La trahison a un goût amer en bouche.  Un goût qu'on veut recracher, mais qui reste collé là.  Un peu comme des piments forts.  Je lis l'article du barman, il est là, entre mes mains, mais les mots ne semblent pas se suivre.  Rien ne fait de sens.  "Leur relation est restée cachée un moment avant que Zya ne quitte Nash"  Putain, mon frère qui ne me dit rien en plus.  "À présent, Zya a un copain mais elle n'hésite pas à draguer ouvertement Lucky, allant jusqu'à l'embrasser"  Comment le barman a-t-il su ça?  Je commence à serrer la feuille entre mes doigts, je sens la colère qui monte.  Cette trahison, elle a un goût absolument infect dans ma bouche.  " Zya espère secrètement coucher avec Andy"  Ça y est, mon coeur lâche.  Ce serrement, il m'étouffe et ce goût, je n'en peux plus.  Je déchire la feuille en deux et me lève d'un bond.  Oh surprise, je croise Nash.  Sans réfléchir je le bouscule contre le mur et continue de marcher directement vers la sortie.

Je me rappelle légèrement où Zya habite, mais c'est encore flou.  Toutes les fois où j'y suis allé, j'étais bourré.  Je me rappelle qu'elle n'a peut-être pas lu l'article en question.  Un sourire aux lèvres, je prends le premier article que je vois flotter lentement dans le vent et feuillette jusqu'à la page parlant de nous.  De eux.  Beurk.  J'arrive pas à y croire.  Je vois les appartements et repère aussitôt le sien.  Je me mets à marcher plus vite.  Arriver devant la porte, je sonne non stop.  J'appuie tellement fort que la sonnette se coince.  Je hausse les épaules et voit la porte s'ouvrir.  Malheureusement pour elle, c'est elle qui ouvre la porte.  Un sourire mauvais, les yeux remplient de larmes, je la fixe dans les yeux.  Je cherche le courage de tout balancer.

Finalement, je ne fais que lui balancer l'article en plein visage et crache : "Tu m'expliques bordel.  Et tu m'expliques ça maintenant!"  Je passe mes mains dans mes cheveux en soupirant bruyamment et serre mes poings en la fixant.

Elle m'énerve et elle fait exprès. Même si elle ne comprend pas ma réaction, elle prend ce que je lui ai lancé et elle lit. Je vois bien à son visage qu'elle comprend dans quelle merde elle est là. Je croise mes bras contre mon torse pendant qu'elle lit et je ne cesse de la fixer. Examinant chaque petite réaction de sa part. Elle referme la porte, sans prendre la peine de porter quelque chose de plus. "J'ai merdé..." Je ne peux me retenir de rire en la regardant. Je lève les yeux au sol et repasse une main dans mes cheveux tout en serrant ma mâchoire. "T'as pas seulement merdé Bella. T'as tout foiré. Tout et parfaitement!"

Je le vois à son visage que la culpabilité commence à prendre le dessus, lentement, mais sûrement. Je ne sais même pas comment réagir, moi. Et mon premier réflexe, est de l'analyser, comme je l'ai toujours fait. En espérant arriver à lire en elle comme à mon habitude. "Qu'est-ce que tu veux savoir? Le barman a déjà tout dit dans cette article." Une larme coule sur ma joue et je l'essuie aussitôt du revers de la main. Elle ose enfin me regarde et je revois ce masque. Ce putain de masque je déteste. Je déteste la personne qu'elle est lorsqu'elle joue ce jeu. "Le seul truc faux dans tout ça, c'est le fait que j'veuille coucher avec Andy."

Je serre à nouveau la mâchoire et j'essaie de me calmer. Mon coeur pompe à toute allure, je commence à voir tout noir. Je commence à véritablement enragé et moi-même, je n'aime pas ça. Zya espère secrètement coucher avec Andy. Ça rejoue dans ma tête. En boucle. Sans arrêt. Puis sans comprendre, j'explose. Je fous un énorme coup de poing dans le mur juste derrière elle. Elle sursaute un peu, mais j'espère qu'elle sait que jamais je ne lui ferais du mal.

