FÊTE FORAINE ✤ la grande roue

T'es un grand enfant, c'est comme si tu refusais de grandir dans ta tête, tu restais le même gosse qu'à l'époque. Une fête foraine. L'idée était excellente. Tu avais sauté sur l'occasion pour changer les idées de Conner qui n'avait pas le moral à cause de l'article du barman qui avait dévoilé tout un tas de conneries sur lui. Aujourd'hui, tu allais t'occuper de ton petit frère, genre sérieusement comme un grand frère modèle et rien ni personne ne pourra te distraire. Oh bordel, elle a un cul celle-là. Tu penches la tête en te retournant, t'arrêtant carrément pour faire demi-tour et suivre la demoiselle en question. C'est comme ça que tu avais fini par perdre bêtement Conner dans la foule et abandonner ta bonne action du mois. Les sucreries et diverses attractions t'avaient attiré, elles aussi. Tu ressortais tout heureux à chaque fois, des traces de rouge à lèvres sur les joues, faites par les jolies filles à qui tu offrais les ours en peluche que tu gagnais à chaque fois. Bon, toute cette drague, ça te fatigue. Tu balances le bâtonnet de la barbe à papa que tu viens de finir et tu doubles presque toute la file pour monter dans un des wagons de la grande roue, pouvant contenir trois autres personnes et tu attends sagement, assis en regardant tout autour de toi.

C'est comme si le ciel savait parfaitement ce qu'il me fallait pour penser à autre chose qu'au tracas de la vie. Une bonne fête foraine, à l'ancienne, pour se changer les idées et retomber en enfance. Il m'en faut peut pour me souvenir de celle qui s'arrêtait tous les ans dans ma ville de Grèce, et que j'y allais presque systématiquement accompagnée de Cèzanne. Cette fois, j'y vais seule, et je compte bien m'amuser comme avant. Me comporter comme la gamine que j'étais. Dès l'entrée, je reçois ma peluche, un petit chat tout mignon, avec des grands yeux. Je m'avance entre les manèges, ma peluche coincée sous le bras, et je regarde toutes ces lumières briller. Ces musiques qui s'envolent dans les airs. Les airs. La grande roue. Je la vois, elle se dresse devant, et je m'y dirige à grands pas. Rien de tel qu'un bon petit voyage vers les nuages pour respirer un nouvel oxygène. J'ai envie de ressentir le vertige et de voir Bristol d'en haut. Me sentir grande et petite à la fois. Alors, je grimpe à la suite d'un homme dans la première cabine qui passe et je m'assois sur le siège en face de lui, en lui faisant un sourire courtois. "Bonjour. J'espère qu'on va faire plus d'un tour." Je dis simplement, en posant ma peluche sur mes genoux. C'est vrai quoi. Ce serait une vraie arnaque s'ils faisaient tourner la roue une fois avant de faire descendre tout le monde. J'veux qu'ils nous fassent tourner la tête.

La tête qui tourne, qui valse. Les yeux qui s'embrouillent, qui danse, observant les différents manèges. Souvenir, flash-back, se rappeler, fermer les yeux, oublier. Les petites jambes tremblantes, elles te font avancer toujours plus loin dans la fête, Marguerite avancé droit devant elle. Où ? Elle en savait rien, la tête en l'air, les yeux à droite à gauche et les jambes qui avancent. C'est tous. Ces bras flottaient, légères sauf un, la main gauche qui tenait une petite peluche. Marguerite elle avait eu le droit à un rat pour peluche. Ou peut-être es-ce que c'était une souris ? Pour elle s'était un rat, un petit rat gris avec une crête jaune. C'était elle qui avait la peluche la plus cool de la fête. Puis tes yeux se posèrent sur la grande roue. Elle était grande, belle, et elle dominait la fête. Entre tes lèvres le joint se consumait, et tes yeux rapetissaient. Marguerite elle voulait rêver sur cette grande roue, se rappeler chaque petit détail d'avant, de son souvenir. Jetant la fin su le béton, le joint continua de fumer lentement sur le sol avant de se faire écraser par le pied de Marguerite. Elle marcha lentement pour aller prendre un ticket, une fois en main un petit sourire se fit voir sur ses lèvres. Rejoignant la cabine où se trouvait déjà deux personnes. Une personne que Marguerite ne connaissait pas et puis Cleore. Marguerite levant simplement les yeux vers elle lorsqu'elle fut assise. Marguerite finit par entrouvrir les lèvres pour laisser s'échapper quelques mots :" Salut. Prête pour un p'tit tour Cleore ?"