutte alors, pour faire déborder la coupe du dégoût.

Ce soir, tu reprends du service. T'as reperé ce mec, dans Old City. Sa gueule de riche, sa grosse voiture et surtout, son appartement qui devait être hors de prix. Sa caisse n'était pas là, ni lui, d'ailleurs, d'après toi. Sautant sur l'occasion, tu te transformes en ombre. Noire, discrète, légère. Tu quittes ton nouveau petit chez-toi, déposant une dernière fois tes lèvres pourpres contre celle de ton voyou avant de quitter les lieux en vociférant des insultes à ta seconde famille, la bande. Parce que chez vous, il n'y avait aucune meilleure preuve d'affection qu'un petit 'à plus de bande de connard' ou 'ciao mes pétasses'.

Gun dans la poche, sac sur le dos, tu descends de ta voiture garée à l'opposé de l'immeuble et à pas de chat, tu rejoins l'appartement. Tu te la joues classique, essayant de débloquer la porte avec une carte en plastique rigide. Tes griffes se resserrent autour de la poignée et dans un soupir, tu comprends que cette fois ce ne sera pas aussi rapide. Tu sors ton attirail de ton sac et commences à crocheter la serrure. Après de nombreux clic-clac, la porte s'ouvre dans le plus grand des silences. Tu inspectes les lieux. Personne. Balayant chaque pièce du regard, tu t'assures de finir la soirée en vie avant de commencer à fouiller. Une chambre de femme? Oh, très bien. Un petit miroir Chanel, des bijoux en toc. Rien de très intéressant. Pièce suivante. Une odeur masculine titille tes narines, tu peux apercevoir des costumes dans l’entre-bâillement de la porte du dressing. Merde, chez qui t'es tombée? Les tableaux dans le salon ne valent rien, trop modernes. Tout ce qui a une once de valeur ici pèse 50 kilos de plus que toi, à part.. cette montre, posée sur la commode. Belle finition, ça doit valoir pas mal de thune. Tu la glisses dans ta poche avant de faire volte-face, prête à partir comme une voleuse. À ta façon, tout du moins.

 

People are poison
   

Mes costumes sont faits sur mesure, les chaussures que je porte coûtent probablement plus cher que le loyer que vous réglez tout les mois, je suis à la tête d'une firme transnationale, mon appartement se situe au centre de la ville, je vis dans le luxe chaque jour, j'ai l'apparence du parfait gentleman mais je suis le diable à l'intérieur. Oui, le diable. Une pierre tombale à la place du cœur, noirci, je suis pourri jusqu'à la moelle. Et j'aime ça. Savoir que n'importe qui souhaiterait être à ma place, que tout le monde m'envie. Un sourire mesquin pendu aux lèvres, je fais savoir à ma secrétaire que j'ai encore besoin qu'elle me clôture deux ou trois dossiers avant demain puis je la laisse en plan, venant tout bonnement de lui gâcher sa soirée. Elle allait y passer toute la nuit. Je pousse ensuite machinalement l'immense porte en verre du building et je m'enfonce à l'intérieur de ma voiture de sport pour rejoindre mon quartier : old city.

C'est en sortant de l'ascenseur de mon immense que je remarque que quelque chose cloche. Sourcils froncés, je range mon smartphone dans ma poche et je m'approche plus rapidement de ma porte d'entrée. La poignée de porte venait de bouger. Je secoue d'abord la tête, persuadé que la fatigue du travail me causait des hallucinations. Mais en voulant faire tourner mes clés dans la serrure, je comprends que je n'ai pas rêvé. La serrure a bel et bien été forcé. Faith n'est même pas à l'intérieur. Discrètement, je pénètre au sein de mon appartement et je referme derrière moi dans le plus grand des silences. Tout semblait normal à l'intérieur, aucun objet volé à priori. Seule cette silhouette dans le salon, près d'une des commodes, attire mon attention. Noire, discrète, tapis dans l'ombre. Mon sang ne fait qu'un tour, je balance ma veste de costume sur un fauteuil et j'allume la lumière pour pouvoir surprendre la jeune femme. Prise la main dans le sac. « Qu'est-ce que tu fous, putain ? » Je crache mon venin sans attendre, m'approchant de la demoiselle d'un air menaçant. « Tu sais pas à quel point t'es mal tombée. Tu ne peux même pas imaginer sur qui tu es tombée. » Je croise les bras en plantant dans mon regard mauvais dans le sien, me rapprochant d'un pas à chaque mot prononcé. No pain, no gain.

   

People are poison

La saturation, il y a un moment où cela vient dans ce repas qu'on appelle vie : il ne faut qu'une goutte alors, pour faire déborder la coupe du dégoût.

Tu regardes l'objet que t'as entre les doigts avec admiration: un vrai bijoux. Tu hésites un instant à la vendre, même. C'est le genre de montre que t'auras jamais. Bien trop belle, bien trop chère. C'est pour les businessmans qui courent après le temps, et surtout l'argent, et qui posent leurs yeux sur le cadran doré en disant qu'à chaque seconde, ils gagnent l'équivalent de trois fois le prix de la mini-horloge qu'ils ont au poignet. Elle est bien au chaud dans ta poche, mais il y a un truc assez gênant : t'entends des pas. Tu te colles au mur, gardant ton sang froid. Ça se rapproche, ça se rapproche. Cliquetis dans la porte déjà ouverte. T'es dans la merde.

Une silhouette se distingue dans la pénombre. Le mec enlève sa veste le plus naturellement du monde et tu te demandes un instant s'il t'a vu, commençant à glisser contre le mur, mais t'as à peine le temps de te baisser d'un demi-centimètre que la lumière s'allume. Ton regard sombre croise le sien. Tu ne le connais pas, mais tu peux lire la haine dans ses yeux, la capter dans ses poings serrés et sa démarche de catcheur prêt à rentrer sur le ring. « Qu'est-ce que tu fous, putain ? » Le mec pète un plomb, tu te mets sur la défensive, prêt à recevoir les coups et à les donner en retour. Ton cœur s’accélère, l'inconnu est très en colère. Étrangement, toi, t'es encore d'humeur douce. Tu ne t’énerveras pas assez tant t'auras pas reçu le premier coup, la première injure. T'as cruellement envie que ça commence, de voir des effusions de sang sur les murs. Comme d'habitude. « Tu sais pas à quel point t'es mal tombée. Tu ne peux même pas imaginer sur qui tu es tombée. » Tu recules d'un pas, poings serrés et ton coude tape dans un on-ne-sait-quoi qui part à la renverse et que t'as, malgré la situation, le réflexe de rattraper. « Si, je sais qui tu es. T'es un des ces types qui se fait du fric sur le cul de la société, qui roule en Lamborghini, content de montrer combien il est riche. Un connard qui se croit supérieur aux autres, mais tu vaux pas un clou. » Tu cherches bien la merde. Tu t'es fait attrapée, qu'importe. Ça peut pas être pire de toute façon. Tu vas assumer et te battre jusqu'au bout, c'est comme ça que ça fonctionne, et que ça a toujours fonctionner. Tu lui lances son vase fragile, jouant toujours plus avec le feu. « Tiens, reprend ton argent sale. »