Je parle enfin. Crachant ce morceau, crachant ce goût amer que j'ai dans la bouche, crachant ce pincement au coeur. "Tu vas arrêter de jouer avec moi. Tu vas arrêter de faire la pétasse qui n'en a rien à foutre des autres. Tu vas arrêter de me mentir et d'agir comme ça. Lâche ton putain de masque. Lâche la connasse que tu deviens quand tu sais que tes émotions prennent le dessus. Les émotions... c'est humain bordel! C'est normal d'avoir mal, c'est normal d'aimer à en avoir mal, c'est normal la culpabilité. T'as un coeur putain, t'es pas fait en pierre. Je la connais la vraie Zya. Je l'ai vu, je l'ai embrassée et même que je l'ai..." aimée. Mais j'arrive pas à sortir le mot. Je repasse mes mains dans mes cheveux et soupirant à nouveau, tournant sur moi-même.

Il faut que je me calme. Il le faut.

J'explose.  Je n'ai pas son talent.  Je n'arrive pas à camoufler mes sentiments comme elle le fait.  Je n'arrive pas à agir comme si rien ne m'affectait.  Je me suis toujours demandé comment elle faisait.  Pourquoi elle faisait.  Pourquoi cacher tant de choses alors qu'au fond, elle est merveilleuse?  Je déballe mon sac, je parle tellement que je n'ai plus de souffle.  Je suis au bout du rouleau, j'ai jeté mes poumons et même mon coeur avec toutes ces phrases.  Et au fond, elle semble s'en ficher tout autant.  Je termine ma phrase, essaie de reprendre mon souffle, mais ne serait-ce qu'une fraction de seconde après avoir terminé, elle se lance à mon collet en criant "La ferme... LA FERME!"  Accoté contre le mur, je la vois lâcher une larme et un mince sourire en coin fait son apparition à mes lèvres.  Le masque se fend.  Je le sais.  Sinon, il n'y aurait pas eu cette larme.  "Putain arrête!"

Elle semble prendre un peu de temps pour tout mettre en place.  Ce qui agrandit encore plus mon sourire.  "Arrête de croire que tu connais la vraie Zya, c'est des conneries!"  Je hausse un sourcil alors qu'elle se recule et croise à nouveau mes bras contre mon torse.  "Tu penses que tu me connais, mais c'est faux..."  Je le vois, dans ses yeux, la bataille.  Elle se bat, encore et toujours.  Elle s'est toujours battue, battue contre elle-même en croyant qu'elle n'était pas assez bien pour le monde.  "Arrête de vouloir constamment me sauver ou tenter de faire baisser mon masque comme tu dis."  Puis elle fronce les sourcils, elle est sur le point de lâcher une bombe.  "Si tu veux tant que je baisse ce foutu masque c'est peut-être parce que tu ne me prends pas comme je suis? Du coup, on devrait peut-être plus ce voir?"

J'ai l'impression qu'on me transperce malgré plusieurs protections mises.  Je m'étais juré de faire attention, de ne pas craquer, mais putain, elle termine sa dernière phrase et des larmes s'échappent.  Non, pas ma Bella.  J'essaie de trouver quelque chose à répondre, je fuis son regard, regarde n'importe où sauf dans ses yeux.  Qu'est-ce que je peux faire pour tout arrêter?  Arrêter cette dispute, ces sentiments stupides qui me font agir comme une chochotte ou encore ne serait-ce le temps.  Quelques secondes.  C'est tout ce que j'ai besoin.

Je replonge mon regard dans le sien, un sourire aux lèvres et je le vois dans son regard qu'elle se demande quel plan j'ai en tête.  "Tu sais... tu parles autant qu'une fille.  Tu cherches autant l'approbation qu'une fille.  Tu essaies de me mentir, mais je le vois, dans tes yeux, tu te bats.  Tu crois que personne ne le remarque.  Mais putain.  En toi, c'est un champ de bataille.  En toi, c'est comme une explosion aussitôt que tu sens que tu perds ne serait-ce qu'un minimum le contrôle."  Je réduis l'espace entre nous deux, mon sourire s'agrandissant au fur et à mesure que les mots glissent maladroitement d'une façon trop rapide de mes lèvres.  Je pose ma main contre sa joue et je sens que j'ai une dernière larme qui coule, mais celle-ci, je la laisse couler.  "Tu crois aux rêves.  Au fait qu'être parfaite, c'est tout ce que t'as besoin pour être heureuse.  T'es une rêveuse, tu rêves de mieux, de beaucoup mieux que maintenant.  Mais t'as pas besoin d'agir comme une garce pour l'obtenir."

J'approche mon visage du sien, maintenant armé d'un énorme sourire et dépose un baiser sur son nez d'une douceur qu'elle ne s'attendait probablement pas.  "Et si tu me dis que là, maintenant, tu veux que je m'en aille.  Je m'en irai.  J'te parlerai plus.  J'te laisserai tranquille.  Mais dis-toi que t'auras plus ton bébé Rodgers à saouler à la vodka et avec qui passer ces soirées de folie.  On est différent, très différent, mais je sais que c'est ce que t'aimes de moi."  Nos visages sont si près que je sens son souffle contre mon visage et puis moi, j'attends de voir sa réponse, sa réaction.

Je ne sais pas pourquoi je me calme aussi vite. Peut-être parce que je remarque qu'elle réalise avoir fait une gaffe? Peut-être parce qu'elle semble vraiment s'en vouloir? Elle ne le montre pas, mais son visage révèle tout. Elle panique à l'intérieur, je le vois et je déteste la faire sentir ainsi. Je réduis l'espace entre nous deux, me rapprochant lentement. Respirant plus doucement. Je ne peux pas me permettre d'exploser. Si j'explose, je risque de la perdre. Nous sommes maintenant si près que je sens son souffle contre moi. Ça me calme aussitôt parce que je sais que là, à ce moment précis, je contrôle la situation et même si elle déteste, elle sait qu'elle ne peut rien y faire. "Putain Lucky, je te comprend pas... J'veux dire t'es censé m'en vouloir à mort pour la connerie que j'ai fais, t'es censé me balancer à la figure plein de trucs méchants que tu penses ou que tu ne penses qu'à moitié. Comment ça se fait que se soit moi qui pique une crise alors que c'est toi qui devrait m'en vouloir, mais non encore une fois t'es là à sourire et à constamment revenir vers moi"

Je souris légèrement, lâchant même un petit rire au passage et secoue la tête. "Je t'en veux. Ça, pour t'en vouloir, je t'en veux à mort." Je prends une grande inspiration, sentant les larmes remontées alors que mon stupide cerveau se remet à lire l'article au complet en boucle. "N'importe qui aurait voulu cacher avoir sorti avec Nash Rodgers!" Je me mets à rire comme un imbécile parce que sincèrement, j'imagine mal Nash et Bella se coller et s'embrasser comme deux amoureux. L'image ne cadre juste pas. Je reprends mon calme et replonge mon regard dans le sien. "Et j'suis censé dire des trucs méchants? J'suis censé te dire que t'es une garce et que je te déteste? Pourquoi dire des choses que je vais regretter et que je ne pense pas? C'est stupide... est-ce que tu t'en rends seulement compte?" Je prends un pas de recul afin d'augmenter la distance entre nous. "Tu piques toujours des crises, j'suis habitué au fait. Et puis je reviens parce que je tiens à toi. Même si parfois t'es vraiment, mais vraiment chiante. T'es une fille. C'est normal!" Je lui fais un clin d'oeil en souriant et la regarde de haut en bas.

Elle n'a quasiment pas de vêtements, elle doit geler. J'enlève mon t-shirt et lui passe, espérant que ça la réchauffe un peu. "Tu dois te les geler..." Je me mets alors à piétiner un truc carrément invisible et qui n'existe pas. Bien sûr, il fallait que ce soit maintenant que je sois mal à l'aise. Après avoir piqué cette crise comme un con au lieu de parler. Je passe une main dans mes cheveux et attende qu'elle me parle. Putain. Dis un truc, n'importe quoi. Brise le silence... pour une fois.